C’est la polémique et le champ de discussion, avant d’être peut-être le champ de bataille, du paddock pour le moment : la modification des règles au niveau du plancher l’an prochain, afin de limiter le marsouinage.
La FIA entend relever de 25 millimètres les bords du plancher. Un seuil jugé beaucoup trop haut par certaines équipes, dont en premier lieu Red Bull et Ferrari (mais pas Mercedes).
Un compromis pourrait se décider autour de 10 millimètres, mais cette mesure serait insuffisante selon la FIA pour limiter fortement le risque de marsouinage.
Or le temps presse déjà pour développer les F1 2023… alors qu’une décision aussi importante se fait toujours attendre.
Le directeur technique d’Alfa Romeo Jan Monchaux, met donc la pression sur la FIA : il est temps de trancher et vite !
« Il n’est pas encore trop tard, mais nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre quatre ou six semaines de plus. »
« Je préférerais que ces changements soient pour 2024 mais, s’ils sont pour 2023, je pense que maintenant, juste avant la pause estivale, c’est un peu le dernier moment acceptable. »
« Après, je suppose que la plupart des équipes seront à fond sur les développements des voitures de 2023 et un tel changement intrinsèque bouleverserait beaucoup de plans de développement. »
Monchaux précise que des enjeux financiers, douloureux pour Alfa Romeo, se rajoutent à ces considérations techniques et calendaires.
« Le problème, en tant que directeur technique, c’est que vous allez devoir dépenser des ressources que vous n’aviez pas prévu de consacrer à ce projet, parce que même si vous ne partez pas de rien, c’est une feuille blanche sur ce point. »
« Vous devrez donc faire plus d’efforts pour vous assurer que vous ne manquiez rien. Si c’est 25mm, ça va jouer un rôle. Donc c’est la chose qui est la plus douloureuse pour un directeur technique, parce que nous travaillons aussi avec le plafond des coûts. »
« Nous avons une vision sur la façon d’aborder stratégiquement les développements au cours des prochaines années et il est assez évident que nous avons besoin d’une certaine stabilité dans les règles. »
« Si tous les six mois, nous changeons les contraintes des limites, cela nous complique la vie. »
McLaren aussi trouve le changement trop tardif... mais le soutient
Equipe motorisée par Mercedes plutôt favorable à un tel changement, McLaren F1, elle aussi, estime pourtant que la FIA tarde trop à prendre sa décision.
C’est l’opinion relayée par le directeur technique de l’équipe, James Key.
« C’est à peu près aussi tardif que pour les éléments qu’il faut développer bien en amont, comme les boîtes de vitesses, par exemple, et ce genre de choses, qui commencent à mûrir assez fortement à cette époque de l’année. »
« C’est assez tard pour comprendre cela. Donc, oui, le plus tôt nous connaîtrons les chiffres définitifs, le mieux ce sera. Il y a eu évidemment des discussions sur la question du marsouinage et la FIA a soulevé la question du bien-être et de la sécurité des pilotes, ce qui est certainement la bonne approche. Nous avons donc soutenu cette démarche, on peut revenir en arrière sur la réglementation si ça concerne une question de sécurité. »
Key le martèle : ces changements sont plutôt structurels et nécessitent une décision d’urgence. Même si contrairement à ce que sous-entend parfois Red Bull, il ne faudra pas non plus repartir presque de zéro sur tous les plans…
« Le genre de choses qui ont été proposées... c’est suffisamment important pour qu’on doive y consacrer de nouvelles recherches. Tout ne va pas se transposer de la voiture 2022 à la voiture 2023 en termes de connaissances aérodynamiques. Il y aura quelques impacts sur des choses comme l’installation de l’unité de puissance et ce genre de choses. »
« Mais personnellement, je ne pense pas que ce soit un changement assez radical pour que l’on doive prendre du recul et se dire qu’il faut refaire la voiture maintenant, parce que toutes ces choses nécessitent quelque chose de différent. »
« Il y aura un fil conducteur similaire dans le développement de la voiture de l’an prochain à ce que nous avons appris cette année, mais il y aura un peu de recherches nouvelles basées sur des choses que nous avons déjà établies ou commencées à voir. La hauteur du plancher, par exemple, si elle change, elle sera globalement la même, juste un peu plus haute. Alors qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Plutôt que quelque chose de totalement inconnu… »
Ce changement ne serait-il pas injuste pour des équipes ne souffrant guère du marsouinage ? Mais James Key rappelle que McLaren est pour ce changement même en n’étant pas trop concernée par ce problème...
« Je sais qu’il y a eu une inquiétude de la part de certaines équipes. Mais, en tant qu’équipe qui n’a pas particulièrement souffert du marsouinage, nous sommes toujours en faveur de ce changement parce que nous pensons que c’est la bonne chose à faire. »