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‘Je devenais fou’ : du Mexique à la F1, l’incroyable épopée de Sergio Pérez

Appels à 3h du matin, factures dingues de téléphone, choc culturel…

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Arriver en F1 est un véritable parcours du combattant ; mais pour un pilote d’Asie ou d’Amérique du Sud, cela l’est plus encore. Cette difficulté à non seulement percer mais d’abord, arriver en Europe, est celle à laquelle Sergio Pérez a été confrontée durant toute sa jeunesse.

Dans un poignant récit à The Players Tribune, Sergio Pérez a livré les détails de sa véritable épopée, du Mexique au Royaume-Uni – montrant combien il avait peut-être plus de mérite que d’autres pilotes.

Pour l’actuel pilote Red Bull, ce qui l’a d’abord servi, c’est le fait de croire en ses rêves – cela peut paraître cliché, mais c’est aussi indispensable quand on veut forcer l’invraisemblable à devenir vraisemblable.

« Il y a d’innombrables pilotes dans le monde entier qui veulent courir en Formule 1, vous savez ? Seuls 20 peuvent le faire à un moment donné. »

« Pour devenir l’un d’entre eux, bien sûr, il faut avoir de la chance.

« Mais il faut aussi être un peu fou. »

« Je pense que cette "bonne" sorte de folie m’a beaucoup aidé. Il y a définitivement une propension à la folie qui court dans la famille. C’est donc dans mon sang. »

« Mais la Formule 1 ? Quand j’étais enfant, je n’y ai jamais pensé. Il n’y avait pas de pilotes mexicains. Je courais juste parce que j’aimais ça. »

Il raconte un parcours du combattant qui force l’admiration

Le rêve de Sergio Pérez faillit cependant se briser en raison d’un crash où il fut victime d’une certaine inimitié personnelle...

« Je menais le championnat de formule junior mexicaine, mais j’ai eu un accident avec un type qui était très puissant au sein de la fédération mexicaine. Pour faire court, ils m’ont retiré ma licence. »

« J’étais out… Le championnat était terminé. Je ne le savais pas encore, mais ce serait ma dernière course au Mexique avant plus de dix ans. »

« Heureusement, Telmex a découvert ma situation et m’a quand même fait passer un test. À 14 ans, j’ai fini par courir pour eux dans le Skip Barber National Championship aux États-Unis et j’étais heureux. Un jour, cependant, j’ai rendu visite à mon frère, qui avait déménagé au Royaume-Uni pour courir en Formule 4. J’ai vu à quel point les choses étaient professionnelles là-bas, et j’ai réalisé que tous les meilleurs pilotes étaient en Europe. »

« Soudain, je ne voulais plus courir qu’en Formule 1. »

« D’une manière ou d’une autre, je devais aller en Europe. »

Mais du rêve à la réalité, il y avait encore un monde. Le premier obstacle, le principal, c’était bien entendu l’obstacle financier. Comment Sergio Pérez s’y est-il pris pour alors attirer l’attention d’une équipe ? Par le bluff !

« C’était très délicat. Il fallait qu’une équipe me donne un contrat. C’était super cher, donc j’avais besoin d’un sponsor. J’étais tout seul, et je n’avais aucune idée de comment faire. »

« Mais là, j’étais complètement obsédé. Alors j’ai commencé cette folle routine. Quand j’étais de retour au Mexique, je me levais tous les jours à 3 heures du matin et j’appelais les équipes de course en Europe. Aujourd’hui, c’est facile, non ? Il suffit de trouver les détails en ligne. Il y a vingt ans, c’était beaucoup plus difficile. J’appelais les équipes dans un anglais approximatif et je les suppliais de me donner une chance. J’écrivais des courriels. J’envoyais des fax au milieu de la nuit. Grâce à un site de traduction en ligne, j’ai mis au point un script que je collais dans mes e-mails ou que je lisais au téléphone. »

« Je crois que mon discours digne d’une musique d’ascenseur ressemblait à ça : Bonjour, je suis Sergio Pérez, Je suis un pilote mexicain, TRÈS rapide... et j’ai un sponsor. »

« Le sponsor était important, car s’ils savaient que j’avais de l’argent, ils seraient intéressés. Bien sûr, je n’en avais pas vraiment, mais je pourrais le dire plus tard. »

Des appels au téléphone... coûteux

Appeler toutes ces équipes en Europe, par téléphone, a cependant conduit Sergio Pérez à une mésaventure... Il raconte ce moment où sa mère était allée le chercher pour lui passer un savon au vu des factures !

