Lewis Hamilton s’est exprimé dans une longue interview avec les médias pour marquer la fin de la saison, une saison 2023 encore très difficile pour lui et Mercedes F1. Même si la 2e place du championnat constructeurs est un beau résultat sur le papier, l’écart avec Red Bull est tel qu’il n’y a pas de quoi se réjouir.
Et si cela a été une saison longue et difficile pour un pilote et une équipe auparavant si habitués au succès, elle a été d’autant plus frustrante que Hamilton et Mercedes F1 savaient dès le début de la W14 en piste que cette année ne serait pas encore la bonne.
Hamilton a su dès qu’il a piloté la voiture à Silverstone en février, lors du shakedown, qu’ils avaient commis une erreur en conservant le concept de 2022, qui avait pourtant gagné en fin d’année, au Brésil.
"Je me souviens que c’était exactement la même chose. Je me souviens de ces rebonds. Je me suis dit ’encore...’ Et ce n’était certainement pas un sentiment génial. J’avais vraiment de grands espoirs et je me suis tout de suite dit que ça allait être encore long et difficile."
"En février, j’étais déjà un peu plus inquiet que d’habitude car l’année précédente, c’était des sentiments assez fous avec l’effet de sol. Vous dites ’La voiture est incroyable, elle est unique, personne n’aura quelque chose de pareil’. Et puis nous arrivons au premier test…"
"Donc, j’étais un peu plus prudent lorsque j’écoutais les ingénieurs, et je me disais : ’Nous verrons’. Et puis la voiture a eu tous ces problèmes. Je savais juste que ça allait être une longue année."
Lors de la première course à Bahreïn, l’ampleur des problèmes de Mercedes F1 est vite devenue évidente, et dès les essais libres de vendredi - avant même qu’une séance de qualifications ait eu lieu - Hamilton a déclaré que l’équipe était "sur la mauvaise voie".
Avec le recul, il déclare aujourd’hui : "Je suis sûr qu’il y a eu des frustrations, car j’avais demandé des changements et ils n’ont pas été réalisés."
Sa réaction, dit-il, a été d’avoir "de très grandes discussions avec l’équipe. Personne ne savait exactement quel était le problème. Personne ne savait comment y remédier. Il faut juste accepter et travailler."
"Ayant l’expérience de l’année précédente, je me suis juste appliqué, j’ai passé bien plus de temps avec les gars. On faisait de bien meilleures réunions."
"Ainsi j’ai pu rester beaucoup plus positif au cours de l’année et me dire : ’Ça va être une longue saison, mais nous n’abandonnons pas. Continuons à pousser pour tirer le maximum de la voiture, quoi qu’il en soit’."
"Cette année, ils ont pensé que les fondamentaux étaient bons mais ce n’était pas le cas. C’est pour cela que j’étais frustré en février, parce qu’ils n’avaient pas apporté les changements que j’avais demandés."
"Mais nous n’avions pas nécessairement de direction très claire à suivre au début de l’année, pour savoir exactement sur quoi nous devions travailler. C’était une sorte de ligne en zigzag pour essayer d’arriver là où nous devons être."
"De temps en temps, quelque chose de positif se produit. Vous vous dites : ’OK, ça arrive’. Et puis ça bouge à nouveau dans le mauvais sens. Comme en foot, le poteau de but bouge toujours pour un attaquant, c’est classique !"
Mercedes F1 doit évoluer comme les autres dans le cadre d’un budget plafonné, ce qui ne permet pas de tester de multiples solutions et rattraper Red Bull, qui est directement partie dans la bonne direction selon Hamilton.
"Je crois que nous avons désormais une étoile polaire. Ce que nous n’avons pas eu depuis deux ans. Mais y arriver n’est pas une ligne droite. Et il y a juste certaines choses, certaines décisions qui ont été prises, qui nous ont bloqué en cours de route. Vous ne pouvez rien y faire à cause du plafond des coûts et de toutes ces différentes choses."
"Si vous regardez la Red Bull - et ils ont fait un travail incroyable - à Bahreïn l’année dernière, ils ont eu un problème de rebond et ils l’ont résolu en une semaine. Et puis vous pouvez imaginer, si vous essayez de construire un mur, c’est une brique après l’autre, juste du développement, du développement, du développement."
"Peut-être qu’ils ont ajouté quelque chose et que cela n’a pas ajouté de performances. Ils enlèvent la mauvaise brique et la remplace. Mais ils étaient encore en train de construire. Alors que pour nous, nous avons dû abattre le mur et tout recommencer en termes d’aérodynamique."
"Nous avions beaucoup d’aérodynamique sur la première voiture l’année dernière. Nous avons dû supprimer énormément d’appui parce que ça générait trop de rebond et nous avons ensuite essayé lentement d’en ajouter. Mais chaque fois que nous essayions d’en ajouter, c’était pire. Donc nous ne l’avons tout simplement pas fait et ça ne s’est pas amélioré pendant très, très, très longtemps."
"Donc, vous pouvez imaginer que Red Bull progresse. Et nous avançons sur une pente bien moins intéressante que la leur pendant ce temps."
"Aujourd’hui il y a cet écart avec eux… Nous sommes simplement sur des trajectoires extrêmement différentes. Je pense que nous comprenons beaucoup mieux la voiture. Ils ont développé d’excellents outils en arrière-plan. Alors, naturellement, j’ai bon espoir. Mais je vais rester prudent encore."
Hamilton aimerait-il d’ailleurs conduire cette Red Bull ?
"Bien que tous les pilotes adoreraient conduire cette voiture - et je ne dis pas que je n’aimerais pas la conduire et découvrir à quoi ressemble cette voiture - nous avons eu deux années vraiment difficiles et si nous travaillons pour battre cette voiture, ce sera une bien meilleure sensation que de simplement monter dans ce qui est déjà la meilleure voiture. Cela ne me ferait pas grand-chose que de juste signer pour l’équipe qui a la meilleure voiture."