Haas F1 a présenté sa livrée pour 2024 via des visuels et rendus 3D qui reprennent une monoplace proche de la VF-23 évoluée d’Austin l’année dernière. Le nouveau directeur, Ayao Komatsu, confirme que la version définitive de la VF-24 sera très proche de ce concept, et un peu plus radicale puisque l’architecture ne proviendra pas d’un autre modèle.
"En termes de changements physiques, comme tout le monde le sait, lorsque nous avons amené l’évolution à Austin, c’était le concept de la voiture de cette année" rappelle Komatsu.
"Mais en raison de la limitation physique de la structure de l’impact latéral, de la disposition des conduits et de la disposition du refroidissement, nous n’avons pas pu réaliser le concept complet de la VF-24. Je savais exactement où nous allions cette année, mais tout le monde a eu un aperçu à Austin."
La structure de l’équipe a aussi un rôle sur cela : "L’une des choses que nous avons changées, c’est la façon dont nous organisons la structure de l’équipe pour travailler de concert pour comprendre la voiture et l’améliorer. J’aime à penser que la toute première chose que nous verrons à la suite de ce changement sera l’évolution de la voiture."
"Un objectif et une vision" clairs
Komatsu revient sur ses premières semaines en tant que directeur de Haas F1, et il explique qu’il s’est avant tout concentré sur la manière de supprimer les obstacles et de gérer les complications rencontrées dans l’équipe jusqu’ici.
"Il est évident que nous avons été très occupés, mais les réactions ont été très positives. Tous ceux à qui je parle considèrent que c’est l’occasion de s’améliorer. Je pense que beaucoup de gens ressentaient la même chose, à savoir qu’ils ne savaient pas où allait cette équipe, comment elle allait s’améliorer."
"Nous avons besoin d’un objectif, d’une vision et d’une communication clairs, et de supprimer certains obstacles qui n’avaient pas lieu d’être. Tout le monde doit comprendre à quoi il a affaire, comment l’équipe progresse et quelle est notre approche de la course."
"Je passe beaucoup de temps à discuter avec le plus grand nombre de personnes possible, à partager cette approche et à avoir des commentaires. Évidemment, je n’essaie pas de faire cela tout seul, bien au contraire."
"Nous avons de bons éléments, mon travail consiste donc à leur fournir un environnement dans lequel ils peuvent s’épanouir et tirer le meilleur d’eux-mêmes. Tout le monde est tellement serviable, motivé et positif, c’est formidable."
Un nouveau directeur technique en 2024
Son arrivée à la tête du team et le départ de Simone Resta ont eu un impact sur l’organisation de l’équipe : "Notre nouveau directeur technique est Andrea De Zordo. Il était auparavant chef designer et c’est une personne très technique."
"Sa communication est bonne, il est très engagé et à l’écoute des gens, je suis donc très heureux de cette nomination. Nous sommes en train de recruter notre chef designer, mais je pense que nous avons de bons candidats en interne, et nous chercherons donc à faire de la promotion interne. "
"Un autre poste clé est celui de directeur de la performance, qui n’existait pas auparavant, mais que nous avons créé en confiant cette fonction à Damien Brayshaw, précédemment chef du groupe de performance des véhicules."
"Il supervisera et orientera les améliorations en collaboration avec le département aérodynamique et toutes les autres fonctions qui analysent la voiture grandeur nature, c’est-à-dire l’ingénierie de piste, le groupe de performance des véhicules, le groupe des pneus, etc."
Une transition "pas idéale" cet hiver
Komatsu reconnait que ce changement tardif de directeur a eu un effet indéniable sur la manière dont s’est déroulée l’intersaison dans l’équipe. Il explique les difficultés que cela a amené au sein de la structure et du management du team.
"Cela a eu un impact, car l’annonce a été faite le 10 janvier et nous roulons avec notre voiture pour la première fois le 11 février, c’est un délai assez court. Cependant, en ce qui concerne la construction de la voiture et la préparation des essais, cela n’a pas posé de problème sur le plan opérationnel."
"Il ne s’agissait pas seulement de mon rôle, mais aussi du départ d’un directeur technique, de sorte qu’il y avait deux postes vacants importants à pourvoir. Nous avons formalisé et communiqué ce changement structurel dès que possible."
"Le moment de cette période de transition n’était pas idéal, mais j’ai été très impressionné par la maturité de la réaction de chacun. Grâce à cela, nous avons pu limiter au maximum les perturbations. Maintenant que nous avons clarifié la structure, nous devrions pouvoir avancer à plein régime."
Haas se prépare à être "dernière" à Bahreïn
Haas sera en retard en début de saison car l’équipe n’a pas pu peaufiner comme elle le souhaitait sa VF-24. Et pour cause, l’évolution d’Austin 2023 a permis d’avoir des retours sur les changements, mais cela a coûté du temps et des ressources.
"A Bahreïn, comme je l’ai dit, je pense toujours que nous serons en fin de grille, voire derniers. Depuis que je suis devenu directeur d’équipe, j’ai passé beaucoup de temps à discuter avec les directeurs, tant au Royaume-Uni qu’en Italie."
