Le futur de Haas en F1 a pu être souvent questionné : le désengagement financier de Gene Haas, le propriétaire de l’équipe, semble palpable, puisque la voiture n’évoluera pas en cours de saison 2021, comme l’an dernier.
Pour autant Gene Haas trouve toujours que la F1 fait sens. Dans une interview pour Racer, il a rappelé qu’avec les budgets plafonnés et la redistribution des revenus, être en F1 redevenait soutenable pour son équipe. Un succès certainement pour la FOM et le bilan de Chase Carey également…
« Nous avons beaucoup de choses qui vont changer en 2022 et 2023, donc nous sommes en mode attente en disant : voyons ce que nous allons faire. Mais nous sommes aussi très stables financièrement. Je n’ai pas eu à hypothéquer mes bâtiments [comme McLaren, ndlr], ou quoi que ce soit d’autre. Nous ne faisons pas comme certaines autres équipes qui hypothèquent tout ce qu’elles ont pour aller courir. Nous fonctionnons simplement avec l’argent et les budgets dont nous disposons, et nous pouvons le faire avec beaucoup de succès. Cela nous garantit donc que nous serons au moins là pour les cinq prochaines années. »
La puissance marketing de la F1 demeure aussi intacte, souligne Gene Haas...
« C’est un business formidable, d’un point de vue commercial, car il n’y a pas d’autre sport comme la Formule 1, et il y a beaucoup d’excitation. Nous avons amené beaucoup de clients sur les courses, et j’espère que la Formule 1 pourra continuer à apporter ce genre de prestige et d’excitation aux courses, parce que, soyons réalistes, le sport occupe une place importante dans la vie de beaucoup de gens. La course automobile existe depuis environ 120 ans, donc je pense que c’est quelque chose que j’aimerais voir continuer, et je veux certainement en faire partie. »
La solution sportive mais aussi financière choisie par Haas depuis le début est de se rapprocher de l’orbite de Ferrari. Un bâtiment accueillant des ingénieurs de Haas est même construit à Maranello. Gene Haas assume-t-il ce statut d’équipe satellite ?
« Une équipe satellite ? Oui, nous voulons être la meilleure équipe satellite possible. Est-ce que je veux prendre l’investissement nécessaire et essayer de reproduire une Mercedes, une Red Bull ou une McLaren ? Non. Parce que d’abord le plafond budgétaire ne vous permet pas de le faire, donc vous ne pouvez pas le faire quand même ! Le mieux que nous puissions espérer est donc d’être fondamentalement une bonne équipe satellite, et d’avoir une relation solide avec l’équipe dont nous sommes l’équipe satellite, c’est-à-dire Ferrari. »
« Ferrari est évidemment un grand nom de la course automobile et c’est génial de s’aligner avec eux, mais je ne pense pas que nous puissions jamais espérer battre une Ferrari, car leurs voitures seront toujours meilleures que tout ce que nous pouvons construire. C’est notre lot dans la vie, et je dois vivre avec ça, et je peux le faire très bien. »
« Et c’est bon, c’est la Formule 1, le summum de la course automobile. Nous savons que nous ne battrons aucune des écuries Mercedes, alors nous devons juste prendre ce que nous avons et apprendre à tirer le meilleur de ce que nous avons, ce qui n’est pas mal. Tout ce sport, c’est bien plus que les défis d’ingénierie et le développement de moteurs et tout ça, c’est aussi participer aux courses et aux pilotes et tout l’autre aspect de la gloire de la Formule 1. Ce qui est amusant ! »
« Ça fait un business, ce n’est plus aussi cher qu’avant. Je pense qu’avec le plafond budgétaire et les accords que j’ai conclus avec Guenther et ainsi de suite, nous sommes arrivés à un budget très soutenable et qui ne nécessite pas l’hypothèque de tous mes actifs dans le monde. En fait, je n’ai aucun prêt, donc à l’avenir, nous pourrons rester en Formule 1 aussi longtemps que nous le voudrons, et c’est un peu ce que je veux faire en ce moment. »
Et pour le moyen terme ? Gene Haas reste à l’affût. Si un grand constructeur (Mercedes, Renault... ?) venait à quitter le sport, Haas pourrait remonter dans la hiérarchie...
« En 2022 et 2023, des portes s’ouvriront peut-être. Peut-être que des choses se produiront. Peut-être que certaines des grandes équipes pourraient partir. Toute cette électrification de l’ensemble de l’industrie automobile va bouleverser les constructeurs de voitures conventionnelles qui ont fait leurs preuves. On ne sait donc jamais quand l’un d’entre eux pourrait se retirer et qu’il pourrait y avoir là des possibilités de faire autre chose. Alors, qui sait... »