Le duel entre Mika Hakkinen et Michael Schumacher restera comme un des plus cultes, certainement, de la décennie 1990. Le premier dans la McLaren, le deuxième dans la Ferrari, se livrèrent des joutes féroces pour le titre mondial entre 1998 et 2000 surtout.
En 1998, lors d’une refonte du règlement (notamment avec des voitures plus étroites), les McLaren apparaissent soudain comme l’équipe à battre.
Exit l’ère Williams, ce serait désormais l’ère McLaren, au moins pour deux ans. Et un personnage n’y était pas étranger : un ancien ingénieur de Williams d’ailleurs, un certain Adrian Newey, passé à Woking…
Pour la FOM, Mika Hakkinen, futur double champion du monde, s’est souvenu de ses années fastes en F1, dans la Flèche d’Argent made in Newey…
« Tout s’est mis en place. Nous avons travaillé dur pendant de très nombreuses années, et [le motoriste de McLaren] Mercedes s’est amélioré. Ils savaient qu’ils devaient équiper la McLaren du moteur le plus puissant, et que c’était notre objectif. Ils savaient que je me moquais que le moteur ne soit pas fiable tant que je pouvais dépasser tout le monde dans la ligne droite - il fallait que ce soit le plus puissant. »
« Nous avions une très belle voiture. Adrian Newey a rejoint notre équipe. Il était au centre de tout cela, donnant des instructions, travaillant avec chaque individu - et ce n’était certainement pas des gens faciles chez McLaren. Ils avaient des caractères très difficiles. C’est alors que le succès est arrivé. C’était magnifique. »
En 1999, Mika Hakkinen remporta un deuxième titre mondial, en profitant, il est vrai, de la blessure (jambe cassée) de Michael Schumacher à Silverstone.
Le titre perdu en 2000, une histoire de fiabilité ?
Mais en 2000, Michael Schumacher remporta un duel à nouveau acharné contre McLaren et Mika Hakkinen (avec notamment le fameux dépassement à Spa).
Ce qui fit la différence cette année-là selon Hakkinen ? Pas la vitesse, mais la fiabilité.
« Malheureusement, nous avons eu quelques problèmes techniques. »
« Ferrari terminait presque tous les Grands Prix et nous n’étions pas en mesure de marquer des points à chaque Grand Prix. J’ai également eu l’impression que notre développement de la voiture ne favorisait pas vraiment la performance des pneus. »
Mika Hakkinen travaillait-il autant cependant que Michael Schumacher chez Ferrari (l’Allemand était un acharné de travail à Maranello) ?
« Avec le recul, on peut se dire : "Je devrais peut-être prendre mon sac de couchage après la saison, aller à l’usine et être là du matin au soir avec les ingénieurs pour vraiment tout comprendre". »
« Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Il est toujours facile de regarder en arrière. Et si je faisais les choses différemment ? Mais le commentaire général sur cette saison était que Michael avait une voiture tellement fiable, et que si vous ne terminez pas les Grands Prix, vous ne marquez pas de points. »
2001, l’année de trop pour Hakkinen ?
En 2001, après une année éprouvante émaillée d’incidents de fiabilité, Mika Hakkinen dit "stop".
La F1, c’en était trop pour lui et il prit officiellement une année sabbatique... qui dure encore à ce jour (après notamment un retour avorté en 2004).
« J’étais finito. »
« Parce qu’en 1995, j’ai eu mon accident à Adélaïde, et j’ai eu beaucoup de mal à revenir, en gagnant deux championnats du monde. Ensuite, j’ai connu de nombreuses défaillances mécaniques. En 2001, j’ai eu une grosse défaillance technique [en Australie], le pneu avant s’est rompu à très grande vitesse. »
« J’ai eu un énorme accident que je n’oublierai jamais. Cela m’a fait penser : "Bon, Mika, tu sais ce que tu fais ? Vraiment ?" »
« Alors pourquoi ai-je pris une année sabbatique ? »
« Je pense qu’au Grand Prix de Monaco 2001, j’ai dit à Ron Dennis : "Ne perds pas de temps, je ne peux pas continuer. C’est trop. Psychologiquement, c’est trop. Et je sens que je ne peux pas me donner à 100% tout le temps. Et si je ne peux pas me donner à 100 %, alors je ne rends service à personne". »
« Je pense que lorsque j’ai pris ma retraite, je me suis déconnecté, je ne voulais pas penser à la Formule 1 - mais la F1 est la meilleure chose qui soit arrivée pour moi. Ce qui s’est passé dans ma vie est la meilleure chose qui soit parce que j’ai vu toutes ces expériences de communication avec les gens, de gestion de la pression, de victoire, de défaite, de travail d’équipe, j’ai vu le monde entier. Quelle méga, méga expérience. »