À l’image de Daniel Ricciardo, ou aujourd’hui de Mick Schumacher, Nico Hülkenberg a dû s’éloigner un temps de la F1, après avoir perdu son baquet en F1.
Mais comme le Honey Badger, l’Allemand a pu connaître une « dernière chance » en F1, en étant appelé par Haas F1. Et cette pause hors F1 a été éminemment profitable au moral, mais aussi à la performance générale de Nico Hülkenberg.
Le pilote Haas devance ainsi très régulièrement son coéquipier Kevin Magnussen, et ce n’est pas un hasard pour lui – car c’est un homme presque neuf, requinqué, qui pilote aujourd’hui en F1.
C’est ce que Nico Hülkenberg a confié au podcast "Beyond the Grid".
« Oui, [cette année off] m’a fait changer de perspective sur la F1. C’est vrai. Cela m’a donné le temps de réfléchir et de tout digérer, parce que saison après saison, même si la trêve hivernale dure environ deux mois, tout se passe très vite. Vous n’avez jamais vraiment le temps de prendre du recul et de tout digérer. »
« Cette période a été vraiment bonne et précieuse pour moi et, d’une certaine manière, nécessaire, car à la fin de l’année 2019, j’avais l’impression que les choses n’allaient pas très bien et qu’elles n’allaient pas dans la bonne direction. Donc, définitivement, avec le recul, c’était une pause très productive et rafraîchissante. »
« Quand vous voyez le sport depuis votre canapé, ce qui se passe, vous pensez "en fait, c’est plutôt cool ce que nous faisons là-bas, plutôt spécial, plutôt privilégié". J’ai donc l’impression de mieux l’accepter et de l’apprécier davantage. Tout est plus détendu maintenant et, évidemment, quand vous êtes pilote de Formule 1, il y a beaucoup de choses qui viennent avec. »
« Il n’y a pas que le pilotage. Le pilotage est ce que j’appelle le "produit final", ce que les gens voient à la télévision. Mais il y a tellement d’autres choses qui vont avec, avant et après. Évidemment, si vous n’êtes pas un initié, vous ne le voyez pas. Mais j’apprécie aussi beaucoup cet aspect maintenant. »
« On dirait qu’il y a de grands parallèles et beaucoup de similitudes [avec Fernando Alonso]. Je pense que c’est comme ça, parce que la F1 est très prenante. Vous avez de bons jours, vous avez de mauvais jours, et les mauvais jours ou les mauvais week-ends vous mangent, vous tombent dessus. Il faut du temps pour digérer, parce qu’en fin de compte, nous nous soucions de ce qui se passe. Nous sommes très passionnés. Nous nous donnons à fond. C’est donc parfois fatigant et épuisant. Lorsque vous prenez du recul, vous avez la possibilité de réfléchir et de digérer, mais aussi de vous rafraîchir et de vous recentrer. »
Nico Hülkenberg n’a jamais douté de sa capacité à performer
Cette pause a-t-elle fait douter Nico Hülkenberg de son talent ? De ses capacités ?
« Non, pas du tout. Je savais qu’il faudrait un peu de temps pour retrouver le rythme de la course, pour être absolument fluide et parfait dans un Grand Prix. Mais en ce qui concerne la vitesse et la capacité à faire le travail, je n’avais aucun doute. De toute évidence, j’ai fait ce travail pendant un certain temps. Je savais ce qui m’attendait, ce que je devais faire, ce qu’on attendait de moi. »
« En plus de cela, j’ai adoré les courses durant le Covid [son intérim chez Racing Point]. Ça m’a rassuré en me montrant que je peux encore le faire. Les lois et la physique n’ont pas changé, et je n’ai pas encore assez vieilli. »
Hülkenberg avait-il aussi besoin de ses succès chez Racing Point et Aston Martin F1 pour revenir en F1 ?
« En fait, pas du tout. Ce ne sont pas ces courses qui m’ont convaincu. C’est plutôt le sentiment qui s’est développé en moi après ces courses, le désir d’être de retour et de recommencer, de participer à des compétitions, de travailler. L’excitation, le travail en F1, l’adrénaline, le plaisir d’être sur la grille, de conduire jusqu’à la grille, de faire le tour de formation, le départ, les batailles roue contre roue. C’est quelque chose que l’on ne trouve pas en dehors de la F1 dans le monde normal. C’est peut-être le cas dans d’autres séries de courses, mais la F1 est le summum du sport automobile. Cela reste donc très, très attractif. »
Le Nico de 2023 est-il donc la meilleure version du "Hulk" qu’on ait jamais vu en F1 ? Est-il devenu un bien meilleur pilote de course ?
« Je ne pense pas, parce que tout au long de votre carrière, vous faites des efforts et vous voulez toujours faire de votre mieux. Mais il est évident qu’avec l’expérience, on peut devenir un meilleur pilote de course. On apprend toujours, les choses changent tout le temps, il faut donc continuer à apprendre. C’est un sport très dynamique. On progresse naturellement, mais je ne suis pas nécessairement un meilleur pilote aujourd’hui qu’il y a quelques années, avant ma pause. »
Nico Hülkenberg est revenu dans une plus petite structure encore, Haas, que ne l’était Aston Martin F1 ou Racing Point. Est-il déçu de voir la manière de fonctionner de Haas F1, notamment après ses dernières critiques au Grand Prix d’Italie ?
« J’ai l’impression que dans chaque équipe, il y a des similitudes. L’année dernière, en tant que troisième pilote chez Aston Martin, c’est devenu beaucoup plus important, une équipe beaucoup plus importante, un constructeur automobile mondial est arrivé, qui est très sérieux dans ses affaires. Il va de l’avant, recrute beaucoup de monde, investit énormément dans l’infrastructure, etc. »
« Alors oui, maintenant chez Haas, on a l’impression d’être dans une équipe plus petite et privée. On sent et on voit vraiment la différence. Je retrouve le sentiment que j’avais à l’époque de Force India. »
Les F1 2023, des monstres absolus pour Hülkenberg
L’ancien intérimaire d’Aston Martin F1 a un peu piloté ces voitures du nouveau règlement aérodynamique de 2022 ; mais connaissait bien davantage les F1 de l’ancienne réglementation, celles de 2019 notamment.
Est-ce donc le jour et la nuit entre les F1 de 2023 et celles de 2019 ?
« Oui, ces voitures sont différentes et elles ne sont pas différentes à la fois. La physique et les lois de la conduite ne changent pas vraiment. C’est toujours la même voiture à quatre roues, vous allez aussi vite que vous le pouvez dans un virage. Mais évidemment, j’ai l’impression qu’il y a plus d’appui aérodynamique maintenant, et plus de poids qu’à l’époque. La dynamique a peut-être un peu changé, mais c’est toujours le même sport, le même animal. »
« Ces voitures sont de véritables bêtes et monstres aérodynamiques, comme je les appelle, parce que ces F1 à effet de sol produisent tellement d’appui aérodynamique… surtout dans les virages à grande vitesse. C’est vraiment époustouflant et étonnant, et c’est sacrément dur pour le cou, je peux vous le dire. Mais oui, le poids, près de 200 kilos de plus, a aussi un impact massif. »