En 2004 lors de la première course à Bahreïn, en 2011 lors des printemps arabes et de la révolution avortée à Manama (le Grand Prix ayant été annulé cette année), et en 2021 avec la question des droits de l’homme portée par Lewis Hamilton, le Grand Prix se tenant à Sakhir a plusieurs fois soulevé la controverse.
Lewis Hamilton avait par exemple reçu des lettres d’opposants et de militants politiques, lui priant de lever la voix pour défendre les droits à Bahreïn. Le pilote Mercedes a tenu à garder ses initiatives en privé, et a remporté le Grand Prix cette année.
Bernie Ecclestone a été l’homme qui a porté le Grand Prix de Bahreïn au calendrier. Il a raconté en détail pour le média Middle East Eye pourquoi il avait fait ce choix. En se défendant aussi sur la question des droits humains…
« Au final, j’ai rencontré tous les manifestants, je me suis vraiment assis avec eux et je leur ai parlé. Je leur ai dit à l’époque : ’Ce que vous cherchez, c’est une révolution, vraiment’. C’est ce qui se passe normalement. Et ensuite, vous attaquez la couronne et vous vous emparez du pays. J’ai dit que c’était la seule chose que vous puissiez faire. »
Bernie Ecclestone raconte même qu’il voyageait à Bahreïn, rencontra,t des opposants politiques à son hôtel, " avec des prétendus gardes du corps. "
Le Grand Argentier ne le cache pas, il a choisi Bahreïn pour des raisons commerciales...
« Cela faisait des années que l’on se disait championnat du monde, alors que nous étions un championnat européen. J’ai pensé que Bahreïn serait formidable. C’est une autre partie du monde. Normalement, les gens n’auraient aucune raison d’y aller. Donc nous avons ouvert la porte aux gens qui font des affaires... en utilisant le sport pour ouvrir des portes qui n’auraient probablement jamais été ouvertes. »
« Personne ne croyait qu’il y aurait un jour une course dans cette partie du monde. Bahreïn a eu le courage de le faire. J’ai dit au prince héritier - il avait ouvert la porte aux pays du Moyen-Orient - nous ne courrons nulle part sans votre bénédiction. Alors quand il s’agissait de rencontrer Abu Dhabi pour discuter de tout, je leur ai dit que vous deviez obtenir l’accord de Bahreïn. »
« Financièrement, les gens avec qui nous traitons dans cette partie du monde valorisent les choses différemment de ceux qui sont là depuis des années… »
« C’est ce que vous vouliez faire, utiliser la marque pour promouvoir le pays, et c’est ce qu’ils voulaient faire évidemment. Cela nous convenait et cela leur convenait. Il faut en payer le prix. Ils ont réalisé que c’était bon marché de toute façon pour la quantité de publicité qu’ils ont obtenue. Nous savions tous exactement ce que nous faisions. Et par chance, je pense, ça a bien marché. »
Le prince héritier Salman a pris contact avec Ecclestone, qui a trouvé que le jeune prince était une "personne très sympathique" et un "très bon leader".
« Il était complètement derrière tout ça parce qu’il a compris que ce serait la meilleure chose qui puisse arriver pour le pays. Il s’agissait de mettre en avant ce qui était le mieux pour tout le monde. »
Du reste la question des droits humains n’a jamais été très chère aux yeux de Bernie Ecclestone. Il trouve ainsi que le problème en Europe, c’est qu’il y a " bien trop de démocratie. "
« Poutine est un autre de ces gars qui font exactement ce qu’ils disent qu’ils vont faire. Ils ne changent pas d’avis à mi-chemin. Ils font en sorte que ça marche. »
Mais si Lewis Hamilton venait à hausser la voix dans le futur, le Royaume du Bahreïn ne serait-il pas disposé à demander à Mercedes de ne pas faire courir son pilote selon Bernie Ecclestone ?
« Ils ne semblent pas l’être [dérangés par Hamilton]. Ils ne seraient concernés que si c’était politiquement difficile pour eux et si ça faisait baisser leur valeur financière. »