Pilote de F1 à 17 ans, promu chez Red Bull après 23 Grands Prix, Max Verstappen, âgé de seulement 21 ans aujourd’hui, s’est imposé, plus encore depuis la deuxième moitié de saison dernière, comme une des références et des valeurs sûres du sport.
Il faut dire que le Néerlandais semblait prédisposé à un tel destin : son père, Jos, ancien pilote de F1 (107 départs), l’a tôt biberonné dans le but de le voir, comme lui, arpenter les paddocks de F1. Comme Damon Hill, Kevin Magnussen, Nico Rosberg ou Jacques Villeneuve, Max Verstappen est un « fils de », mais le « fils de » peut-être le plus talentueux de ces dernières années.
Dans la famille Verstappen, il faut pourtant ne pas oublier la mère, Sophie Kumpen. Le cousin et l’oncle de Sophie étaient des pilotes d’endurance, son grand-père était lui un habitué des kartings – comme Sophie.
« J’ai mieux connu sa mère parce que j’ai couru contre elle » sourit aujourd’hui Christian Horner, le patron de Max Verstappen chez Red Bull.
« A partir de 1989, nous avons couru dans les championnats du monde junior ensemble. Elle était très talentueuse, elle battait des personnes comme Jan Magnussen, Giancarlo Fisichella et Jarno Trulli. Elle luttait contre des gros bras, et les battait. Elle était dans le top 10 mondial à ce moment. »
L’ascension de Max Verstappen était programmée… et pourtant, son père ne semblait pas vouloir précipiter les choses dans les premières années !
« J’ai demandé un kart à l’âge de 4 ans » se souvient le pilote Red Bull aujourd’hui. « Mes parents ne m’ont jamais poussé à piloter. J’ai vu un enfant conduire un kart quand j’avais trois ans, donc j’ai demandé un kart, mais mon père à dit non. Il voulait attendre que j’aie 6 ans. Donc je n’ai cessé de crier, de pleurer, de demander à ma mère de m’acheter un kart, et finalement, ma mère a dit à mon père ‘Je pense qu’on devrait lui en acheter un.’ »
« Je me rappelle ce jour… Dès que je me suis levé, j’ai mis mon casque et j’ai attendu que mon père prépare le kart. J’avais si hâte de piloter. Le kart était un peu lent. Toute la piste se passait à fond, donc le lendemain, nous avons changé de kart ! »
Max Verstappen a tôt été approché par Helmut Marko, le responsable de la filière jeunes de Red Bull. Mais il a voulu attendre 2014 avant de faire ses débuts en F3. « Ce n’était pas le bon moment à cette période » se souvient Marko.
Une fois en F3, « dès la première course à Silverstone », poursuit Christian Horner, « il était clair qu’il était le pilote qui se détachait. »
Helmut Marko a alors organisé une réunion avec Max Verstappen…
« Nous avions parlé une heure et demie. Normalement, cela dure 30 minutes, mais cette conversation était très longue et bonne. C’était un homme mature dans un corps très jeune. Normalement, même les pilotes les plus vieux ne sont pas assez matures. Nous n’avions pas que parlé de sport auto. Il connaissait tout ce qui importait. L’un de ces sponsors était Jumbo, une chaîne de supermarchés, et il connaissait tout de l’entreprise, de ses chiffres. C’était impressionnant. Certains pilotes ne savent pas même où est la Croatie, par exemple ! »
C’est enfin au Norisring, sous la pluie, que Helmut Marko a définitivement pris conscience du talent du dernier vainqueur du Grand Prix d’Autriche.
« Il était deux secondes plus rapide que tout le monde. Son contrôle de la voiture était juste incroyable. C’était spectaculairement différent de ce que j’avais vu par le passé. »
Red Bull a ensuite décidé de prendre un pari : alors que Max Verstappen était aussi courtisé par la filière Mercedes, il ne fallait pas attendre !
« Helmut a dit qu’il avait une idée folle » poursuit Christian Horner. « Il a dit : si nous le voulons vraiment, il faut lui offrir un baquet pour Toro Rosso l’an prochain [alors que Max Verstappen avait 15 ans]. C’était assez osé. Mais je suis tombé totalement d’accord avec lui. Certaines personnes ont douté qu’il pourrait faire le grand saut vers la F1. Mais il était un pilote d’un tel talent, c’était quelque chose de vraiment unique. C’était une chose évidente à faire. »
C’est Helmut Marko qui a été chargé d’annoncer la nouvelle à Jos Verstappen…
« J’ai dit : Faisons quelque chose de différent. Nous allons en F1. Il y a eu un silence. ‘Jos ? Jos ? Jos ?’ Silence encore ! Il ne pouvait pas le croire. Deux ou trois jour plus tard, nous avons eu une réunion à Graz. Et assez vite nous avons signé le contrat. »
Max Verstappen n’a-t-il pas été un peu décontenancé, intimidé par ce grand saut en F1 plus rapide que prévu ?
« Je n’étais pas trop ennuyé. Je devais juste m’assurer d’être rapide en piste. Mon père m’a demandait si j’étais certain. Et je l’étais. Parfois, ce peut être trop tôt, mais dans ma carrière, ça a toujours été comme ça. J’ai toujours été le plus jeune, dans tout ce que je faisais. »