Andy Stevenson est directeur sportif d’Aston Martin F1 et avec trois décennies d’expérience dans le sport, est l’une des figures parmi les plus connues du paddock. Il a même participé à la fondation de Jordan avec Eddie en son temps.
Mais concrètement, que fait un directeur sportif en F1 ? Cela dépend des équipes bien sûr.
Ancien chef des mécanos chez Jordan, Stevenson a lui gravi tous les échelons pour gérer l’opérationnel des Grands Prix ; et se plaindre à Michael Masi, le directeur de course de la FIA, quand il l’estime nécessaire…
Après 35 ans de carrière, Stevenson a vu les tâches des mécaniciens changer mais les compétences nécessaires presque identiques...
« Il y a plus de mécanos maintenant sur une voiture, il y a plus de personnes impliquées parce qu’il y a plus de spécialistes. »
« À l’époque, il fallait s’occuper de beaucoup de pièces de la voiture, alors qu’aujourd’hui, nous avons des gens qui sont plus spécialisés dans des domaines plus restreints, simplement parce que les choses sont plus compliquées, plus complexes, et qu’il faut plus de temps pour les assembler. »
« Mais les principes de base restent les mêmes ; un bon mécanicien aujourd’hui aurait été un bon mécanicien au début des années 90. Les compétences sont très similaires, les attitudes doivent l’être aussi. »
Pour Stevenson, l’éthique de travail que doit avoir tout mécano est aussi sensiblement parallèle : cela confine parfois à l’organisation militaire pour lui.
« Il faut vraiment prendre le travail au sérieux, tout en s’amusant beaucoup, car ce que vous construisez est une machine très rapide. »
« Ce que j’ai toujours fait et que je ferai toujours, c’est travailler très méthodiquement. »
« J’ai toujours eu une façon bien définie de construire la voiture, de sorte que vous pouvez toujours la faire fonctionner dans votre esprit, un peu comme si vous transformiez votre cerveau en ordinateur ; vous faites toujours tout de la même façon, de sorte que vous n’avez pas besoin d’y penser, puis vous pouvez toujours repasser dans votre esprit pour vérifier et vous le savez, parce que vous avez suivi le processus établi. Si vous ne suiviez pas ces processus, des signaux d’alarme sonneraient dans votre tête. »
« C’est amusant de dire cela, car on peut même mettre cela en pratique dans un arrêt aux stands. »
« Les arrêts aux stands sont plus rapides aujourd’hui, mais à mon époque, nous faisions le plein de carburant, mais nous changions toujours les roues et les pneus assez rapidement, et vous le faisiez toujours de manière méthodique. »
Enfin, alors que les mécanos se plaignent de plus en plus et à raison, de voir un calendrier à rallonge, passant à 23 courses l’an prochain, Stevenson relativise et adresse une certaine mise en garde : pour rester et être efficace en F1, il faut être surtout passionné.
« Cela ne sert absolument à rien de se présenter alors [dans un week-end de course] si ne vous sentez qu’à 80 %, ou si vous n’êtes intéressé qu’à 80 %... »
« Ce n’est bon pour personne, vous êtes dans la mauvaise profession. Vous devez aimer ce que vous faites. Si vous n’aimez plus ce que vous faites, je vous conseille de trouver autre chose. »
« Mais cela ne m’est certainement pas arrivé. Je vois beaucoup de gens autour de moi qui sont dans le même cas. C’est un travail incroyablement gratifiant. J’ai toujours l’excitation de voir que chaque fois que nous nous préparons à partir pour le prochain voyage, nous baissons la tête et nous repartons, ce qui est vraiment bien. »