Si son nom ne vous est pas forcément familier, Gwen Lagrue, dénicheurs de jeunes talents pour Mercedes F1, a joué un rôle très important dans la carrière de pilotes aujourd’hui présents sur la grille de départ de la Formule 1, en l’occurrence George Russell, Esteban Ocon mais aussi Alexander Albon.
Il s’est ainsi confié au podcast Beyond the Grid sur le rôle qu’il a tenu dans la carrière de ces trois hommes, qui performent tous les trois à un très haut niveau au sein de leurs écuries respectives.
"J’ai eu le privilège de travailler avec Esteban Ocon, George Russell et Alex Albon," a déclaré le Suisse.
"La première fois que j’ai rencontré George, c’était en 2010, si je me souviens bien, et c’était à l’occasion d’un événement européen de karting. Je le connaissais déjà parce que je suivais la saison de karting, mais c’est la première fois que nous nous sommes vraiment rencontrés et que nous avons commencé à discuter de ce qu’il faisait, de qui il était, etc. J’ai bien aimé cette première discussion."
"Il avait une très grande confiance en lui, et je pense que cela n’a pas changé. Il était extrêmement déterminé, mais on sentait déjà à l’époque qu’il était différent."
Il est dit que Russell aurait de lui-même approché Toto Wolff lors d’une cérémonie de remise de prix, Lagrue expliquant que sa rencontre avec le pilote s’était déroulé plus ou moins à la même période.
"Je pense que c’était à peu près à la même époque. Mais à ce moment-là, je travaillais chez Lotus F1 Team. Je pense qu’il a approché Toto un peu plus tard. Il faudrait lui demander, je ne me souviens pas."
Lagrue imaginait donc Russell en tant que jeune pilote Lotus à l’époque, et non en tant que pilote Mercedes.
"Oui, absolument. J’ai eu le privilège d’être le témoin d’une génération fantastique à cette époque, car chaque week-end, je regardais Max Verstappen, Charles Leclerc, Pierre Gasly, George Russell, Esteban Ocon. Ils couraient tous ensemble. C’était une période absolument unique dans le karting, une telle génération qui se battait devant mes yeux. N’importe qui pouvait choisir une jeune superstar à cette époque."
Après avoir pris son mal en patience durant plusieurs plusieurs saisons chez Williams, Russell rejoignait finalement Mercedes F1 en 2022, remportant son premier Grand Prix en fin de saison au Brésil. On peut ainsi imaginer l’émotion de Lagrue lorsque cela s’est produit.
"Bien sûr, c’est toujours un moment spécial. Dans les derniers tours, je me souvenais des moments difficiles que nous avons dû affronter en F2 et aussi chez Williams pendant trois ans, et le voir gagner est la raison pour laquelle je suis ici avec l’équipe et pourquoi j’aide les pilotes. C’est la première étape d’une réussite concrète en Formule 1. J’espère qu’il en aura beaucoup d’autres et que la prochaine étape sera de gagner un championnat."
Ocon "fait toujours partie de la famille" Mercedes
Outre Russell, Gwen Lagrue a donc également travaillé avec Esteban Ocon, lui aussi vainqueur d’un Grand Prix et solidement installé en Formule 1 chez Alpine. A-t-il vu chez le Français des qualités similaires à celles de son rival britannique à l’époque ?
"En fait, Esteban a été le premier que j’ai signé et choisi en karting. C’était à la fin de l’année 2009. Chacun d’entre eux est complètement différent et c’est pourquoi il faut travailler de manière spécifique avec chacun d’entre eux."
"Esteban était très mature pour son âge. Il avait 12 ou 11 ans lorsque je l’ai rencontré pour la première fois. On pouvait voir sa rage de piloter et de gagner. Il était également très déterminé. Évidemment, il venait d’un milieu où il n’y avait absolument pas d’argent pour courir. Il courait avec des pneus usés ou morts, mais il faisait quand même du très bon travail. Lorsque nous nous sommes rencontrés, notre aide a été cruciale car sans notre soutien et notre appui financier, il était sur le point d’arrêter sa carrière en karting."
S’il n’est donc plus un pilote affilié à Mercedes, Ocon voit toujours sa carrière être gérée par Lagrue aujourd’hui.
"Il est toujours sous contrat avec notre management, nous gérons donc toujours sa carrière. Nous avons convenu avec Alpine de le prêter, donc nous sommes toujours très liés à Esteban et nous suivons toujours tout, nous l’aidons et nous le soutenons, même s’il court pour un concurrent. D’une certaine manière, il fait toujours partie de la famille."
Mais si le Français s’imposait pour la première fois en F1 en Hongrie en 2021, Lagrue semble visiblement ne pas faire des victoires un évènement en soi, le travail d’un compétiteur étant à la base de remporter l’épreuve à laquelle il participe.
"Je suis plus déprimé quand nous perdons ou quand nous avons de mauvais moments. Gagner, c’est normal, je dirais. Mais lorsque nous perdons un championnat dans une série junior ou que nous perdons une bonne opportunité, je suis plus affecté qu’heureux lorsque nous gagnons parce que c’est ce que nous avons à faire."
Lagrue a aidé Albon "en tant qu’ami" et avec "l’accord" de Wolff
Un autre pilote dont la carrière a été gérée par Gwen Lagrue est donc Alex Albon, ce qui peut paraitre surprenant quand on sait que le Thaïlandais est généralement associé à la filière Red Bull. Mais le Suisse d’en expliquer la raison.
"Alex courait aussi avec cette génération de jeunes pilotes absolument célèbre, avec Max, etc. Il était très, très bon. Il a remporté le championnat d’Europe et le championnat du monde à l’époque. Fin 2012, le programme de jeunes pilotes auquel il participait a décidé de mettre un terme à leur collaboration, et je l’ai donc engagé chez Lotus parce que je le connaissais depuis le karting."
"Je l’ai aidé et je l’ai soutenu jusqu’à ce qu’il signe à nouveau avec le même programme de jeunes pilotes qui avait décidé d’arrêter à ce moment-là. Je le connais donc très bien. Nous avons fait de la Formule Renault, de la F3, du GP3 et de la F2 avec Alex. Je l’aidais vraiment en tant qu’ami, avec le soutien total et l’accord de Toto et de Mercedes. Il a également fait quelques séances dans le simulateur pour nous chez Mercedes et nous l’avons libéré pour qu’il puisse signer lorsqu’il en aurait l’occasion."