Michael Schumacher remporta son premier titre en 1994, avec Benetton, dans des circonstances polémiques. Non seulement sa monoplace était soupçonnée d’être illégale en raison d’un système d’antipatinage ; mais encore son attitude en piste, dans la course finale face à Damon Hill, fut particulièrement controversée.
A Adelaïde, chacun se souvient que l’Allemand avait braqué vers le pilote Williams, alors qu’il semblait que la course et le titre lui échappaient. Michael Schumacher réussit à mettre hors-course Hill, et le titre lui revint alors, mais certes pas de la manière la plus glorieuse.
Cette lutte, on le pense, avait fortement déplu chez Williams ; pour autant Patrick Head, l’ancien directeur de l’ingénierie chez Williams, a confié que ses sentiments étaient plus contrastés et plus complexes qu’une grande colère envers Michael Schumacher (même s’il n’avait aucun doute sur le sens de la manœuvre du pilote Benetton).
En effet comme il le raconte au podcast "Beyond the Grid", les circonstances de cette année, avec notamment la disparition de Senna à Imola, ou bien les courses de suspension de Michael Schumacher, auraient quelque peu terni le premier titre de Damon Hill en F1.
« J’avais la plus haute estime pour Michael Schumacher. »
« C’était un pilote extraordinaire, et une personne extraordinaire, et les gens qui ont travaillé avec lui et qui l’ont connu en tant que personne, ce qui n’était pas mon cas, le tiennent toujours en très haute estime. »
« Mais quiconque a vu le film de ce qui s’est passé à Adélaïde, a pu voir que la voiture de Michael était endommagée de telle manière qu’il devait savoir qu’elle était impossible à conduire. »
« Il a commencé à prendre l’échappatoire qui allait tout droit depuis le virage à droite. Et quand il a pu voir Damon qui, à ce moment-là, était probablement quatre ou cinq secondes derrière lui, il a tourné à droite et a foncé directement sur le côté de la voiture de Damon. »
« Quiconque connaissait un tant soit peu la course savait que Michael avait délibérément éliminé Damon de la course. »
« Je ne pense pas m’être senti totalement lésé car, avec la mort d’Ayrton Senna, avec le fait que Michael a été banni des Grands Prix pendant au moins deux ou trois courses, toutes remportées par Damon, je ne pense pas que j’aurais été totalement heureux de remporter le championnat cette année-là. »
« Mais il n’y a aucun doute dans mon esprit, et quiconque regarde les données et le film de la course, sait exactement ce que Michael a fait, il a tourné à droite et a foncé sur le côté de la voiture de Damon, et Damon savait exactement ce que Michael avait fait. »
Trois années plus tard pourtant, Michael Schumacher récidiva en commettant une manœuvre similaire, cette fois sur Jacques Villeneuve, à Jerez en 1997, encore face à une Williams.
La manœuvre échoua et la FIA ne se priva pas de corriger le Kaiser, qui serait exclu du championnat en perdant tous ses points.
De quoi remettre en question la réputation du Kaiser aux yeux de Patrick Head ? En partie, mais en partie seulement.
« Michael était une personne immensément compétitive. Je pense que Jacques Villeneuve savait ce que Michael pouvait faire à Jerez en 1997. Je ne veux pas faire du mal mais... Michael était le pilote le plus éblouissant, il a pu tirer vers le haut chacune de ses équipes, en faisant en sorte que l’équipe, et son personnel, tournent autour de lui. »
« Mais si vous regardez Michael à Monaco en 2006, quand il a garé sa voiture [pour provoquer l’interruption des qualifications alors qu’il avait la pole], c’était un compétiteur féroce. Peut-être que le côté sportif, sa sportivité n’étaient pas aussi forts que beaucoup l’auraient souhaité, mais c’était un compétiteur féroce et je respecte ça. »