Daniel Ricciardo risque de ne jamais revenir en Formule 1 s’il prend une année sabbatique en 2023 comme c’est de plus en plus pressenti. C’est Mika Häkkinen, qui a remporté deux championnats avec McLaren F1 en 1998 et 1999, qui prévient le pilote australien.
Classé 16e du championnat du monde avec 29 points quand son coéquipier Lando Norris est huitième avec 109 unités inscrites à trois courses du terme de la saison, Ricciardo a déjà affirmé dans la presse qu’il ne serait pas présent sur la grille de départ l’année prochaine. Des rumeurs ont d’ailleurs affirmé à Austin qu’il avait signé un contrat de troisième pilote chez Mercedes F1 pour l’année prochaine.
Häkkinen, qui décidait lui-même de prendre une année sabbatique à l’issue d’une saison 2001 difficile, ne revenait jamais en Formule 1 après cette décision. Il avertit ainsi Ricciardo dans The Race F1 Podcast : "Si Daniel décide de prendre une année sabbatique, je sais par expérience que généralement, une fois que vous quittez ce sport, vous ne revenez pas."
"Je pense que ma position était un peu différente car j’étais double champion du monde, j’avais déjà atteint mes objectifs. Daniel se retrouve dans une autre situation : ses performances ont chuté, il n’y va pas à fond. Les gens ne sont donc plus sûrs de savoir s’il est toujours assez rapide."
"Ca pourrait être difficile de revenir après une année sabbatique car si vous n’êtes pas assez rapide, il y a toujours une explication, une raison. Et j’ai l’impression qu’il ne l’explique pas clairement dans les médias, aux fans, à l’équipe. C’est un peu inquiétant, vous devez savoir pourquoi vous n’êtes pas en mesure d’exploiter la performance de la voiture comme le fait votre coéquipier."
"Je me disais : ’Hors de question que je retourne là-bas’"
Si Häkkinen annonçait fin 2001 prendre une année sabbatique de la F1, il revenait sur sa déclaration début 2002 et adoptait une position bien plus catégorique.
"Je pensais : ’OK, si j’en ai envie, je verrai ce qui se passe’. Mais j’ai reconnu après deux ou trois mois, lorsque la saison 2002 a commencé et que j’étais à Monaco où je ne sais où, qu’il était ’hors de question que je retourne là-bas’."
"Ca demande tant d’énergie sur le plan physique et psychologique. C’est de cette manière que j’ai su que si je prenais une année sabbatique, je ne pourrais pas revenir. je le savais dès la mi-saison."
"Vous ne pouvez pas performer en piste si vous vous dites : ’devrais-je prendre ma retraite ou non’. Vous devez aller à fond en permanence."
Une situation "difficile" à vivre face à Lando Norris
Non seulement Daniel Ricciardo n’est pas performant au volant de la MCL36 et n’arrive pas à s’y adapter, mais en plus son coéquipier Lando Norris brille avec le même matériel et possède près de cinq fois plus de points que lui au championnat.
Mika Häkkinen le concède : la situation actuelle de l’Australien n’est "vraiment pas facile. A l’époque où je courais, nous avions beaucoup d’essais, nous faisions des essais sur la voiture constamment. Celle-ci était faite sur mesure pour vous mais ce n’est plus le cas de nos jours en raison du peu d’essais."
"Les ingénieurs doivent ainsi faire de nombreux calculs à l’usine pour concevoir la voiture de la saison suivante. Si le pilote se plaint d’un problème d’équilibre durant un weekend, ils peuvent changer l’aérodynamique, le différentiel, l’équilibre des freins, la pression des pneus, mais ils sont limités dans les changements qu’ils peuvent apporter."
"Les choses que vous pouvez modifier sont peu nombreuses. Et si vous avez un style de pilotage agressif en entrée de virage, alors vous devez régler votre voiture de sorte qu’elle se comporte bien en milieu et en sortie de virage. Mais si vous ne pouvez pas changer les géométrie des suspensions avants ou arrières, cela vous complique la vie car ça signifie que vous devez vous habituer au problème."
"Adapter votre style de pilotage alors que la voiture ne fonctionne pas, c’est affreux. C’est tout sauf amusant, mais si votre coéquipier y parvient, alors vous devez en être capable vous aussi."
Ricciardo a "pris des risques" en changeant souvent d’équipe
Lorsque Mika Häkkinen rejoignait McLaren en 1993, l’équipe n’était alors pas dans sa meilleure période. Mais grâce à sa patience et à sa fidélité pour la structure dirigée à l’époque par Ron Dennis, le Finlandais finissait pas être récompensé de deux titres mondiaux.
Il estime ainsi que Daniel Ricciardo prenait des risques en décidant de quitter Red Bull pour Renault en 2019, puis l’équipe française pour McLaren en 2021, la stabilité étant un élément important dans la carrière d’un pilote.
"Je rejoignais McLaren, une équipe qui avait une histoire incroyable. Tant de grands champions ont couru pour elle et, bien que je recevais des offres en provenance d’autres équipes, elle n’avaient pas cette même histoire."
"Je voulais me concentrer sur cette équipe pour le long terme. Grâce à ça, les gens apprennent à vous connaitre, vous apprenez à connaitre les ingénieurs. Cela leur permet de comprendre votre technique de pilotage et de savoir ce dont vous avez besoin pour gagner."
"Daniel a changé d’équipe assez souvent : Red Bull, Renault, McLaren, je pense que c’est toujours un risque. Les gens apprennent à vous connaitre, mais pour comprendre réellement vos attentes concernant le pilotage, ce n’est pas simple à expliquer, cela demande du temps."