A l’image de Stoffel Vandoorne ou Pierre Gasly récemment, Eddie Irvine, au début des années 1990, a dû lui aussi passer par le Japon avant de faire ses débuts en F1 – en Formule 3000 japonaise à l’époque.
Après qu’il craignait manifestement d’avoir raté le virage vers la F1, le Nord-Irlandais fut soulagé à la fin de l’année 1993, quand il reçut un coup de fil d’Eddie Jordan, qui lui proposa de courir au Grand Prix du Japon. Emanuele Naspetti n’avait jamais convaincu Jordan, et Eddie Irvine se vit alors offrir une opportunité en or.
C’était la bonne pioche pour Irvine : puisqu’il avait couru au Japon, il était particulièrement familier avec la piste de Suzuka. A ses débuts en F1, il signa ainsi le 8e temps en qualifications (son coéquipier, Rubens Barrichello, était 12e). Le lendemain, Irvine confirmait avec la 6e place finale – un point pour sa première course !
« Je n’étais pas nerveux » confie, aujourd’hui, avec le recul, l’un des anciens coéquipiers de Michael Schumacher chez Ferrari.
« Je m’étais bien qualifié et ça avait eu beaucoup d’impact. J’avais regardé les courses des années précédentes et tout le monde serrait à l’intérieur au départ. Je savais que j’allais prendre l’extérieur de tout le monde, et ça a parfaitement fonctionné au départ. »
« A la sortie du deuxième virage, j’étais 4e… et j’exultais ! Je ne pouvais pas croire qu’ils étaient tous tombés dans le panneau. »
« Maintenant, vous marquez des points quand vous finissez une course. Je suis vraiment contre ça. Donc après avoir marqué des points lors de mon premier Grand Prix, quand les points sont encore plus spéciaux, j’étais vraiment heureux. »
« J’étais déjà tombé d’accord pour signer de nouveaux contrats pour rester au Japon l’année d’après, donc ce fut assez amusant. Je ne pensais pas que j’arriverais un jour en F1, mais j’ai si bien performé que les gens se sont intéressés à moi. »
Convaincu, Eddie Jordan dit banco et signa Irvine pour la saison suivante.
Lors de cette épreuve japonaise, Irvine se fit également connaître pour son tempérament, particulièrement bouillant. Ayrton Senna, leader du Grand Prix, revenait sur Irvine, alors à un tour ; mais le pilote Jordan refusa de lui céder facilement le passage (photo). Une explication entre la légende et le rookie eut lieu après l’arrivée… qui se termina par un coup de poing asséné à Irvine par Senna !
« Cet épisode a fait passer un peu inaperçus mes débuts, parce que tout le monde ne parlait plus que de cela » regrette aujourd’hui Irvine. « Je m’étais dit, ‘Jésus’, j’ai juste fini 6e lors de mon premier Grand Prix chez Jordan, qui en gros n’avait pas marqué de point depuis le début de l‘année. »
« Je ne m’incline ou ne m’inclinerai devant personne ; et je pense que c’est ce qui explique pourquoi c’est allé si loin avec Senna. Je suis toujours prêt à relever des défis, je recherche toujours une manière différente de faire les choses. Je n’ai jamais été conformiste, donc quand Senna a essayé de me remettre à ma place, le vendredi ou le dimanche, avant de me bloquer, je l’ai juste bloqué au tour d’après. »
« Peu importe qui vous êtes, je m’en moque. Je suis là pour moi, tu es là pour toi. Mais n’essayez pas de m’intimider, parce que ça ne va pas marcher. J’ai fait clairement passer le message à Senna, donc ça l’a ennuyé quand j’ai fait ce que j’ai fait en course – et c’était correct. »
« Damon Hill a vraiment bloqué Senna, pas moi. C’était sa faute. Mais c’était en raison de ce qui s’était passé le vendredi ou le dimanche que Senna s’est mis en colère. Et je pense qu’il voulait que je m’excuse. »