Sont-elles rivales ou complémentaires ? La F1 et la Formule E sont les deux cousines de la FIA, voire les sœurs ennemies du sport auto moderne. La F1 est-elle ainsi menacée à terme par la Formule E ? Ou en promouvant d’un côté l’hybride, de l’autre l’électrique, faut-il plus parler de collaboration que de confrontation ?
La thèse de la collaboration a pris de l’ampleur : Jean Todt, le président de la FIA, et Alejandro Agag (le fondateur et président de la FE), auraient eu une discussion (l’an dernier) sur la possibilité d’organiser des courses de F1 et de Formule E, sur le même week-end, lors d’un même Grand Prix (pour les saisons 2022 ou 2023).
Cette discussion fait suite à une idée émise par Agag lui-même. Et Jean Todt s’y serait montré réceptif à en croire la presse italienne.
« Quelque chose comme cela pourrait fonctionner, mais la Formule E doit également garder son propre visage futuriste. »
Du côté d’Agag, il apparaît que des investisseurs pousseraient pour que les ponts et synergies entre F1 et Formule E se multiplient à l’avenir. Agag confirme les discussions en cours, et son investissement personnel sur le sujet... même si certaines parties prenantes auraient changé d’avis.
« On parle beaucoup aujourd’hui d’un rapprochement entre la Formule 1 et la Formule E. Je fais pression pour cela, j’aime l’idée, c’est quelque chose que j’aimerais, mais pour l’instant, les parties prenantes ne vont pas dans ce sens. »
« Je continue donc à insister, à frapper à toutes les portes, et nous verrons si cela finit par arriver. »
« J’aime l’idée que les deux grands championnats collaborent. Pour l’instant, ce n’est pas le cas, mais nous verrons à l’avenir. »
Il faut encore trouver des circuits aptes à accueillir les deux séries très différentes. La piste de Mexico serait en pole position en la matière (avec un raccourci sur la piste pour les Formule E). Singapour et le Vietnam seraient aussi dans la course (deux épreuves urbaines, correspondant bien à l’ADN de la F1).
Autre difficulté : il faudrait changer les panneaux de sponsors entre autres, d’une piste à l’autre, même si des graphiques en réalité virtuelle pourraient être utilisés.
Pourtant les oppositions sont légion. Un directeur d’écurie non-nommé a confié à The Race que ce ne serait pas "envoyer le bon message au bon moment."
« Le championnat doit encore être entièrement distinct, se développer davantage par lui-même et être capable de faire ses preuves pendant quelques années encore. »
Jamie Reigle, directeur général de la Formule E, lui aussi a fait part de son scepticisme...
« La Formule E et la Formule 1 sont deux sports différents, chacun ayant un attrait distinct et des points de différenciation. »
« La course en ville est dans notre ADN et nous nous engageons à respecter cette particularité de la Formule E. Les environnements urbains sont un élément clé d’un avenir porté par les véhicules électriques et les solutions de mobilité durable. Pendant la pandémie, nous avons envisagé de nous éloigner du modèle de course en ville pour utiliser plutôt des pistes permanentes, mais si nous faisions cela, ce ne serait pas la Formule E. »
« Tant cette saison qu’à l’avenir, notre calendrier est susceptible de combiner des pistes urbaines emblématiques comme Rome et Monaco avec des configurations de circuit spécialement conçues dans des villes, comme Valence. »
Courir en ville à Singapour ou à Hanoï permettrait de dépasser les contradictions pointées par Reigle. Mais le chemin d’une collaboration entre les deux disciplines cachent aussi des rivalités commerciales et d’image qui ne seront pas simples à surmonter en un jour.