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Grosjean évoque ses années Haas F1 : en 2016, on était rapide sans savoir pourquoi !

Ses relations avec Magnussen, son accident de Bahreïn…

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Fin 2015, alors qu’il aurait pu rester peut-être chez Lotus, qui venait d’être rachetée par Renault, Romain Grosjean fit pourtant le choix de rejoindre la nouvelle aventure Haas en F1.

Comme il le révèle aujourd’hui pour la FOM, le Français n’était pourtant pas la première option de Günther Steiner… le directeur d’écurie visait plutôt un pilote qu’il a pu recruter justement en 2023.

« Je ne pense pas que j’étais le choix numéro un, je pense qu’ils voulaient Nico Hulkenberg, mais il a dit non. Ils sont venus me voir, je les ai appelés, j’ai eu une longue discussion avec Günther. Il m’a expliqué de quoi il s’agissait et les négociations contractuelles ont été très rapides. L’idée m’a plu et le début de l’année 2016 m’a donné raison. »

En effet en 2016, Romain Grosjean commença par une formidable 6e place en Australie, avant de confirmer avec une 5e place à Bahreïn, au pur mérite.

« Nous avons terminé cinquièmes, après la Red Bull. C’était comme si on volait, et sans savoir pourquoi, mais c’était tout simplement exceptionnel ! »

Mais la compétitivité de Haas irait ensuite en déclinant. La marche arrière était enclenchée. Romain Grosjean dit même avoir touché le fond en 2018, à Barcelone.

« En 2018, Kevin Magnussen a vraiment bien commencé, il aimait la voiture, j’avais un peu de mal avec la voiture et il a pris le dessus. Puis je me suis un peu embrouillé la tête et j’ai dû la remettre en place. À Barcelone, je crois que j’ai pleuré, c’était une course difficile. »

Toujours en Espagne, un an plus tard, en 2019, la situation n’allait pas mieux pour Haas. L’équipe apportait une évolution très importante... mais Romain Grosjean sentit immédiatement que ce n’était pas une évolution, mais une régression. À ce moment, Günther Steiner comprit tout l’apport du retour technique de l’ancien pilote Lotus.

« Ils m’ont mis une nouvelle spécification à Barcelone, et j’ai dit à plusieurs reprises que cela ne fonctionnait pas. Nous allons à Silverstone et finalement je reviens à la spécification de Melbourne - et je me souviens que les aérodynamiciens disaient que la voiture numéro huit était morte pour nous [la F1 de Romain Grosjean], et qu’ils ne s’en préoccupaient donc même pas. Et j’ai battu en qualifications Kevin avec la mauvaise voiture. C’est Günther qui m’a dit ’oui, on écoute Romain’. »

À cette même course, Kevin Magnussen et Romain Grosjean s’étaient accrochés en piste, provoquant une immense colère de Günther Steiner...

Et Romain Grosjean charge aujourd’hui son ancien coéquipier.

« Avec Kevin, nous avions une vision très différente de la course entre coéquipiers. Je vais toujours laisser plus de place à mon coéquipier qu’à un autre gars. Puis j’ai parlé avec Kevin, il m’a dit, je ne vois pas les choses de cette façon, les coéquipiers font la course comme tout le monde. Lorsque nous avons discuté après cela, tout s’est bien passé, tout a été mis au clair et nous sommes devenus beaucoup plus proches. »

Grosjean a décidé de quitter la F1 dès début 2020

En 2020, Haas continuait sa descente aux enfers. La pandémie avait terminé de vider les finances de l’équipe, et la voiture n’était nulle part.

C’est à ce moment, et pas après, que Romain Grosjean assure avoir pris la décision d’arrêter la F1.

« J’ai pris ma décision à la première course de 2020. »

« La pandémie a frappé, et à la première course en Autriche, aux EL1, j’ai eu une défaillance des freins au premier tour, et dans la course, j’ai eu aussi une défaillance des freins. J’ai dit à ma femme, écoute, c’est beaucoup de risques, beaucoup de pression, et je ne pense pas que nous puissions y arriver. »

« J’aime la Formule 1, mais je ne veux pas seulement être l’un de ces noms sur la grille. Je veux être un gars qui se bat pour les podiums et les victoires. Nous avons fait de notre mieux, mais notre mieux signifiait que j’étais une fois neuvième au Nürburgring, Kevin une fois dixième à Budapest. C’était des performances extraordinaires, mais personne ne les voit vraiment comme telles. »

La dernière course en F1 de Romain Grosjean restera donc le fameux Grand Prix de Bahreïn 2020. Celui de son accident de 67 G. Celui de ces 28 secondes interminables dans une Haas en flammes.

« Chaque fois que vous voyez les images, les photos, c’est incroyable. »

« Si vous prenez quoi que ce soit dans cet accident, par exemple, légèrement différemment, je pourrais être mort. »

« Pour moi, il n’y avait pas de feu dans la voiture. Il y avait du feu tout autour, mais il n’y avait pas de feu dans le cockpit. De toute évidence, il y avait beaucoup de feu dans le cockpit ! Mais je ne m’en suis pas rendu compte. Quand j’ai sauté, je me souviens avoir sauté la barrière, je pensais être sorti de la piste et je me suis retrouvé sur la piste. Et je me suis demandé pourquoi j’étais sur la piste ! Évidemment, c’était une course de nuit et il se passait beaucoup de choses, donc je n’avais aucune idée de l’endroit où je me trouvais, mais cela n’avait pas vraiment d’importance. Ce qui compte, c’est de savoir comment je sors de la piste ! »

Romain Grosjean a ensuite tenté de faire son retour pour le dernier Grand Prix de l’année à Abu Dhabi, en vain.

« Je savais que ce serait ma dernière course et je ne voulais pas que ma dernière course soit celle-ci. »

« J’ai donc essayé tout ce que je pouvais. J’ai poussé les médecins à bout. Je disais : Et si on mettait de la crème, puis peut-être un gant en latex, puis des gants de course ? Comment faire ? Et à un moment donné, ils m’ont dit : "Oui, vous pouvez le faire, mais s’il y a une infection, nous devrons peut-être vous couper la main". Je me suis dit... ça ne vaut peut-être pas la peine. Nous aurions été derniers. Kevin et Pietro [Fittipaldi] ont terminé derniers. »

Cependant Romain Grosjean put se relever à temps pour effectuer un test qui l’emmènerait vers l’IndyCar, fin février 2021.

« Je suis rentré en avion le jeudi soir après Bahreïn. »

« C’était un vol vraiment horrible. J’étais sur un vol commercial et j’avais très mal au genou et aux mains. C’était vraiment horrible. »

« La bonne chose, c’est que j’avais la date limite pour les tests en IndyCar. C’était censé être le 14 février et je pense que nous l’avons repoussée à la fin février, ce qui était une bonne chose, parce que je n’allais pas être prêt ! Lorsque le physiothérapeute m’a dit de bouger ma main trois fois par jour, pendant cinq minutes, je l’ai fait et je me suis réveillé la nuit pour le faire. Le rétablissement a donc été beaucoup plus rapide, mais lorsque je suis sorti de la voiture, la première fois, il y avait du sang partout. »

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