Ferrari doit faire de petits pas "dans chaque domaine" si elle veut finalement déloger Red Bull Racing de son piédestal en Formule 1, selon le patron de l’équipe, Frédéric Vasseur.
Red Bull a dominé la saison jusqu’à présent, remportant les 12 Grands Prix, et pourrait décrocher le titre des constructeurs cette année dès la manche de Singapour le mois prochain.
Ferrari occupe la quatrième place du classement de cette année avec trois podiums, dont deux lors des quatre dernières courses, après avoir commencé la campagne du mauvais pied.
"Je ne suis pas sûr qu’ils aient un domaine dans lequel ils soient bien meilleurs que tout le monde," nous confie Vasseur avant le Grand Prix des Pays-Bas de ce week-end.
"Nous avons déjà eu cette discussion, ce n’est pas une blague, ce n’est pas une question de concept ou quelque chose comme ça, je pense qu’ils sont performants dans tous les piliers de la performance : pilotes, châssis, moteur, aérodynamique, suspension, stratégie, et c’est pourquoi nous devons nous améliorer."
"Je pense que ce serait une erreur de penser : ’d’accord, ils sont bien meilleurs que nous dans ce domaine, allons-y à fond dans ce domaine’."
"Nous devons essayer de tirer le meilleur parti de ce que nous avons dans chaque domaine et faire de petits pas partout. Nous parlons de 0,2 seconde et ce n’est pas 0,2s en aéro, je pense que c’est plutôt cent fois 0,002s ou 10 fois 0,02s un peu partout."
Mercedes F1, 2e du championnat, sera plus difficile à aller chercher cependant.
"Il y a un énorme écart avec Mercedes en termes de points, mais quand j’analyse la première moitié de saison, nous avons raté vraiment beaucoup trop d’opportunités. Nous devons être beaucoup plus opportunistes sur cette deuxième moitié de saison."
"Mais oui, nous avons besoin de quelque chose d’un peu spécial si nous voulons battre Mercedes pour la 2e place. Le plus important, selon moi, est de rattraper Mercedes en termes de rythme de course."
Vasseur a aussi évoqué les nouveaux visages qui devraient arriver chez Ferrari, dont Loïc Serra, le responsable de la performance de Mercedes F1. Et même si les longueurs des contrats empêchent des dates de début plus précoces est frustrant, cela ne signifie pas que les ambitions de titre de l’équipe doivent être réajustées.
"Nous avons certaines personnes qui nous rejoindront dans quelques mois, d’autres commenceront chez Ferrari le 1er janvier de l’année prochaine, d’autres le 1er juillet de l’année prochaine et certaines commenceront au début de 2025."
"C’est un processus à très long terme et, d’une certaine manière, c’est un peu frustrant car on a le sentiment que les résultats de notre travail ne seront là que dans deux ou trois ans."
"Mais d’un autre côté, si vous ne démarrez pas ce processus, vous n’arriverez jamais à son terme. Je n’accepterai jamais que nous devions attendre que ces gars-là arrivent parce que je fais aussi confiance aux gars que nous avons dans l’équipe."
"Nous faisons donc de bons progrès avec le recrutement, mais nous ne vous donnerons jamais de noms avant de tout finaliser et avant de conclure un accord avec l’équipe actuelle de la personne en question. Il est important de garder cela confidentiel et de travailler de bonne foi, avec la bonne approche. Je ne veux pas compromettre quoi que ce soit, mais vous aurez bientôt des annonces."
"Donc, nous devons nous améliorer sur le plan du personnel mais nous pouvons aussi faire un meilleur travail avec ce que nous avons aujourd’hui, nous devons donc nous concentrer sur la tentative de tirer le meilleur parti de ce que nous avons : c’est le prochain défi et je suis sûr que nous avons beaucoup de choses à faire, de marge d’amélioration, compte tenu de la situation actuelle."
"Je ne veux reporter aucun objectif, car ce serait un mauvais message, une mauvaise motivation et, en fin de compte, c’est un processus sans fin parce que ce n’est pas parce que nous avons trois, cinq ou 10 personnes dans les 18 prochains mois que nous allons complètement changer la philosophie et le potentiel de l’équipe."
Vasseur a également déclaré que le plafond des coûts a un impact sur le niveau de recrutement, seuls les pilotes et les trois membres du personnel les mieux payés de l’équipe étant exemptés.
"C’est comme si nous étions tous sur le même type de contrat. On sait qu’on a beaucoup d’inertie sur le recrutement et aussi qu’il y a le plafonnement des coûts. Cela veut dire qu’on ne peut pas recruter uniquement sur la base du salaire et cela va augmenter le salaire et avec le plafonnement des coûts, ce sera un cauchemar."
"Cela signifie que nous devons être efficaces avec l’exigence de choisir les bonnes personnes, de prendre le temps de comprendre où nous sommes faibles, où nous devons nous améliorer et de choisir les bonnes personnes pour le bon projet car le sujet principal reste de réussir le projet avec les personnes que vous recrutez."
Ferrari a eu une saison faite de hauts et de bas mais Vasseur s’est dit satisfait de la réaction de son équipe face à un début d’année difficile et est convaincu qu’elle s’améliorera en 2024.
"Tout le monde pousse dans la même direction. En termes de performances par rapport à Aston Martin par exemple, à Djeddah [lors de la deuxième course de la saison], ils étaient beaucoup plus vite que nous, mais maintenant nous sommes généralement devant eux."
"La réaction a été bonne, mais le plus important, c’est que l’esprit de l’équipe était bon. Nous devons poursuivre le développement dans cet état d’esprit et éviter les conflits internes."
Pour 2024 enfin, Vasseur révèle que Ferrari poursuivait une direction de conception différente sur sa F1 de la saison prochaine.
"La voiture 2024 est un projet différent et même s’il y a des transferts d’une voiture à l’autre, les projets sont complètement différents."