Pirelli est sous le feu des critiques depuis le début de saison ; le manufacturier unique est surtout critiqué par les écuries qui n’arrivent pas à placer les pneus dans la bonne fenêtre de fonctionnement, comme Haas. L’équipe américaine est celle dont les résultats pâtissent le plus du « mystère Pirelli », si bien que Günther Steiner, après le Grand Prix d’Azerbaïdjan, a publiquement fait part de son désaccord sur l’importance du facteur pneus dans la F1 contemporaine.
Mario Isola a été pressé de réagir à ces critiques, dans le paddock de Barcelone… Que répondrait le responsable de Pirelli à Günther Steiner ?
« Bakou, c’est un circuit assez unique, vous avez un asphalte qui est très lisse et qui ne va pas générer de l’énergie dans les pneus. Vous avez aussi une longue ligne droite, des températures fraîches. Les pneus perdent beaucoup en température. »
« L’an dernier, nous avions prévu de développer un produit qui ne cloque plus. Vous vous rappelez, l’an dernier en course, il y avait eu du cloquage. Et nous voulions réduire la surchauffe. C’était une demande claire des pilotes. Donc en gros, nos pneus ont été développés dans cet esprit. »
« Les fenêtres de fonctionnement sont probablement un peu plus élevées que l’an dernier. Mais nous n’avons expérimenté aucun problème à Barcelone durant les essais hivernaux. La météo était bonne, mais nous étions en février, mars. Ce fut la même chose à Melbourne. A Bahreïn, OK, j’avais discuté avec Günther Steiner. Je connais leur situation, j’espère qu’ils trouveront une solution. Mais je ne peux dire que c’est un problème commun à toutes les équipes. A Bakou, en raison de la nature du circuit, c’était un peu plus difficile de garder les pneus avant et arrière dans la bonne fenêtre de fonctionnement. Cette fenêtre ne peut être plus étroite que celle de l’an dernier, parce que n’oubliez pas que les C3 et C4 sont les mêmes pneus que l’an passé. Donc, au moins, avec ces deux composés, la fenêtre de fonctionnement est la même. »
Mais qu’en est-il des composés qui sont, au contraire, inédits cette année ? Leur fenêtre de fonctionnement est-elle en effet plus étroite ?
« Je ne pense pas que ce soit le cas. Parce que les C1 et les C2 sont légèrement plus tendres que l’an dernier. Et les C5 sont équivalents aux hypertendres de l’an dernier. Donc le principal problème avec eux, c’était le graining. Et ce nouveau composé a une meilleure stabilité, sur le plan de la motricité, avec la même fenêtre de fonctionnement – voire plus large. »
« Bien sûr, nous devons déterminer, dans les prochaines semaines, sur quels circuits nous allons utiliser ce composé. Il a été testé à Abu Dhabi, à Barcelone, parce que les équipes avaient le libre choix des pneus. Et ces nouveaux pneus, je le crois, ne sont pas plus difficiles à gérer. »
Dans l’ensemble, Pirelli voulait que les pneus surchauffent moins, pour permettre aux pilotes de davantage attaquer. De plus, les pilotes souhaitaient moins de dégradation, là encore afin de davantage forcer le rythme si nécessaire. Ces objectifs ont-ils été atteints aujourd’hui, selon Mario Isola ?
« Je crois que nous sommes sur la bonne voie. L’an passé, nous avions commencé le développement du nouveau produit avec certaines idées. Et nous voulons conclure cette phase pour 2020. »
Il faut cependant développer également les 18 pouces pour 2021, qui constituent un changement bien plus profond. Quand est-ce que Pirelli va totalement basculer ses ressources sur ces 18 pouces ?
« Nous avons décidé de continuer le développement des 13 pouces actuels jusqu’à la fin de la première partie de la saison 2020. Donc le plan est aussi de développer des nouveaux composés avec une fenêtre de fonctionnement plus grande. C’est ce qu’on nous demande. Et nous voulons aussi franchir un nouveau cap dans la construction des pneus. Ensuite, bien sûr, nous nous concentrerons sur les 18 pouces. Ce sera un défi important. »