Depuis 2014, aucun championnat, pilotes ou constructeurs, n’a échappé à Mercedes. Le record absolu de Ferrari (6 titres constructeurs entre 1999 et 2004) est en vue pour les Flèches d’Argent… Dans ce succès considérable, un pilote a pris davantage de part que d’autres : Lewis Hamilton.
L’ancien protégé de Ron Dennis a rejoint Mercedes en 2013 (l’écurie allemande avait alors fini à la 2e place du classement des constructeurs, derrière Red Bull). Même si Toto Wolff n’a pas directement recruté Lewis Hamilton (Niki Lauda y fut pour beaucoup), la relation entre les deux hommes est aujourd’hui quasiment idyllique.
Dans une longue interview à la BBC, le directeur de Mercedes F1 a expliqué, selon lui, pourquoi Lewis Hamilton était aujourd’hui la référence du plateau.
« Lewis a joué un grand rôle dans le succès de Mercedes. Il ne cesse de rechercher plus de performance. Il est très critique vis-à-vis de lui-même. Il est le seul pilote à arriver à un debrief en disant ‘Ne regardez pas les données, parce que je n’ai pas assez bien piloté’. Et c’est un quintuple champion du monde qui le dit. »
« Il cherche incessamment à progresser. Et son honnêteté brutale envers lui-même, sa transparence dont il fait preuve envers notre équipe pour surmonter ses erreurs et ses défauts, tout cela est vraiment typique de Lewis, de son état d’esprit – et de celui de l’équipe. »
Le Lewis Hamilton de 2013 n’est pourtant pas celui de 2019. Avec l’âge, le pilote Mercedes paraît plus posé, plus serein et sûr de lui. Il a récemment assumé des responsabilités accrues au sein du GPDA dans la définition du prochain règlement 2021, pour preuve de son implication accrue dans la politique interne à la F1.
Un autre point de sa vie personnelle fait encore débat, en dépit de tous ces résultats irréprochables : Lewis Hamilton est un homme de la « jet-set » ; deux jours avant le Grand Prix de France, il était par exemple à Paris, au Grand Palais, pour le défilé organisé en hommage à Karl Lagerfeld.
Toto Wolff assume totalement de donner la liberté qu’il convient à son pilote – et les résultats lui donnent raison.
« Le plus important, c’est de reconnaître que nous sommes tous des individus différents, et que nous avons besoin de différents cadres de travail pour bien performer. Lewis, c’est quelqu’un qui a besoin de poursuivre d’autres ambitions, d’autres champs d’intérêt. Et plutôt que de mettre quelqu’un dans une case et de dire ‘Voici comment doit se comporter un pilote de course, il faut être à l’heure, éviter un jet-lag avant une course, ne pas enregistrer un disque la nuit, mais dormir’, j’ai réalisé très tôt qu’il fallait lui donner la liberté de suivre ses autres champs d’intérêt. Nous avons donc pu extraire plus de performance de lui, sur la piste. »
« J’ai le sentiment qu’il doit déconnecter son esprit de la course auto. S’il peut le faire dans un défilé de mode qui l’excite, sur une piste de ski, dans un studio, alors, il revient plus fort, avec plus d’énergie. »
« J’ai réalisé, dans mes rôles précédents, que vous deviez pouvoir accepter que nous fonctionnons tous d’une différente manière. Et parfois, les personnes les plus créatives, celles qui peuvent surperformer, performent à une altitude différente, ou vivent une vie différente. Et il faut juste être capable de l’accepter, de faire avec. »
« Au rugby, les génies qui marquent les essais, sont ceux qui parfois ne sont pas faciles à intégrer dans des structures plus cadrées. Lewis, nous l’adorons tel qu’il est, et il est clairement un athlète incroyable. Nous avons pu l’intégrer dans notre organisation. Et il a été capable de nous inspirer, et de nous porter avec lui. »