Des questions sont désormais posées sur la durée pendant laquelle Alpine conservera le soutien de Renault pour son programme en F1.
À Bahreïn, la dure réalité de la situation d’Alpine F1 avec voiture de 2024 est devenue claire.
"Il y a les quatre meilleures équipes, puis Aston Martin, le reste et ensuite Alpine," confirme le nouveau patron de l’équipe Haas F1, Ayao Komatsu, après l’ouverture de la saison.
"Nous pensions être à la lutte avec Alpine mais nous sommes finalement assez nettement devant, que ce soit sur un tour ou en rythme de course."
L’année dernière, au milieu de l’exode des cadres supérieurs d’Alpine, un quart de l’équipe a été vendu par Renault à des investisseurs - avec la présence de certaines célébrités et sportifs en tête de pont de l’accord. Il valorise l’équipe à environ 800 millions d’euros.
Pourtant, les perspectives pour 2024 ne s’annoncent pas très bonnes, notamment parce que le moteur Renault - qui n’est utilisé par aucune équipe cliente, ce qui exacerbe les coûts - serait responsable à lui seul d’une demi-seconde par tour de retard.
En 2023, un bruit circulait même dans les couloirs d’Enstone : des employés souhaitaient passer au moteur Mercedes en tant que client !
"Ensuite, j’ai dû expliquer que sans les moteurs Renault, il n’y aurait plus de projet, ni d’usine de châssis à Enstone," confirme le patron de l’équipe, Bruno Famin.
Renault a fait le choix de ne pas poursuivre devant la FIA un droit au développement, pour se concentrer sur son moteur 2026.
En attendant du mieux côté moteur, Pierre Gasly explique qu’Alpine a de nouveau des problèmes opérationnels plus importants qu’un simple retard de rythme, comme des arrêts aux stands particulièrement lents.
"Malheureusement, nous savons que c’est quelque chose sur lequel nous devons travailler. Cela m’a coûté 10 secondes," avait-il déclaré samedi après le GP de Bahreïn. "Nous savons que cela ne nous aurait pas donné de points, mais à l’avenir, ce sera important lorsque nous nous rapprocherons à nouveau des points."
Et ce week-end en Arabie Saoudite, les performances risquent également d’être désastreuses.
"Nous n’aurons aucun développement à Djeddah. Mais nous devons encore apprendre beaucoup de choses sur cette nouvelle voiture. Il y a des choses à peaufiner. Après cela, il n’y aura pas de révolution et nous devrons continuer à travailler étape par étape."
Dans le paddock de Bahreïn, il se disait que la situation désastreuse d’Alpine F1 pourrait désormais être l’occasion idéale pour Andretti-Cadillac d’entrer en F1, en rachetant une équipe et un programme moteur, en se passant donc de la bénédiction du sport pour devenir une onzième équipe.
En effet, si Andretti attend simplement jusqu’en 2028, comme le suggère la F1, un nouvel accord Concorde exigera probablement 600 millions de dollars ou plus simplement pour devenir la onzième équipe - en plus de tous les coûts d’infrastructure liés à un départ de zéro.
Reste à savoir quelle est la position de Luca de Meo, le PDG du groupe Renault, devant cette débâcle. Une vente d’Alpine F1 ne servirait en tout cas pas les intérêts de la marque, qui a construit sa renommée et son modèle de ventes sur la compétition. Même s’il venait à réussir, le programme WEC à lui seul n’aurait pas la médiatisation nécessaire pour soutenir les ventes.