Alors que le monde plonge dans la crise économique, la F1 se pose elle-même la question de son avenir. Plusieurs équipes sont dans la tourmente, et même McLaren a dû recevoir de l’argent frais en urgence de ses actionnaires.
Haas, l’une des plus petites structures de la F1, est directement exposée à ces vents contraires, en particulier puisqu’il s’agit de la seule équipe basée aux États-Unis, où la récession agit comme une déflagration sur le marché du travail.
Günther Steiner, le directeur d’écurie, a désormais fort à faire. Mais comme il l’a confié à The Race, il appelle aussi à dédramatiser la situation : ce qui arrive au monde est plus grave que ce qui arrive à la F1…
« Le monde est un peu dans la tourmente et nous devons prendre conscience que dans l’industrie du sport automobile, nous ne sommes pas essentiels à la vie - le monde peut vivre sans nous. Le monde serait-il meilleur sans nous ? Peut-être pas, car nous sommes un divertissement. »
« Nous devons nous regrouper et tirer le meilleur parti de ce moment difficile pour notre avenir, pas seulement pour la F1 mais pour le sport automobile en général. »
Si l’on évoque plus spécifiquement le sport auto justement, Günther Steiner, tout en louant la FIA et la FOM, mesure combien la situation est critique.
« Je pense que certaines petites séries et certaines petites équipes, dans des séries plus modestes, ne survivront pas à cela. Beaucoup d’entre elles devront réduire leurs activités et faire un pas en arrière [en courant à l’échelon inférieur], car les sponsors seront également touchés par cette situation. L’argent des sponsors sera moins important, l’argent que nous recevons dans le prize-money en F1 sera moins important - nous avons beaucoup de défis à relever. »
« Mais pour en venir aux points positifs, la FIA et la FOM ont travaillé très assidûment pour saisir cette occasion et rendre le sport un peu plus pérenne. »
En effet, en réaction à la crise, la FIA et la FOM font tout pour abaisser le montant des budgets plafonnés. Günther Steiner salue ces efforts, mais seront-ils suffisants ?
« Les propositions qui sont faites ne sont pas sorties de notre imagination, il n’est pas question de descendre à un budget de 40 millions d’euros, il s’agit toujours de grosses sommes d’argent et nous pouvons maintenir la technologie à un niveau élevé avec les sommes avancées. Nous devons juste nous adapter à la situation du monde, nous ne pouvons pas être coupés de l’écosystème mondial. »
« Pour l’instant, nous devons nous demander comment le sport peut être abordable. Notre revenu n’est pas égal à nos dépenses. Cela ne peut pas fonctionner à long terme, rien ne fonctionne pendant longtemps si vous ne pouvez pas le faire fonctionner commercialement. À un moment donné, les équipes doivent atteindre au moins le point mort. Quand tout va bien, nous continuons à ne pas penser à l’avenir, nous vivons simplement au jour le jour. »
Le directeur de Haas a d’ailleurs une autre idée pour faire quelques économies : arrêter les réunions présentielles à tout va !
« Regardez le peu de vols qu’il y a actuellement. Si je regarde en arrière et que je pense à tous les vols que j’ai pris… je fais maintenant la même chose en vidéoconférence. Et en plus, vous polluez l’air et vous passez du temps assis dans un avion. C’est un peu comme une simple réunion du Groupe stratégie, qui compte 20 à 25 personnes, elles pourraient toutes être assises depuis leur propre bureau. »