Daniel Ricciardo est peut-être le pilote ayant changé d’équipe qui connaît pour le moment le plus de difficultés d’adaptation : car là où Sebastian Vettel a trouvé la clef lors des deux derniers Grands Prix, là où Carlos Sainz et Sergio Pérez offrent de bonnes performances également, l’Australien patine encore : à Monaco, il a fini à un tour de son coéquipier Lando Norris et en Q2 à Bakou, il s’est crashé…
Cependant le pilote McLaren ne désespère pas : se confiant à la FOM, il a relativisé la situation dans laquelle il se trouvait.
« Je suis déjà passé par là, que ce soit à ce niveau ou non, que ce soit en F1 ou non. Naturellement, vous avez toujours des hauts et des bas. Je cesse d’être amoureux de ce sport au moins une fois par an ! Cela a toujours été le cas avec moi et ça continuera sûrement ainsi. »
« Mais ce qui est bien avec moi, c’est que je suis toujours capable de me réveiller le lundi matin, après une course difficile comme celle de Monaco, et de repartir de l’avant. Je serai triste si j’en ai besoin le dimanche soir, mais je me réveille le lundi matin avec une motivation nouvelle. Je me dis : "Ce sentiment négatif, je ne l’aime pas, que vais-je faire pour le changer ?". Je trouve définitivement une perspective d’avenir dans les mauvais jours. »
La MCL35M est-elle si différente de la Renault pilotée par Daniel Ricciardo ? C’est ce que l’Australien avait pu constater dès ses premiers tours de roue aux essais hivernaux à Barcelone...
« Quand j’ai conduit la voiture pour la première fois, je me suis dit ’OK, c’est autre chose’. Mais je ne me suis pas découragé pour autant. Je me suis juste dit ’Je vais devoir trouver une solution. Plus je fais de tours, plus ça viendra’. »
« La voiture est assez différente, il faut y travailler un peu plus, ça n’est pas venu jusqu’à présent juste en faisant des tours. J’ai dû adapter certaines choses dans mon style de pilotage. J’essaye toujours d’être au top de ça. Différent ne veut pas dire mauvais, cela veut dire dire ’j’ai du pain sur la planche’". »
Le nouveau règlement aérodynamique pour cette année, et notamment les modifications autour du fond plat, expliquent-ils ces difficultés d’adaptation ? Oui, et le manque de roulage en essais hivernaux et en essais libres (tous deux réduits) n’aide pas, poursuit Daniel Ricciardo...
« En discutant avec les autres pilotes, c’est un peu difficile pour tout le monde et peut-être que c’est amplifié à cause de mon changement d’équipe et aussi du caractère unique de cette voiture. Le manque de temps a été évoqué à Monaco au sein de l’équipe, et il y a eu une prise de conscience que OK, sur le plan du kilométrage, et avec des essais libres plus courts... Nous en sommes déjà à la 6e course, mais [avec un même temps de roulage] on en serait à la 2e ou 3e course dans une autre saison. »
« Sur le moment, quand on me dit ça, je réponds : "Tu essaies juste de me faire sentir bien", mais c’est vrai. Évidemment, vous voulez des résultats aujourd’hui, mais je ne m’emballe pas trop et finalement, nous ne sommes pas dans une saison où on joue le championnat cette année, donc qu’y a-t-il à perdre ? Peut-être une cinquième place, peut-être une huitième. Je préfère tout mettre en ordre et si l’année prochaine est une saison où nous nous battons pour un titre, alors je veux être au top pour cela. »
Daniel Ricciardo le confie donc : il ne lutte pas aujourd’hui pour le titre. S’il était resté chez Red Bull... qui sait ? Ne regrette-t-il pas son départ pour Renault en voyant aujourd’hui son ancien coéquipier Max Verstappen lutter pour le titre mondial, face à la Mercedes de Lewis Hamilton ?
« D’une certaine manière, je suis parti de Red Bull parce que j’avais peur de devenir complaisant avec moi-même. »
« J’étais tellement à l’aise dans l’équipe et familier avec tout le monde que j’avais peur de manquer des choses. Vous sortez définitivement de votre zone de confort en allant dans une nouvelle équipe. Cela demande un peu plus de travail et un peu plus d’énergie, mais je pense qu’avec le temps - et je suis évidemment engagé avec McLaren pour les prochaines années - cela devrait être payant. Que ce soit dans six mois, dans douze mois, je devrais être un pilote plus complet. »
Daniel Ricciardo n’est-il pas enfin jaloux ou trop envieux des performances de son pourtant plus jeune coéquipier Lando Norris, qui en est déjà à deux podiums cette année ?
« Honnêtement, c’est encourageant. Ça montre qu’il y a du rythme et que si j’y arrive, il y a des podiums possibles dans certaines courses, donc c’est encourageant. Je ne le vois pas comme un point négatif. Cela me donne envie d’être meilleur. J’ai toujours dit que je voulais voir si j’étais le meilleur, donc avoir un coéquipier fort va m’aider et cela montre aussi certaines de mes faiblesses. C’est là que je peux travailler et devenir un pilote encore plus complet. »
« Je ne le vois certainement pas comme une menace ou un point négatif - et je ne suis pas aigri. Mon rythme est juste quelque chose que je dois travailler. »