Fondateur de l’écurie portant son nom, et dont Aston Martin F1 est l’héritière, Eddie Jordan n’a pas pour autant la nostalgie de la F1. Le monde des paddocks a en effet trop changé pour lui, il est devenu trop lisse pour une personnalité aussi franche et parfois exubérante qui est la sienne.
Ainsi pour Jordan, l’ère des Ken Tyrrell, des Ron Dennis, est bel et bien refermée.
« Je ne veux pas être brutal, mais je ne reviendrais pas en F1. »
« C’est tellement différent. Pas mieux, pas pire, juste différent. Je pense que ça devient très corporate, institutionnalisé. Il faut juste un type de personne très qualifié, très compréhensif. »
« On ne voit pas vraiment le style de Ron Dennis, Frank Williams ou moi-même, ou de Ken Tyrrell, Jackie Stewart ou tous ces gens, y compris Tom Walkinshaw. »
« C’était, comme Bernie [Ecclestone, patron de longue date de la F1] une ère de ‘patrons propriétaires’, donc en d’autres termes, c’était votre argent qui était en danger. »
« Si Bernie vous payait, vous aviez assez d’argent pour continuer et s’il ne vous payait pas, en gros, vous souffriez. »
Certes, Jordan reconnaît que la F1 a fait de lui une meilleure personne : mais il reconnaît aussi qu’il est parfois ingérable, et que c’est d’ailleurs pour cela qu’un seul patron aurait pu le supporter, c’est-à-dire lui-même.
« La F1 a probablement fait de moi une meilleure personne d’une certaine manière, je suis plus confiant dans mes propres instincts et capacités, soit du point de vue de l’entreprise, soit du point de vue des relations avec les investisseurs, et je me sens très à l’aise. »
« Je ne suis qu’un jockey des affaires. C’est ce qui me pousse à aller plus loin. »
« J’aime, j’aime, j’aime la Formule 1, mais je ne me verrais pas là-dedans parce que je ne sais pas qui m’emploierait à part quelqu’un pour faire la promotion de quelque chose. »
« Chez Jordan, c’était un engagement total, je surveillais mon rythme cardiaque, je dirais, la plupart du temps. »
« La seule raison pour laquelle j’ai commencé avec Jordan, c’est parce que je n’étais pas employable ailleurs. »
« Donc, les seules personnes qui m’employaient, c’était moi-même. Je suis un peu amer là ! Mais le fait est que je n’aurais jamais obtenu un emploi pour diriger une équipe de Formule 1, même si je pense que j’aurais pu le faire. »
Au final, Jordan retire une certaine fierté du bilan de sa propre équipe en F1 – Frentzen avait notamment lutté un moment pour le titre en 1999… Même si l’argent, au milieu des années 2000, a fini par manquer dangereusement.
« Je ne veux pas accuser le manque d’argent [pour servir d’excuse] parce que nous avions un peu d’argent, mais je pense que nous avons été particulièrement performants. »
« J’ai apprécié le fait que personne ne me dise quoi faire. »
« Et c’est très démodé, n’est-ce pas ? Très vieux jeu. Mais je dois croire que c’était la bonne voie pour moi. »