Toto Wolff a de multiples casquettes : il n’est pas seulement directeur de l’équipe Mercedes F1, mais doit se faire aussi financier, investisseur, psychologue… et psychorigide.
Commençons par la première de ses casquettes, celle qui correspond au parcours originel de Toto Wolff : le financier.
A l’inverse de la plupart des directeurs d’équipe, Toto Wolff est aussi co-propriétaire de son écurie. Il ne s’est d’ailleurs pas privé de rappeler à quel point le fait d’être co-propriétaire, était un facteur différenciateur pour lui.
« Les autres directeurs d’équipe, et je ne dis pas cela de manière arrogante, ne sont motivés que par la performance. »
Mais un financier est parfois orienté vers le court terme. C’est pourquoi Toto Wolff ajoute également :
« Cela a toujours été destiné à être un projet. C’est comme mes investissements. Vous achetez et vous vendez. La vente des parts est la raison pour laquelle je fais tout cela. »
Toto Wolff a justement songé à vendre ses parts dans l’équipe - quand il a pensé, fin 2019 ou en 2020, à se retirer de son poste actuel. Et Toto Wolff était sérieux à ce sujet. Hans Werner Aufrecht, grand ancien ingénieur de Mercedes AMG et ami de l’Autrichien, raconte une scène éclairante.
« Il était vraiment, vraiment bouleversé. Il disait : ’Que dois-je faire ? Et qu’est-ce que je fais et pourquoi ?’ Je lui ai dit : ’Toto, c’est ta vie. Tu dois faire ce que tu veux au fond de toi’. »
Et Toto Wolff confirme : « Nous avons dit : ’Nous voulons rester comme ça’, Mercedes et moi. Parce que finalement cette équipe va bien au-delà d’un simple investissement pour moi. »
Le psychologue Toto Wolff
Toto Wolff n’est pas seulement un financier dans son travail quotidien : la gestion d’une équipe, et en particulier de pilotes aux fortes individualités, l’amène aussi à travailler comme psychologue-clinicien.
Lors du Grand Prix d’Italie, George Russell, qui était sur la grille en deuxième position, n’était par exemple pas très chaud pour partir en pneus tendres, craignant une forte dégradation sous la chaleur.
Le stratège en chef James Vowles avait plaidé en faveur des pneus tendres : « Tout ce dont tu débats, George ... a été passé au crible cent mille fois dans les simulations sur ordinateur. »
Toto Wolff avait pourtant soutenu George Russell en coulisses : il a confié avoir envoyé un message à son jeune pilote pendant la réunion avec Vowles, pour insister sur le fait qu’il devait pousser ses ingénieurs à la limite. Et pour forger son caractère.
« C’est de l’amour vache. Le pilote défie l’ingénieur, et vice-versa. L’aspect psychologique, les ingénieurs ne sont pas calibrés pour le penser. Et ils ne devraient pas. C’est mon rôle. »
Toto Wolff, un bourreau de travail
Mais Toto Wolff, en plus d’être un financier et un psychologue, est peut-être aussi un maniaque dans l’âme. Ce n’est pas lui qui le dit, mais ses pairs.
Frédéric Vasseur, le patron d’Alfa Romeo, confie ainsi ceci sur Toto Wolff...
« C’est un peu un maniaque, Même pendant les vacances, il n’arrive pas à se déconnecter complètement. »
James Vowles confirme enfin cette impression générale de son patron : « Sincèrement, il réfléchit trop, c’est son gros problème. Il essaie de prendre un problème et de le penser, de le retourner, à un point qui n’est tout simplement pas possible. »