Pierre Gasly aura en partie gagné la course, hier en Italie, à la faveur d’un premier arrêt anticipé. Normalement, changer de pneus juste avant l’entrée en piste d’une voiture de sécurité est le pire choix possible. Mais en réalité, puisque la pitlane était fermée, Pierre Gasly a en réalité gagné gros dans cette affaire inhabituelle, pour pointer au 3e rang au restart (Lewis Hamilton devant observer sa pénalité ensuite).
Qu’a-t-il pensé sur le coup, quand il a vu la voiture de sécurité arriver ?
« J’ai vu la voiture de sécurité, je suis arrivé à la radio et je me suis dit : "C’est une blague ? On est juste rentrés exactement au pire moment possible". Ils m’ont juste dit "OK, l’entrée des stands est fermée", c’est ce qui s’est passé, et à la fin, c’était un coup de chance. Il n’y avait aucune chance pour planifier cela avant la course. »
« Je pense qu’aujourd’hui nous avons eu une petite étoile avec nous, un petit ange, disons, qui s’est occupé de nous et évidemment nous avons eu beaucoup de chance sur ce coup-là et après évidemment, il restait trente tours à faire qui étaient très difficiles mais c’était clairement un tournant. »
L’autre grand moment de la course, ce furent les tout derniers tours, où Carlos Sainz a imposé une pression si marquée sur l’AlphaTauri. Le pilote normand n’a commis aucune erreur en gérant l’écart, mais que ce fut intense ! Il a raconté sa résistance au volant...
« Je savais que plus Carlos se rapprochait, plus il était dans l’aspiration, donc je savais qu’il commencerait à être à quatre secondes, puis à trois secondes. Il allait donc se rapprocher de plus en plus. J’ai essayé de pousser le plus fort possible dans les virages avec les pneus, ce qui signifie évidemment que vous avez plus de dégradation mais c’était ma seule façon de faire un bon chrono. Les derniers tours, j’ai eu de grands, grands moments intenses dans Lesmo, et Ascari, en essayant de tout donner parce que je pouvais le voir devenir de plus en plus grand dans mes rétroviseurs. Je savais que j’avais beaucoup de mal avec la motricité dans le premier virage. »
« Donc, il y avait un endroit où il pouvait essayer de dépasser, c’était soit la première chicane DRS, soit la deuxième chicane, mais j’ai essayé de... oui j’ai vu qu’il ne s’approchait pas de plus en plus et une fois qu’il est arrivé à 1,5s, sauf pour ce dernier tour, j’ai réussi à économiser l’énergie, juste pour pouvoir me défendre au cas où il essaierait quelque chose. Et oui, nous l’avons gardé derrière mais heureusement la course n’a pas duré plus longtemps car avec ce pneu Medium, je pense qu’il ne me restait plus de gomme à la fin. C’était donc le bon moment pour finir la course. »
Pierre Gasly est enfin resté de longs moments sur le podium ; il savourait l’instant, flottant sur son petit nuage... Quel dommage qu’il n’y avait pas les tifosi à ce moment, pour cause de coronavirus ! Et le Normand, qui pilote pour une équipe italienne, est le premier à le déplorer.
« Je ne voulais pas partir, parce que ce genre de moments... On ne sait jamais combien de fois on va pouvoir profiter de ce genre de moments. J’aurais aimé que nous puissions avoir tous les tifosi et toutes les tribunes pleines de monde, parce que c’est probablement l’une des meilleures courses pour être sur le podium, juste là. Évidemment, le style de 2020 est un peu différent, mais je voulais néanmoins m’asseoir et prendre un moment pour moi afin de passer en revue les pensées qui me traversent l’esprit et profiter de ce moment. »