« Ma mère est très facile à vivre. Mais un jour, elle me cria dessus… »

« Elle me dit : "Qu’est-ce que tu as fait avec le téléphone ?" »

« Je lui réponds : "En fait, j’ai appelé des équipes de course en Europe....."

« Elle me dit : "T’es dingue ? TU SAIS COMBIEN C’EST CHER ????" »

« Elle était folle de rage ! J’ai pensé qu’elle exagérait peut-être, mais quand j’ai vu la facture... wow. Les appels coûtent 10 fois plus cher que la normale. Je suppose que toutes les heures passées en ligne et les fax de minuit n’ont pas aidé. Alors oui, elle était super en colère. »

« Elle ne comprenait pas ce que je faisais. Pour elle, j’étais un gamin qui gaspillait de l’argent en jouant avec le téléphone. Quand je lui ai expliqué que je poursuivais ce rêve, elle s’est assurée que les appels vers l’Europe étaient bloqués à la maison. »

« C’était un cauchemar, parce que je ne pouvais plus envoyer que des emails. Avec le recul, je pense que j’aurais pu dire : Checo, c’est fou. Faisons autre chose. »

« Mais disons que je suis resté online. Un jour, je suis entré en contact avec un type nommé Günther Unterreitmeier, qui dirigeait une petite équipe de Formule BMW allemande. Son anglais était presque aussi mauvais que le mien, mais grâce à un de mes amis qui parlait allemand, j’ai compris qu’il me faisait une proposition très bon marché. Alors, bien sûr, j’ai accepté. Je n’avais pas seulement un petit budget - je n’en avais pas. »

« J’étais au paradis. J’avais enfin une porte d’entrée en Europe. »

Le choc de l’outre-Atlantique

Après avoir longuement insisté auprès de Carlos Slim, le milliardaire mexicain des télécommunications, Sergio Pérez finit par obtenir, de guerre lasse, un accord de sponsoring.

Ce fut alors l’arrivée en Europe… et le premier gros choc culturel.

« Quand j’ai atterri, j’ai rencontré Günther pour la première fois. Je lui ai presque demandé : "Alors, où sont tous les pilotes ?" Nous avons conduit pendant environ 40 minutes jusqu’à l’endroit où j’allais vivre. En regardant par la fenêtre, j’ai remarqué que les immeubles étaient de plus en plus petits. Les couleurs étaient de plus en plus vertes. Bientôt, je me suis dit : Quoi ? Il n’y a même pas de maisons ici ? ! »

« Nous sommes descendus dans un petit village. C’était ma nouvelle maison. »

« Des champs. Des arbres. Des tracteurs. J’étais complètement choqué. »

« Personne ne m’avait expliqué que j’allais vivre comme ça. Vous devez comprendre à quel point cela a été difficile pour moi. J’étais habitué à Guadalajara, une ville de 1,5 million d’habitants. J’étais le plus heureux quand je traînais avec mes amis, comme tout autre enfant mexicain. Je suis latin, donc très proche de ma famille. J’ai besoin de gens autour de moi. »

« J’étais en train de m’enregistrer dans cet hôtel, là où tous les camionneurs s’arrêtaient. J’étais seul. Je n’avais rien à faire. Appeler à la maison était trop cher. Je n’avais pas d’internet. Même si je rencontrais des gens, je ne parlais pas allemand et très mal anglais. Mon seul ami était Günther, que je ne voyais que le week-end. Le reste de la semaine, je tuais le temps à la salle de sport. »

« Après trois jours, je devenais déjà fou. »

La vie de Sergio Pérez s’est ensuite accélérée : déménagement, F3 britannique, GP2... Le Mexicain passe très vite sur ces années où tout s’est ensuite débloqué pour lui.

« Les années suivantes, tout est allé très vite. À 17 ans, je suis parti à Oxford pour courir en Formule 3 britannique. Deux ans plus tard, j’avais de bons résultats dans la série GP2. »

« Après ma deuxième saison là-bas, j’ai obtenu un contrat chez Sauber. »

« Tout à coup, j’étais en Formule 1. »

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