En plus de Racing Point et Williams, Mercedes devra motoriser, à compter de 2021, une troisième écurie-cliente, McLaren. Est-ce pourtant le bon choix pour la firme à l’étoile ? Le motoriste ne risque-t-il pas de disperser ses ressources, et qui plus est en renforçant un concurrent sérieux dont il faudrait encore se méfier ?
« Une nouvelle ère va commencer en 2021, avec une grille resserrée, avec plus de compétition » a commencé par expliquer Toto Wolff, pour justifier la décision prise par Mercedes.
« Et nous pensons que du côté de l’unité de puissance, nous avons plus à apprendre en ayant davantage de clients compétitifs, en plus des deux que nous avons déjà. »
« Nous tenons McLaren en haute estime. Les progrès initiés par Zak Brown et Andreas Seidl semblent déjà très prometteurs. Donc les avantages l’emportent sur les points négatifs potentiels – car il s’agit de lutter contre un féroce compétiteur comme McLaren dans le futur. »
Quant à la possibilité de trop disperser les ressources de Mercedes, Toto Wolff se veut encore rassurant.
« Nous avons été toujours très stricts dès le départ : nous avons dit que nous voulions nous concentrer à 100 % sur notre équipe d’usine. Ensuite nous nous sommes un peu écartés de cette direction en fournissant Manor. Donc nous avions trois clients à une époque, et en fait, nous avons beaucoup appris avec, nous avons réalisé que c’était un avantage de fournir plus de moteurs. »
« Il y a peut-être une question logistique à régler, parce que tout le monde doit recevoir une unité de puissance en même temps. Mais il y a plus à gagner à l’avenir. »
« Et puis il y a une question financière. Les revenus à venir vont être utiles du côté de l’unité de puissance. Donc il y a beaucoup de pour. »
« Il y a un risque… Si McLaren fait un bon boulot, s’ils nous poussent dur, au point de devenir peut-être le point de référence... Alors, ce serait comme s’ils nous disaient ‘Ecoutez les gars, avec la même unité de puissance, vous ne faites pas un assez bon boulot’. Mais au vu de notre position aujourd’hui, après sept années passées dans cette ère hybride, nous sentons que nous sommes prêts pour cette étape. »
Est-ce éventuellement le prélude à un retrait de l’équipe Mercedes en tant que telle, pour que les ressources se concentrent uniquement sur l’association avec McLaren, comme du temps de Mika Hakkinen ?
« Nous sommes engagés depuis très longtemps en tant que motoriste. Et nous avons une méthode de travail qui a très bien fonctionné. Les deux possibilités ont toutes leurs avantages. Donc… pour éviter tout malentendu : non, nous n’en sommes pas au point où nous pourrions un peu prendre un pari, en disant que nous pourrions rester comme un fournisseur moteur, et non comme une équipe d’usine ; ce n’est pas ce que je dis. Nous apprécions beaucoup d’avoir une équipe d’usine. »
Formellement, Toto Wolff refuse donc de s’engager catégoriquement pour assurer l’inscription de Mercedes, en tant qu’équipe d’usine, sur le long terme en F1.
« Oui, il est important pour nous de dire que nous avons une équipe d’usine, que McLaren est une équipe cliente et que ce n’est pas le début d’une fourniture de moteurs à ce qui pourrait devenir à nouveau une équipe d’usine pour Mercedes. A l’heure actuelle, à la vue de ce que la Formule 1 souhaite pour 2021 et après, nous préférons poursuivre avec notre propre équipe. »