"Ils sont enthousiastes parce que c’est une occasion de s’améliorer et qu’il y a des domaines d’amélioration partout. La raison pour laquelle notre voiture de lancement ne sera pas assez rapide à Bahreïn n’est pas due à la qualité des personnes que nous avons ici."
"C’est dû au fait que nous avons commencé en retard et que nous nous sommes arrêtés pendant deux mois pour l’évolution d’’Austin. Cela a vraiment détourné les ressources, et nous avons donc perdu du temps, mais l’équipe réalise de bons progrès en soufflerie, ce qui est positif, et en termes de caractéristiques, on va dans la bonne direction."
"L’objectif est d’avoir un bon programme d’essais pour Bahreïn afin de disposer de données de qualité que l’équipe pourra analyser et qui lui permettront de comprendre dans quelle direction développer la voiture."
"Cela signifie qu’il faut comprendre précisément les forces et les faiblesses de la VF-24, puis mettre en place un plan cohérent pour produire des mises à jour sur la voiture, ce qui n’est pas arrivé auparavant."
"Les pilotes joueront également un rôle plus important. L’année dernière, en termes de retour subjectif des pilotes, leur compréhension des faiblesses de la voiture était claire, mais nous n’avons pas été en mesure d’en tenir compte dans notre programme de développement de la voiture."
"Avec les changements que nous avons opérés au sein de l’équipe, nous avons l’intention de résoudre ce problème en faisant en sorte que nos pilotes soient davantage impliqués dans le développement de la voiture, afin que rien ne se perde."
"En tant qu’ingénieurs, nous disposons de toutes les données provenant de nombreux capteurs, mais il y a une chose que nous ne pouvons pas faire, c’est conduire la voiture et sentir ce qui se passe. Nous devons donc être en mesure de mieux comprendre les réactions des pilotes et d’y réagir."
Eviter une "énorme surprise" aux essais privés
Malgré le temps perdu sur la préparation de 2024 pour mettre à jour la voiture 2023, Komatsu pense que la stratégie était la bonne, car les retours techniques pour comprendre l’intérêt de ces changements ont été cruciaux.
"Encore une fois, pour comprendre le problème de la VF-23, lancer la voiture évoluée à Austin s’est avéré très utile. Principalement parce que lorsque nous avons séparé les voitures et que Nico est revenu aux spécifications précédentes tandis que Kevin a continué avec les nouvelles."
"Nous avons pu voir les différences de performances selon les vitesses en virage. Nous avons obtenu beaucoup de données à partir de cela, et cela a confirmé où nous devions concentrer notre développement pour la VF-24."
"C’était un gros exercice à faire, et cela a retardé le développement de notre VF-24, mais si nous ne l’avions pas fait et que nous avions eu une énorme surprise lors des tests de pré-saison, cela nous aurait énormément fait mal."
"C’était un équilibre difficile, et lancer le package d’Austin signifie que la version de lancement de la VF-24 n’est peut-être pas aussi avancée qu’elle pourrait l’être, mais en même temps, nous avons une meilleure confiance dans ce que nous mettons actuellement en piste."
"Nous sommes tous réalistes sur le fait que notre voiture de lancement à Bahreïn ne fera pas nécessairement tourner les têtes, mais notre point de concentration est de travailler avec la VF-24, de comprendre la voiture, puis de définir la bonne voie pour la mettre au bon niveau."
"Pendant le temps qu’il a fallu pour fabriquer la voiture aux spécifications Austin, nous avons dû suspendre les ressources consacrées à la VF-24 pendant deux mois, et c’est la performance que nous aurions pu trouver pendant ce temps qui nous manque."
"L’équipe s’en remet peu à peu, mais il faut être réaliste car nos concurrents sont intelligents et ils trouvent aussi des performances. Nous savons combien nous avons gagné depuis la fin de la saison 2023, mais je m’attends à ce que tout le monde trouve au moins le même gain."
"Au moins, nous devrions avoir une meilleure base avec la VF-24. Avec une meilleure cohésion au sein de l’équipe pour trouver de la performance, nous pouvons viser à apporter des améliorations relativement tôt dans la saison."
"Tout le monde comprend" le chemin à suivre
Le travail sur la voiture de 2024 et la création d’une nouvelle structure en même temps ont permis de mieux établir un plan de route et une manière de fonctionner, ce qui permet de choisir comment développer la voiture de manière optimale.
"C’est pourquoi nous apportons des changements à la structure organisationnelle du côté technique pour garantir que tout ce que nous découvrons sur la piste se reflète dans le développement de la voiture."
"Si vous regardez la structure organisationnelle précédente, il n’y avait pas de chemin clair pour boucler la boucle de ce côté-là. Tous ceux qui se trouvent au bord de piste sont désormais en boucle fermée vers les départements aérodynamique, soufflerie et CFD."
"Désormais, même s’il y a un désaccord, tout le monde comprend clairement pourquoi nous développons la voiture d’une certaine manière. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles nous n’avons pas été en mesure d’améliorer la voiture et que nous avons reculé au cours de la saison."
"Nous travaillons déjà de cette manière et il y a une bien meilleure transparence, ouverture et communication. Par conséquent, je pense que nous avons de bien meilleures chances d’améliorer correctement la voiture cette année."