Les budgets plafonnés entreront en vigueur officiellement l’an prochain, avec un montant fixé à 145 millions de dollars, hors exceptions (salaire des pilotes, dépenses marketing, budget moteur…). Cependant pour les top-teams, Red Bull, Ferrari et Mercedes, cela demandera des efforts d’adaptation considérables, car il s’agira de diviser le budget de moitié…
Comment faire cela en quelques mois, alors que le budget de Mercedes par exemple, a encore progressé l’an dernier ?
La F1 a alors autorisé… des concessions, pour un atterrissage en douceur. Autrement dit, les équipes pourront peu à peu réduire leur budget pour atteindre le plafond, jusqu’à juin l’an prochain.
N’est-ce pas contre l’esprit du règlement ? Mattia Binotto, interrogé en conférence de presse au Mugello, en a dit plus sur ce mécanisme de soft landing… en évoquant son aspect social.
« Il est évident qu’en tant que Ferrari, lorsque nous avons discuté de la réduction du plafond budgétaire, nous avons beaucoup insisté sur le fait que le nouveau chiffre, le nouveau plafond budgétaire, aurait signifié une réduction importante en termes d’organisations et de membres des équipes. Nous avons dit que nous ressentions une responsabilité sociale très forte et que nous pensions que c’était en quelque sorte une mauvaise décision envers les gens, parce que c’est une période comme celle-ci - pandémie, COVID - où les gens perdent leur emploi. »
« Nous avons donc simplement demandé un atterrissage en douceur - c’est à nous de le demander et de l’obtenir - un mécanisme d’atterrissage en douceur où nous avions le temps, en tant qu’entreprise, de réaffecter les gens à d’autres emplois au sein de notre société. Cela nous a simplement donné six mois - je dois être honnête, nous avons demandé un peu plus, mais c’était le compromis - nous avons six mois d’ici la fin de l’année pour réaffecter les gens à d’autres emplois. »
Du côté de Red Bull, Christian Horner adresse une petite pique : le soft landing, c’est surtout un avantage pour Ferrari, et une nécessité compte tenu du droit du travail italien !
« Je pense que le mécanisme dont vous parlez visait principalement à accommoder Ferrari, en particulier, avec ses lois du travail, mais je pense que ce que nous constatons en approfondissant inévitablement ces règlements c’est que, bien sûr, ils ont un effet beaucoup plus important sur les trois premières équipes que pour les équipes qui fonctionnent déjà en dessous du plafond. Mais vous savez ce qui a été passionnant pour nous, c’est d’examiner les projets qui seront bientôt annoncés et que nous avons gagnés avec des clients externes où nous allons prendre en charge différents travaux et différents flux de travail dans différentes catégories. »
Chez Red Bull, on prépare donc aussi, comme à Maranello, une ré-allocation des employés...
« Nous avons évidemment conçu la voiture Valkyrie au cours des quatre dernières années et nous examinons d’autres options pour utiliser les compétences et le talent acquis en Formule 1 dans d’autres projets. Il est évident que ces règlements ont un impact fondamental sur les équipes et, bien sûr, ce coussin, pour ainsi dire, pour 2021, offre un atterrissage en douceur, en particulier pour Ferrari qui a tant insisté pour l’obtenir. »
Du côté des équipes de milieu de grille, ne peut-on pas râler contre cette concession faite aux écuries de pointe ?
Franz Tost, bien sûr lié à Christian Horner et Red Bull, reste très mesuré...
« Bien sûr, c’est un petit avantage car les écuries de pointe peuvent garder les gens plus longtemps, mais nous ne devons pas oublier que ces trois équipes ont construit une infrastructure fantastique ces dernières années et maintenant, en raison du plafond des coûts, elles doivent changer de nombreux processus dans ce domaine et donc je pense que c’est un compromis très juste, je suis un partisan de ce projet. »
Mais même chez Frédéric Vasseur, du côté d’Alfa Romeo, on préfère voir à long terme sur l’effet de ce règlement.
« Oui, la réduction des coûts et le règlement financier auront un impact énorme sur les équipes de pointe et je pense que nous n’avons pas besoin de nous concentrer sur les six premiers mois et sur ce qui se passera au cours des six premiers mois, parce que le règlement sera en place pendant au moins les cinq prochaines années. Ce serait une erreur de se concentrer uniquement sur ce qui pourrait se passer en janvier ou février. Je pense que l’impact est énorme pour eux. Ils ont fait un gros effort, également sur ce point et je pense que c’est une situation normale. »