C’est une statistique qui peut interroger. Lors des 12 dernières courses, il y a presque toujours eu des pénalités sur la grille (sauf à 3 reprises). Que ce soit pour des pénalités moteurs, des pénalités pour erreur de pilotage, la grille d’une F1, le samedi, est rarement celle du dimanche.
Ne devrait-on pas réfléchir à rendre une grille de départ plus lisible ou compréhensible pour le téléspectateur ? Ou bien n’y a-t-il pas de meilleure solution ?
James Vowles, le patron de Williams F1, réfléchit à voix haute sur ce problème…
« La dernière pénalité, je crois, était Lewis avec une pénalité moteur. Mais avant cela, je pense que l’un des pilotes Alpine [Ocon] avait un problème différent. C’est intéressant, quand vous êtes dans une bataille aussi serrée à l’arrière de la grille, et que vous partez justement en fond de grille… vous jetez effectivement les dés pour essayer une configuration de réglages complètement différente, et c’est pour cela qu’ils prennent ces pénalités. Ils ne le font pas parce qu’ils veulent ajouter des composants techniques. Je sais que Lewis l’a fait, mais c’est une exception, et cela crée une dynamique très différente dans la course et plus d’apprentissage. »
« De ce point de vue, la course s’en trouve un peu plus perturbée ou mouvementée - plus que si les pilotes s’alignaient sur la grille dans l’ordre prévu. Je ne pense pas que ce soit nécessairement une mauvaise chose. Je pense qu’avec les pénalités moteur, nous ne sommes pas dans une mauvaise position maintenant. Avec les quatre unités de puissance sur la grille, on voit des voitures assez proches qui veulent toujours conserver leur position sur la grille. Le milieu de grille est si serré que si vous êtes à l’arrière, vous devez essayer quelque chose de différent. »
Pour Frédéric Vasseur, les pénalités sur la grille sont un élément stratégique élaboré dès le début d’année par les équipes. Il ne voit pas non plus d’urgence à bouleverser le règlement.
« Chaque cas est différent, mais si vous regardez maintenant, nous sommes à la 17e course du calendrier, et je ne suis pas sûr que beaucoup de pilotes aient pris des pénalités juste pour le confort ou pour l’intérêt de la performance pour l’avenir. Nous sommes tous sur la bonne voie pour faire la saison avec quatre moteurs. Nous n’y parviendrons peut-être pas, mais c’est la bonne limite. Maintenant, vous avez la décision de partir des stands pour le confort ou la performance, etc. Mais je pense que c’est marginal. »
« Sur l’ensemble de la saison, nous n’avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent. Peut-être que c’était plus la coïncidence de la piste, à cause des accidents. Et donc dans chaque cas, c’est très différent. Je pense que certains incidents sont dus à des crashs, d’autres à des moteurs. Mais nous sommes à la limite. Et non, ce n’est pas un drame pour moi. »
La mise en place des budgets plafonnés pour les V6 ne devrait-elle pas cependant conduire à annuler les pénalités sur la grille, en cas de changements de pièces sur une unité de puissance ? Après tout, une équipe serait déjà pénalisée financièrement en dépassant le quota...
James Vowles livre son éclairage sur la question...
« Il s’agit de deux choses différentes, à mon avis. Vous avez donc raison, le plafond budgétaire sur le moteur est une bonne chose. C’est plus viable que par le passé. Pour être clair, leur flux de revenus est très mineur, mais cela permet de contrôler les dépenses à cet égard. »
« Mais je pense qu’en 2026... Vous voulez que les motoristes continuent à viser un moteur fiable. Il ne faut pas se contenter de lancer des moteurs sur la grille, car les équipes qui en disposent souffriront toujours en termes de dépenses. C’est ce qu’elles recherchent de toute façon. Donc, à mon avis, le fait d’avoir des pénalités en place avec un nombre raisonnable d’unités pour l’année est en fait l’objectif que toute équipe veut atteindre de toute façon. »
Frédéric Vasseur, qui dirige une équipe étant sa propre motoriste, apporte enfin une objection appréciable au sujet.
« Je ne suis pas sûr de comprendre la question car le règlement financier concerne le motoriste et la pénalité concerne l’équipe. Pour Mercedes, par exemple, ou pour nous, il s’agirait d’un règlement financier pour Ferrari et d’une pénalité pour nous. Je ne suis pas sûr que nous puissions faire la confusion. »