Les performances de Toro Rosso, aujourd’hui en essais libres, ont particulièrement agacé Renault et Cyril Abiteboul : comme nous vous le rapportions ce matin, le patron français estime qu’il n’est pas juste que Toro Rosso puisse profiter des synergies aérodynamiques avec Red Bull, et ainsi développer une voiture très efficace, même sans avoir de directeur technique, puisque James Key était en instance de départ.
Voilà un nouveau sujet de débats animés entre Christian Horner et Cyril Abiteboul, deux grands amis notoires…
Christian Horner, présent en conférence de presse aux côtés du Français, a logiquement défendu le modèle Red Bull-Toro Rosso, qui est, faut-il le rappeler, entièrement légal.
« Les bénéfices sont principalement pour les plus petites écuries. Il n’y aurait pas Haas aujourd’hui si ce modèle n’était pas disponible. La F1 est très peu abordable, elle coûte extrêmement cher. Donc Toro Rosso utilise beaucoup de composants de la RB14 [celle de 2018]. Donc c’est efficace pour eux, dans la limite de ce que permet le règlement pour l’achat de pièces. Ils n’ont pas les ressources pour designer ces pièces, ou l’infrastructure R&D, donc le coût pour eux pour faire la course est diminué en proportion. »
« C’est finalement une compensation raisonnable : si vous n’êtes pas un constructeur à part entière, vous pouvez acquérir ces pièces autorisées. Donc personnellement, je n’ai pas de problème avec cela et je sens que pour les plus petites écuries, il a été démontré que c’est efficace en termes de coût, et que cela fonctionne. »
Christian Horner estime ainsi que ce modèle d’écurie B profite plus à Toro Rosso que Red Bull… Mattia Binotto, qui avec Ferrari, a des liens très étroits avec Haas et Alfa Romeo Racing, est évidemment du même avis.
« Je suis totalement aligné avec Christian. Le modèle Haas a montré à quel point il est bon pour une telle équipe. Et je pense que c’est une bonne chose pour la F1 au bout du compte. Si nous nous penchons sur l’avenir, je pense que s’il y a des sujets d’inquiétude, c’est à nous de le comprendre, et de nous assurer de les atténuer, ou de les éviter. »
« Mais je pense que ce modèle en lui-même est le bon modèle. »
Si Toto Wolff, qui n’a pas d’écurie B officielle, dit n’avoir « rien à ajouter », Cyril Abiteboul a évidemment apporté un point de vue divergent. Même sans moteur Renault dans la Red Bull, les désaccords persistent avec Christian Horner !
« Nous pourrions passer des heures à discuter de ce sujet, mais c’est déjà un défi pour une équipe comme nous de lutter contre les trois écuries de pointe, qui ont 30 à 40 % de ressources de plus que Renault. Mais si elles sont maintenant capables de combiner leurs ressources avec celles d’autres écuries, ou de tirer profit de synergies dans la perspective d’un budget plafonné, alors, c’est un problème. C’est un problème pour nous. »
« C’est un problème pour au moins deux autres écuries dans le peloton [McLaren et Williams]. Et je ne veux pas parler à leur place. Mais cela pourrait être un problème aussi pour un nouvel entrant, qui voudrait être compétitif. »
« Donc c’est un sujet sérieux, parce que nous pourrions dire : ‘OK, nous avons trois écuries de pointe, et elles le resteront. Et toute écurie entrant en F1 devra accepter de ne pas être dans une position compétitive’. »
« Je ne suis pas là pour me plaindre ou gémir : nous connaissons le règlement, mais bien sûr, nous prêtons une grande attention à ce qui va être décidé pour 2021. Aujourd’hui, nous ne sommes pas convaincus des garanties ou gardes-fous qui ont été présentés, mais nous allons continuer à travailler avec la FIA et la FOM pour, je l’espère, obtenir un résultat plus satisfaisant. »