Trois jours d’essais hivernaux seulement, soit un jour et demi par pilote, n’est-ce pas là un total famélique pour bien se préparer à une nouvelle saison ? Ou bien au contraire, à l’ère des simulateurs ultra-perfectionnés, à l’ère aussi d’une fiabilité à toute épreuve, est-ce déjà… trop ?
Les avis divergent dans le paddock. Par exemple Fernando Alonso, chez Aston Martin F1, et qui arrive dans une nouvelle équipe, a déjà confié son sentiment d’injustice sur la question.
« La F1, c’est le seul sport au monde où vous faites un jour et demi d’entraînement... puis vous jouez un championnat du monde. C’est assez injuste » déclarait ainsi l’Espagnol… (avant le forfait de Lance Stroll).
Chez Mercedes, George Russell a lui appelé la FIA à autoriser le roulage avec deux voitures lors des essais hivernaux, sans augmenter le total de jours en piste.
Mais du côté de Red Bull, Christian Horner, le patron de Milton Keynes, ne voit pas le problème : pour lui, la fiabilité des voitures (déjà impressionnante ce jeudi matin pour les essais hivernaux) parle pour elle-même. Et puis de toute façon, le plus important est que toutes les équipes soient logées à la même enseigne.
« Trois jours, c’est assez large. »
« Regardez la fiabilité que nous avons eue ce jeudi matin. »
« Nous avons eu un drapeau rouge très tôt, qui a été rectifié assez rapidement. »
« Ces règlements sont assez stables, je veux dire, on pourrait même aller dans la direction inverse : quand vous regardez la fiabilité et ainsi de suite, vous pourriez presque dire qu’avec le nombre de courses que les promoteurs cherchent à fourrer maintenant... pourquoi ne pas faire deux jours d’essais hivernaux et aller courir ? »
Christian Horner plaide donc pour réduire les essais à deux jours - et cela pour le bien du spectacle.
« Si cela crée un plateau plus resserré en début de saison, est-ce une si mauvaise chose ? Et vous avez assez de temps dans l’année alors pour régler ça. »
« Avec le moteur actuel, avec le règlement actuel, je pense que trois jours, c’est large. Plus avec ce que nous avons discuté en commission sur les jours de tournage [plus de liberté a été donnée]… »
La stabilité du règlement plaide pour la réduction des essais hivernaux selon Christian Horner : cela veut dire aussi qu’en 2026, pour l’introduction d’un nouveau châssis et surtout d’une nouvelle unité de puissance avec 100 % de carburants renouvelables, Christian Horner souhaitera plus d’essais hivernaux.
« 2026 sera une perspective très différente parce qu’évidemment tout sera nouveau en termes de concept de moteur et de châssis. »
Frédéric Vasseur, du côté de Ferrari, se range lui à l’avis de son homologue de Red Bull.
« La saison est la continuité de la précédente. Je ne suis pas sûr qu’il soit judicieux de doubler le kilométrage pendant la période hivernale. »
« Peut-être que pour la nouvelle réglementation, nous reviendrons à quelque chose d’un peu plus robuste en termes d’essais pour préparer [pour] 2026 dans les meilleures conditions. Mais pour 2023, je pense que c’est bon. »
Toto Wolff en désaccord avec George Russell sur les deux F1
Même son d’accordéon chez Toto Wolff : le patron de Mercedes estime, contrairement à son pilote George Russell, qu’il n’est pas nécessaire de doubler le nombre de F1 en piste aux essais hivernaux.
« Nous avons un bon plan pour l’avenir, celui de rester là où nous sommes et peut-être d’ajouter un peu plus de flexibilité avec les jours de tournage. »
« Je ne pense pas que nous devrions augmenter les coûts en ayant simplement une deuxième voiture ou en faisant plus de jours. »
« Nous devrions donner aux jeunes pilotes un peu de temps dans la voiture, mais évidemment, ce n’est pas très facile. Donc si nous devions rester là où nous sommes, ce serait bien pour nous. »
Et chez les pilotes ?
L’avis des pilotes sera-t-il différent de celui de leurs patrons ?
Valtteri Bottas par exemple admet que « tout le monde aimerait plus rouler » chez les pilotes.
Mais est-ce bien nécessaire ?
« Si vous avez un test propre, d’un jour et demi, vous pouvez avoir une idée de la voiture, surtout s’il n’y a pas eu de changement massif des règles. »
« Avec les outils de simulation d’aujourd’hui, vous pouvez prédire beaucoup de choses en termes d’équilibre. Et la technologie des simulateurs aide aussi beaucoup. La corrélation déjà au début est assez bonne dans la plupart des cas, donc ça aide. C’est gérable, mais tout le monde aimerait en faire plus, c’est sûr. »
Bien évidemment, le son de cloche est différent chez le pilote de réserve Aston Martin F1, Felipe Drugovich, qui pourrait même débuter en Grand Prix cette année.
« Ce n’est pas suffisant, surtout si vous n’avez jamais couru en F1 auparavant. »