Dans de récentes déclarations, Toto Wolff a laissé planer le doute sur la présence de Mercedes AMG en F1 pour l’après-2020. S’agit-il d’un simple bluff de la part du directeur d’écurie, afin de faire monter les enchères sur la prochaine renégociation des Accords Concorde ? C’est possible.
Mais il faut dire aussi que le groupe Daimler, dont dépend Mercedes F1, traverse une phase difficile qui pourrait le conduire à revoir certains de ses investissements – et l’investissement en F1 est un des plus coûteux. Le ralentissement du marché chinois, l’imposition de nouvelles normes anti-pollution par l’UE, l’électrification croissante du marché, posent autant de difficultés structurelles à Daimler.
Face aux embûches financières du groupe, son PDG, Ola Källenius, le successeur de Dieter Zetzsche, a présenté un sévère plan d’austérité, baptisé « regime fitness ». Le but est de réduire les coûts salariaux du groupe à hauteur de 1 milliard d’euros d’ici 2022. L’ensemble des économies devra se chiffrer à 1,65 milliard d’euros d’ici trois ans.
« Les dépenses nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de CO2 exigent des mesures globales » a déjà averti Ola Källenius, sans détailler où Daimler sabrera dans ses dépenses.
L’essentiel des restructurations devrait néanmoins toucher la branche automobile du groupe basée en Allemagne, et non le projet F1 basé principalement au Royaume-Uni.
Cependant Ola Källenius s’est aussi fendu de commentaires peu rassurants si l’on se place dans la peau d’un Lewis Hamilton ou d’un Toto Wolff…
« La tâche pour réduire les coûts fixes sera ardue. Réduire les dépenses d’investissement serait une solution facile pour gagner à court terme. Mais nous voulons aussi une croissance à long terme. Nous allons plus réfléchir là où nous mettons nos euros et nos centimes. »
Concrètement, les investissements seront maintenus au niveau de 2019 l’an prochain mais baisseront à partir de 2021.
Cela veut-il dire, à l’image de Renault, que le groupe Daimler pourrait procéder à une vaste revue de dépenses, incluant l’examen de la pertinence du projet F1 ?
Ola Kallenius a précisé par la suite sa pensée : et Toto Wolff peut apparemment souffler.
« Nous avons gagné le championnat six fois d’affilée. C’est unique, et cela a plus que rapporté sur le plan marketing. Donc la F1 doit être regardée comme un investissement qui aura franchement valu le coût. »
L’introduction des budgets plafonnés à partir de 2021, même avec leurs nombreuses exclusions, pourrait en défniitive servir d’argument décisif pour maintenir le projet F1. Mais ce qui est acquis, c’est que l’ère des dépenses somptuaires en F1 semble close au vu des nombreux autres investissements, notamment pour l’électrification, que devra consentir Daimler.
La situation budgétaire de Mercedes pourrait cependant donner du fil à retordre à Toto Wolff, dans la négociation du futur contrat de Lewis Hamilton. Le Britannique se verra-t-il proposer une substantielle hausse de salaire ?