L’un des principaux objectifs des F1 de 2022 était de réduire la traînée aérodynamique, afin que les voitures ne se gênent plus en virages et que les perturbations soient moindres. Sur l’ensemble des courses cette année, cela a permis de voir des luttes intenses avec des écarts faibles.
Mais au Mexique, avec l’air moins dense, ces caractéristiques ont joué en défaveur du spectacle. On savait déjà, depuis le début de saison, que l’aspiration était réduite et que cela créait plus de difficultés à dépasser.
A Mexico, avec les 2200 mètres d’altitude, ce manque de traînée a encore plus réduit la quantité d’air qui arrivait sur les monoplaces suivant de près une autre voiture. En conséquence, entre l’absence d’air et le fait qu’il soit plus dense, les pneus et les freins surchauffaient plus facilement, ce qui a réduit la capacité à dépasser.
"Ce circuit est plutôt un circuit à faible dégradation des pneus, avec une surface très lisse, de très faibles charges, et pas beaucoup de virages à haute vitesse" a expliqué le directeur de la performance d’Aston Martin, Tom McCullough.
"Donc, historiquement, la dégradation a toujours été très faible. Le graining est toujours un peu un sujet avec les pneus de cette année, surtout avec la très faible adhérence. Nous avons vu du graining avant le vendredi pour la plupart des gens, mais typiquement ça se réduit pendant le week-end."
Les pilotes Alfa Romeo F1 ont confirmé ces problèmes. Guanyu Zhou a expliqué que la piste "glissait énormément" et qu’il peinait à trouver de la confiance. De son côté, Valtteri Bottas a révélé qu’il avait dû prendre soin de ses freins dès qu’il s’est retrouvé derrière Fernando Alonso.
Profiter de l’air pur pour gagner du temps
La faible dégradation réduit encore plus les disparités de rythme, ce qui empêche les pilotes de se retrouver dans une situation dans laquelle ils pourraient avoir un avantage net. Seul Esteban Ocon a par exemple profité de la mise en température des gommes pour avoir un gros avantage en motricité face à Bottas.
Mais avec cette dégradation très légère et un air sale qui fait surchauffer gommes et freins, le tout couplé à un phénomène d’aspiration très restreint, la mission consistant à dépasser était, pour les pilotes, quasiment impossible.
"C’est une course thermique, et l’air sale est terrible ici parce que les freins chauffent, ce qui rend les pneus chauds" a expliqué Alexander Albon. "L’appui est évidemment en baisse aussi, et vous avez vraiment besoin d’air propre pour prendre soin des pneus."
"Mais tout le monde gère tellement que vous vous retrouvez en fait dans cette sorte de course processionnelle où tout le monde peut rouler en gérant les pneus. Nous avons bien fait de trouver les moments avec de l’air pur dans notre stratégie."
Le pilote Williams s’est élancé 17e et a pu remonter jusqu’à la 12e place en fin de course, à la fois grâce à une bonne stratégie, mais aussi parce qu’il a pu faire fonctionner ses pneus tendres sans être dans le trafic. Pendant ces phases, il avait un rythme meilleur que les pilotes roulant en groupe et devant économiser leurs pneus.
"Et en fait, ce qui a vraiment changé notre course, c’est d’avoir pu dépasser Sebastian [Vettel] parce que je pense que cela nous a permis d’avoir de l’air propre pour les pneus et de continuer à attaquer pour remonter."