Ferrari envisagerait de quitter la Formule 1 si le plafond budgétaire à venir continue d’être abaissé.
C’est ce que le directeur de la Scuderia, Mattia Binotto, indique au Guardian, alors que les équipes ont déjà accepté de ramener le plafond initial de 175 millions de dollars à un montant de l’ordre de 145 millions de dollars.
Cependant, un groupe d’équipes dirigées par McLaren fait pression pour que ce montant soit réduit encore plus, jusqu’à 100 millions de dollars. Binotto maintient que c’est intenable pour Ferrari.
"Le niveau de 145 millions de dollars est déjà une baisse exigeante par rapport à ce qui avait été établi en juin dernier. Chez Ferrari, il ne peut être atteint sans de nouveaux sacrifices importants, notamment en termes de ressources humaines. S’il devait descendre encore plus bas, nous ne voudrions pas être obligés de chercher d’autres options pour déployer notre ADN dans le sport automobile," lance-t-il.
Soit en clair se passer de la Formule 1 pour s’engager ailleurs. Ce n’est pas la première fois que Ferrari menace de quitter le sport. Mais Binotto se défend d’avoir des œillères, même dans le contexte actuel.
"Nous sommes bien conscients que la F1 et le monde entier traversent actuellement une période particulièrement difficile à cause de la pandémie de Covid-19. Cependant, ce n’est pas le moment de réagir à la hâte car il y a un risque de prendre des décisions à la hâte sans en évaluer clairement toutes les conséquences," explique l’Italien.
"En F1, nous avons toutes sortes d’équipes aux caractéristiques différentes. Ils opèrent dans différents pays, sous différentes législations et avec leurs propres méthodes de travail. Par conséquent, il n’est pas simple et direct d’apporter des modifications structurelles simplement en réduisant les coûts de manière linéaire."
"Ensuite, la F1 doit être le summum du sport automobile en termes de technologie et de performances. Elle doit être attractive pour les constructeurs automobiles et les sponsors qui souhaitent être liés à cette catégorie, la plus prestigieuse. Si nous limitons les coûts de manière excessive, nous courons le risque de réduire considérablement le niveau de la F1, en le rapprochant toujours plus des formules inférieures."
La FIA souhaite descendre le budget maximum à 130 millions d’ici 2022, en deux étapes. C’est encore trop bas pour Ferrari, qui pousse pour que les grandes équipes aient un budget supérieur puisqu’elles développent des pièces vendues à d’autres équipes.
Clairement agacée, la Scuderia propose maintenant de soutenir la proposition de Red Bull d’instaurer des voitures clientes pour les petites équipes qui en auraient besoin, le temps de traverser la crise.
"Si l’urgence actuelle mettait vraiment en doute l’existence de certains de nos concurrents dans ce sport et rendait nécessaire de réviser certaines pierres angulaires, alors Ferrari y serait ouverte. Ce n’est même pas un sacrilège, étant donné que cela s’est déjà produit en F1 et se produit aujourd’hui dans des séries comme le MotoGP."
Mise à jour : Un porte-parole de Ferrari a souhaité faire savoir, pour clarifier, que Binotto n’avait pas émis une menace de départ "directe" dans ses propos mais bien que la Scuderia ne voulait pas se retrouver à considérer son avenir dans la compétition puisque des centaines d’emplois seraient menacés par un plafond budgétaire trop bas.