La F1 laissera le choix aux pilotes, avant chaque course, de s’agenouiller ou non, comme la saison dernière. Ce qui est certain c’est que Lewis Hamilton, à l’origine de ce mouvement inspiré de Black Lives Matter, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Le pilote Mercedes « continue de s’éduquer » selon ses termes sur la cause de l’égalité et de la diversité, et cet engagement n’a donc cessé de se renforcer pendant l’hiver. C’est pourquoi à Bahreïn ce jeudi, il a expliqué la force renouvelée de ses convictions.
« Je ne peux pas ignorer le fait que l’année dernière a pesé lourd sur moi. »
« En vieillissant, je comprends mieux. Je pense que nous sommes tous passés par une phase éducative l’année dernière. Nous apprenons tous plus, il y a eu beaucoup plus de discussions, je regardais plus de documentaires, je lisais énormément plus en essayant de m’éduquer sur les choses qui se passent dans le monde. Et cela ne s’est pas arrêté pendant l’hiver. »
« Je me suis senti plus fort en ne restant pas silencieux, comme certains le voudraient. C’était vraiment bien de s’agenouiller à un niveau personnel, pour faire savoir à la communauté noire que je vous entends, que je vous vois et que je suis avec vous. »
Lewis Hamilton est ravi du virage sociétal pris par la F1 pour défendre des causes, comme l’égalité ou l’écologie, et c’est ce qui lui permet de rester motivé... et de ne pas prendre sa retraite.
« C’était important pour moi. Mais il y a tellement de choses que nous devons régler dans le monde entier et je ne peux pas tout régler, mais je veux aider. »
« Nous disposons d’une plateforme extraordinaire ici. Je pense que c’est formidable de voir les mesures que la Formule 1 prend, les mesures que Mercedes prend pour rendre ce sport plus diversifié. »
« J’ai l’intention de continuer à m’agenouiller parce que je pense que ce qui est vraiment important, c’est que lorsque de jeunes enfants regardent ce que nous faisons dans ce sport et qu’ils nous voient nous agenouiller, ils vont s’asseoir et demander à leurs parents ou à leurs enseignants : "Pourquoi font-ils cela ? Pourquoi s’agenouillent-ils ?". »
« Et cela déclenche une conversation inconfortable. Cela signifie que les parents doivent s’éduquer et que les enfants sont éduqués. »
« C’est un combat qui n’est pas gagné. C’est un combat qui va continuer pendant longtemps, j’en suis sûr. Mais je pense que nous sommes dans une bonne période où la conversation est saine. »
Mais est-il cohérent de s’engager pour les droits humains et de piloter dans le Royaume de Bahreïn ou de l’Arabie saoudite ? Ce n’est pas l’avis de plusieurs associations de droits humains qui ont écrit à Lewis Hamilton, pour lui demander de dénoncer publiquement les allégations de torture et de violation des droits humains contre les deux régimes sunnites.
Lewis Hamilton espérait d’ailleurs rencontrer le Prince héritier du Bahreïn l’an dernier, avant de contracter le coronavirus.
Qu’a-t-alors pensé de ces lettres ? Des droits humains à Bahreïn en général ? Va-t-il les dénoncer ?
« J’ai reçu ces lettres l’année dernière, qui m’ont beaucoup marqué. C’est la première fois que je recevais de telles lettres au cours de mes voyages. J’ai donc pris ces derniers mois pour essayer de m’éduquer, car en venant ici toutes ces années, je n’étais pas au courant de tous les détails des questions relatives aux droits de l’homme. »
« J’ai passé du temps à parler à des experts juridiques en matière de droits de l’homme, j’ai passé du temps à parler à des organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty. J’ai vu l’ambassadeur du Royaume-Uni ici à Bahreïn et j’ai parlé à des représentants de Bahreïn également. »
« Les mesures que j’ai prises l’ont été en privé et je pense que c’est la bonne façon de procéder, donc je ne veux pas trop en dire qui pourrait compromettre tout progrès. »
« C’est la position dans laquelle nous nous trouvons maintenant, mais je suis vraiment déterminé à aider de toutes les manières possibles. »
« Ce n’est pas en mon pouvoir de choisir où nous allons et où nous courons, mais je réfléchis juste à nouveau à la position puissante dans laquelle nous sommes en termes de responsabilité. »
Lewis Hamilton pense-t-il alors que les impératifs politiques doivent s’effacer devant les impératifs économiques de la F1 ? La F1 devrait-elle boycotter les dictatures, pour le dire en un mot ?
« Les droits de l’homme, je ne pense pas que cela doive être une question politique. Nous méritons tous des droits égaux. »
« Pour ce qui est de savoir si c’est la responsabilité de la F1, je ne sais pas si c’est à moi de le dire. »
« Mais comme je l’ai dit, je prends des mesures pour comprendre et je pense qu’en tant que sport, nous allons dans beaucoup d’endroits différents, nous visitons beaucoup de beaux pays et de cultures différentes et il y a des problèmes partout dans le monde. »
« Je ne pense pas que nous devrions aller dans ces pays, ignorer ce qui s’y passe, arriver, passer un bon moment et repartir. »