Ancien pilote de course reconverti dans l’écriture de livres portant sur l’univers automobile, Rémi Boudoul est l’auteur d’une très récente biographie consacrée à Charles Leclerc, intitulée « Le Prodige ».
Dans ce livre, le pilote Ferrari se confie en particulier sur deux des plus grands drames de sa vie : la perte de son père, Hervé, au printemps 2017, des suites d’une longue maladie ; et le décès, en juillet 2015, de Jules Bianchi, qui était le mentor de Charles.
Sur la mort de son père, Charles Leclerc évoque longuement combien celui qui était aussi un ami du père de Jules Bianchi, l’a guidé dans ses premiers tours de roue, combien il était encore un soutien de tous les instants.
Deux années plus tôt, un autre très proche de Charles Leclerc s’en était donc allé : Jules Bianchi, décédé des suites de son terrible accident au Grand Prix du Japon 2014. Charles reprit alors le flambeau du plus prometteur espoir de l’académie Ferrari, jusqu’à devenir titulaire au sein de la Scuderia…
Charles se confie ainsi dans le livre : « La disparition de Jules avait été un choc. Quelque chose de difficile à comprendre et à accepter. Perdre mon père, qui m’a tant aidé dans ma carrière, a été un autre choc. »
Charles Leclerc perdit son père le week-end même d’un meeting de F2 avec Prema : or lors de ce même week-end, il rendit le meilleur hommage possible à son paternel en finissant 1er et 2e des deux courses, dans ce contexte suprêmement difficile...
« Pour être honnête, c’était la pire façon de se préparer à une course » se souvient-il.
Mais fallait-il pour autant courir ce week-end là en F2 ?
« Mon père était mon fan numéro un, il voulait que je sois bon à chaque course, donc non, il n’y a jamais eu de doute car j’étais sûr qu’il aurait voulu que je sois là et que je gagne pour lui. »
La mort du père a fini par faire grandir mentalement Charles Leclerc, poursuit le pilote.
« C’était dur. Peu importe ce que vous faites, rien ne vous prépare au moment où vous perdez votre père. »
« Je suis devenu plus mature parce que sa perte m’a fait prendre plus de responsabilités sans crier gare, ce qui m’a fait grandir en tant qu’homme. Mentalement, je suis plus fort que jamais après avoir perdu mon père si tôt dans ma vie. C’est quelque chose qui vous change à jamais. »
Charlie et la Chocolaterie Ferrari
Charles Leclerc et Jules Bianchi étaient si proches que c’est avec Jules que Charles fit sa première visite de Maranello. Ou presque visite...
Dans le livre, le pilote de la Scuderia décrit ainsi la magie de ces premiers moments à Maranello, les comparant à un conte de fées. Mais il en retira un souvenir pourtant frustrant au premier abord - qui finit par rendre le tout plus magique encore.
« Mon premier souvenir de Maranello, c’est avec Jules. Il avait une séance photo et il a essayé de me faire entrer avec lui, mais ça n’a pas marché, alors j’ai dû attendre dehors. Mais c’est là que j’ai réalisé que la ville entière était dédiée à Ferrari. »
« Je suis resté assis dehors sur le parking pendant deux heures, en essayant d’imaginer à quoi ressemblait l’intérieur du bâtiment. Dans ma tête, j’imaginais quelque chose comme Charlie et la chocolaterie, avec les Oompa Loompas qui courent dans tous les sens. »
Le conseil de Jules à Charles
C’est d’ailleurs Jules Bianchin comme Hervé Leclercn qui donnèrent à Charles le meilleur conseil possible pour bien gérer une carrière en F1 – Charles Leclerc se souvient de nouveau.
« Je pense depuis tout petit que c’est mon père, et plus spécifiquement Jules [qui m’ont dit] de rester toujours les pieds sur terre, et pas seulement si un jour j’arrivais en Formule 1. C’est vrai que des fois il y a des moments dans nos vies où tout se passe super bien. Dans ces moments-là il faut essayer de rester les pieds sur terre et d’être le plus humble possible pour savoir où s’améliorer parce que pendant ce temps-là les autres travaillent deux fois plus pour essayer de récupérer l’écart, et ça, c’est un des meilleurs conseils que j’ai eus, que j’ai appliqué durant toute ma carrière et qui m’a souvent beaucoup aidé. »
Des conseils que Charles Leclerc a su appliquer pour savoir rester simple, estime par exemple un ami d’enfance, Joris dans la biographie : « L’argent, la gloire, les amours ne l’ont pas changé. »
Et Michel Boeri, le patron de l’Automobile Club de Monaco, de confirmer : « Je ne le connais pas intimement mais à chaque fois que je le croise, il est jovial, sympathique, modeste. Pour parler vulgairement, il ne se la pète pas. »