Ayao Komatsu, le responsable de l’ingénierie en piste de l’équipe Haas F1, évolue à domicile ce weekend à Suzuka en tant que Japonais. Il s’agit donc d’un évènement particulier et différent pour lui.
"C’est très différent, car les fans japonais sont extraordinaires. Je pense que l’année dernière, avec le COVID, ils ne pouvaient toujours pas faire la promenade dans la voie des stands, mais cette année, ils ont pu le faire, et c’est si bon de revoir les enfants. Il y a toujours des enfants de l’école primaire qui préparent des cadeaux pour chaque équipe. C’est incroyable, je pense que l’ambiance est excellente. C’est génial !"
Avant de travailler en F1, Komatsu ne s’était en revanche jamais rendu à Suzuka.
"Non, je suis originaire de Tokyo et je ne suis jamais venu voir une course de Formule 1 auparavant, mais en la regardant à la télévision, à l’époque de Senna contre Prost, j’ai des souvenirs de l’accident de la chicane et de l’accident du virage 1. C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à la Formule 1. C’est le premier souvenir que j’ai."
Pour en revenir à la piste et à la dernière course ayant eu lieu à Singapour, Haas F1 a connu un weekend positif avec de très bonnes qualifications et le point ramené par Kevin Magnussen le dimanche, Komatsu expliquant que les résultats avaient été meilleurs que prévu, notamment pour ce qui est de la performance sur un tour.
"Je pense qu’en comprenant les faiblesses et les forces de notre voiture, nous nous attendions à être plus compétitifs à Singapour, mais mon espoir avant d’arriver à Singapour était d’avoir au moins une voiture en Q3. Je pensais que si nous faisions du bon travail, nous pourrions avoir les deux voitures en Q3, mais la sixième place de Kevin, nous ne nous y attendions pas, donc c’était mieux que prévu."
Outre son point marqué le weekend dernier, Magnussen compte également deux meilleurs tours en course dans sa carrière sur la Marina Bay. Comment Komatsu explique-t-il les bonnes dispositions du pilote danois sur ce tracé urbain ?
"Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. Son style de pilotage est très fort au freinage et en entrée de virage, et sur certains autres circuits où la voiture subit une entrée de virage combinée, il a plus de mal avec ça, alors qu’à Singapour, ce genre de circuit, sa force en entrée de virage est très payante, parce que la phase de virage est assez courte, donc il a toujours été fort là bas."
La course de Suzuka devrait "exposer les faiblesses de la VF-23"
Le Japonais évoque maintenant ses attentes pour la course de demain, ainsi que le retour à des pneus plus durs ce weekend.
"Je ne pense pas que le retour à des gommes plus dures affecte la voiture. C’est plutôt le type de virages que nous avons ici. C’est là que la faiblesse de la VF-23 pourrait être exposée. Des courbes telles que les virages 11, 13 et 14, c’est là qu’il faudra vraiment gérer. Ce ne sont donc pas les pneus qui sont en cause, mais plutôt les caractéristiques des virages."
On peut donc s’attendre à voir Magnussen et Nico Hülkenberg souffrir ce dimanche, sur un tracé particulièrement exigeant avec les pneumatiques et à l’image de ce qui s’est passé tout au long de la saison.
"Lorsque vous avez des pneus neufs, une adhérence supplémentaire, vous pouvez masquer de nombreuses faiblesses de la voiture, alors que lorsque vous faites un long relais en course, ces petites faiblesses que vous pouvez masquer en qualifications sont complètement exposées - et c’est cumulatif. Ainsi, la caractéristique à laquelle vous pouvez survivre pendant un, trois ou cinq tours devient très apparente, et c’est la faiblesse. Pourquoi est-ce difficile ? Je pense qu’avec le concept de la voiture que nous avons, et que nous avons essayé de développer, d’améliorer, nous n’avons pas vraiment trouvé la solution. Alors oui, c’est pour ça que c’est difficile."
Tous les espoirs sont donc tournés vers Austin pour la fin de saison, puisque Haas F1 y introduira une version très évoluée de la VF-23.
"Austin, c’est un énorme effort de la part de l’usine pour y arriver. C’est une grosse mise à jour, mais en termes de rythme, ce n’est pas vraiment ça, si vous voulez. C’est plutôt nous qui le faisons, et c’est un concept différent, donc nous apprenons autant que possible, donc faire cet apprentissage cette année avant de lancer la voiture de l’année prochaine, c’est assez important. Je ne peux donc pas dire avec certitude qu’en termes de performances en qualifications ou en course, nous serons plus rapides, mais en termes d’apprentissage et de caractéristiques différentes de la voiture, je pense que nous avons fait pas mal de choses. Il est donc très important que nous le fassions."
Pour autant, et comme Günther Steiner avant lui, Komatsu ne veut pas parler d’une version B de la monoplace.
"Je pense qu’officiellement, nous ne la considérons pas vraiment comme une voiture B. Il s’agit d’un changement de châssis, d’une entrée d’air latérale, d’un plancher, donc c’est assez important. Nous n’avons pas d’aileron avant ou arrière, mais les caractéristiques aérodynamiques sont très différentes de ce que nous avons ici."