Lewis Hamilton admet que les deux dernières années n’ont pas été les plus simples pour lui, alors que Mercedes F1 peine à retrouver son lustre des saisons précédentes. Mais pour le Britannique, l’essentiel est de voir que toute l’équipe travaille dans la même direction, avec le même objectif.
"Dans ce sport, il y a de la frustration dans les deux sens tout le temps, on doit être ouverts les uns envers les autres. On doit rester alignés sur la direction qu’on veut prendre et il est sûr que cette équipe veut gagner" a déclaré le septuple champion du monde à M4 Sport.
"On s’est fait avoir avec le plafond budgétaire et avec le nouveau règlement, et ce n’est pas simple. Vous ne pouvez pas juste copier/coller ou faire quelque chose de différent, ça doit évoluer dans le temps. Est-ce qu’on n’est pas allés assez vite ? Peut-être, mais on a une direction et on va tenter d’y aller pour l’an prochain."
"Je sais ce que j’attends de la voiture, je sais comment travailler avec l’équipe pour y parvenir, et j’ai toujours aussi faim. J’ai également un groupe de supporters incroyables pour me soutenir et je ne peux pas abandonner maintenant."
"George n’avait rien à perdre et tout à gagner"
Hamilton fait équipe avec George Russell depuis l’an dernier, et il a vu un équipier confiant arriver à ses côtés. Russell a inscrit plus de points que lui l’an dernier mais affiche davantage de difficultés cette année. Hamilton pense que son compatriote avait moins de pression pour sa première saison dans l’équipe en 2022, malgré le manque de résultats global.
"Je dirais que l’année dernière, c’était totalement transparent, je l’ai senti. George n’avait rien à perdre et tout à gagner. S’il finissait derrière moi, on disait ’tu as fini derrière un septuple champion du monde’ et s’il finissait devant, on disait ’tu es une légende’."
Hamilton avait été dans la position de Russell en 2007, quand il a fait équipe avec Fernando Alonso, alors double champion du monde en titre, chez McLaren : "Je sais exactement à quoi ressemble ce sentiment, et j’ai vécu exactement la même chose avec Fernando."
"Si je finissais derrière lui, ils me disaient ’nous nous attendons à ce que ce soit ta première année’ et si je finissais devant lui, j’étais génial. Mais bien sûr, quand vous vous battez avec la voiture et que vous n’avez pas l’impression de pouvoir exploiter tout votre potentiel, ce n’est pas facile - c’est stressant."
"Nous voulons tous une compétition serrée"
Hamilton n’a rien à redire sur la domination de Red Bull depuis l’an dernier, et il assure ne pas se plaindre de voir une autre équipe gagner. Cependant, il milite pour une F1 plus égalitaire et assure que ça a toujours été son envie.
"C’est de leur faute s’ils dominent, car ils ont fait mieux que tout le monde. Je pense que c’est le fruit de ma propre expérience. Nous entendons des fans dire ’vous aviez aussi une voiture dominante et maintenant vous vous plaignez’, mais ce n’est pas le cas."
"En ce qui nous concerne, nous voulons tous, même lorsque nous étions aux avant-postes, que la compétition soit toujours la meilleure et qu’elle soit serrée. C’est ce dont nous avons rêvé en grandissant et c’est pour cela que nous participons aux courses, pour avoir de la compétition.
"Je ne suis jamais allé à une course quand j’étais enfant et que je voulais avoir plusieurs secondes d’avance sur tout le monde à chaque fois, mais quand vous avez une longueur d’avance et que vous avez ce tampon, cela semble plus facile avec la façon dont les choses sont dans notre sport et le développement."
Red Bull doit "se réjouir" de ses succès
Pour Mercedes, il faudra attendre 2024 pour retrouver les sommets, peut-être plus, et il conseille à Red Bull de profiter de ce succès mérité : "Tout le monde progresse de la même manière au cours de l’année, il est donc difficile de combler l’écart."
"C’est encore plus difficile aujourd’hui avec le plafonnement des coûts. Nous avons parlé de l’ère de Michael, de l’ère de Red Bull, de l’ère de McLaren et de Mercedes, et maintenant de Red Bull à nouveau, et je pense que c’est une bonne chose pour Red Bull."
"Ils devraient se réjouir de la gloire et continuer à en profiter. Nous ferons tout notre possible pour mettre fin à cette domination à un moment ou à un autre, mais il se peut qu’avec cette ère, il en soit ainsi - ce sera leur ère, comme cela a été le cas dans le passé."
"En tant que sport, nous devons améliorer la façon dont les règles sont établies afin que les fans ne soient pas privés de ces batailles serrées entre plusieurs équipes pendant toute une époque."
Il faut savoir "ce qu’on est prêt à sacrifier"
Le vainqueur de 103 Grands Prix est heureux de pouvoir lutter contre une toute nouvelle génération de pilotes menée par Max Verstappen, Charles Leclerc, Lando Norris et Russell, et voir une nouvelle approche en Formule 1.
"Je pense que la différence avec cette génération est qu’ils utilisent les simulateurs tout le temps, on n’avait pas forcément ça quand j’étais enfant. C’est excitant de voir cette aventure. J’en fais partie mais c’est aussi génial de pouvoir courir contre ces jeunes talents."
Cependant, il ne pense pas que les deux dernières années aient changé son implication en Formule 1 : "Si j’avais gagné en 2021, j’aurais continué à piloter parce que j’aime ce que je fais. Il s’agit d’un état d’esprit, et de tout ce qu’on est prêt à sacrifier. Je suis ici depuis longtemps, mais je ne peux pas sacrifier moins que ces jeunes gars."
"Ils ne font rien à part jouer à des jeux de course et s’entraîner ! Et c’est plus facile à 22 ans que ça l’est maintenant pour moi. Je dois m’entraîner plus, il me faut plus de temps pour m’en remettre, c’est plus dur de m’entraîner, et j’ai aussi d’autres engagements et un équilibre que je veux créer dans ma vie, je suis plus occupé que jamais !"
Il aide "autant que possible" dans le film sur la F1
Hamilton travaille en parallèle de sa carrière sur le film sur la F1 dans lequel jouera Brad Pitt, et dont des séquences ont été tournées sur circuit. Il fait un point sur ce projet pharaonique.
"Je suis aussi impliqué que possible, j’ai lancé une société de production et je co-produis le film. J’ai aidé Joe [Kosinski, réalisateur] et Jerry [Buckheimer, producteur] et les ai conseillés sur le script, j’ai fait réécrire certaines sites, j’ai fait partie du processus de casting pour m’assurer qu’il y ait une diversité."
"Je suis autant impliqué possible, en parallèle de mon métier, mais j’apprends aussi beaucoup de ces incroyables personnes. Voir Brad [Pitt] travailler un script est phénoménal, voir la vision de Joe, il est très clinique et dans le détail, et Jerry est une légende. J’ai regardé un film l’autre jour et son nom est sorti, et je ne savais pas qu’il l’avait produit !"
"Il a fait beaucoup de bons films, c’est un honneur d’en faire partie, et toutes les personnes qui en font partie amènent énormément. Cela implique aussi que chacun se dépasse pour que ce soit un succès, pour qu’on ait Apple, Brad, la F1, c’est une grande collaboration entre tout le monde."