La prochaine génération d’unité de puissance est en train de se définir en coulisses, mais la Commission européenne, en proposant d’interdire en 2035 les ventes de toute voiture à moteur thermique, a quelque peu chamboulé les cartes en jeu.
La F1 fait-elle le bon choix alors pour attirer les manufacturiers en misant non sur l’électrique mais sur les biocarburants ? Ne faut-il pas sacrifier totalement le moteur thermique d’ici quelques années ?
Les dirigeants ont été interrogés sur ce sujet central à Silverstone.
Pour commencer, Christian Horner propose son idée : repousser l’électrique, pousser pour les biocarburants, et bien sûr augmenter le bruit avec une solution bien originale…
« Nous sommes légèrement différents parce que nous n’avons pas de gamme de véhicules automobiles, nous ne vendons pas des millions de voitures par an » explique le directeur de Red Bull Racing.
« Donc, ce que nous trouvons intéressant, c’est que l’avenir du moteur à combustion semble certainement limité dans certains domaines. Si vous poussez cela à l’extrême et que d’ici 2035, tout le monde conduira une voiture électrique, que deviendra la F1 d’ici là ? »
« De toute évidence, il y a une période intermédiaire entre maintenant et ce point, mais c’est pourquoi je pense que nous sommes à la croisée des chemins où nous devons décider ce qui est bon pour le sport. »
« Le moteur à combustion a un avenir selon moi, alors pourquoi ne pas en faire la démonstration et introduire des moteurs à haut régime qui ont un son fantastique et qui sont respectueux de l’environnement ? »
« L’électrification, je sais, est poussée politiquement, mais est-ce vraiment la bonne voie pour les 25 ou 30 ans à venir ? Je pense que la F1 pourrait jouer un rôle clé avec les carburants et les partenaires que nous avons en matière de durabilité et d’émissions nulles, avec un moteur à haute performance et à haut régime. Ne serait-ce pas fantastique si nous suivions cette voie ? Je suis sûr que tous les Grands Prix seraient bondés »
Christian Horner a aussi en tête la question des coûts, absolument décisive pour lui alors que Red Bull a lancé son programme moteur de son côté, Red Bull Powertrains.
« Il y a plusieurs scénarios à envisager, mais le facteur le plus important était de se concentrer sur les coûts. Le coût de production, le coût des matériaux du moteur afin de réduire l’énorme charge qui pèse actuellement sur les constructeurs et, en fait, sur tout motoriste envisageant d’entrer en Formule 1. »
« La première chose qui a manqué avec le moteur actuel, la seule chose qui n’a jamais été discutée, était de savoir quel était ce coût. Ce qui est sensible pour toutes ces parties prenantes. Je pense donc que c’est efficace. »
« Peut-on le faire avec le moteur actuel, avec l’architecture actuelle ? Est-ce que cela nécessite un nouveau moteur, est-ce que cela nécessite une nouvelle architecture et à quoi cela ressemble-t-il ? Des groupes de travail se penchent sur ce processus en ce moment. L’objectif est toujours 2025 mais 2026, c’est plus réaliste. »
Vers un nouveau règlement aérodynamique en 2026 ?
Selon toute évidence, l’arrivée d’une nouvelle unité de puissance pourrait aussi rebattre les choses côté châssis, et ce même si le règlement nouveau arrive en 2022. La F1 pourrait en profiter pour introduire des châssis avec bien moins de traînée, pour ainsi se passer du DRS, trop artificiel.
Christian Horner confirme cette piste en parlant ainsi non du prochain règlement aérodynamique de 2022, mais de celui qui lui succédera dans cinq ans...
« Ce que vous ne pouvez pas ignorer, c’est son intégration au châssis. Cela suppose que le châssis a un peu de traînée, donc effectivement le DRS n’existera pas, ce seront des voitures incroyablement efficaces sur les lignes droites. »
« Quel sera l’effet de l’aspiration, comment cela affectera-t-il la course ? Il y a donc de nombreuses variables qui doivent être examinées en détail, mais aussi une vue d’ensemble de ce qui est la bonne direction pour la Formule 1. »
« Il y a des points de vue qui sont proches et je pense qu’il y a d’autres points de vue divergents qui seront discutés au cours des prochaines semaines. »