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L’Afrique du Sud, Kyalami et la F1 : chronique d’un échec annoncé

Un projet irréaliste dès le départ

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La nouvelle est tombée (voir notre article), la F1 ne retournera pas en Afrique du Sud et à Kyalami en 2024 (et probablement pour les prochaines années encore).

Le projet de Grand Prix, qui était dans les cartons, n’a pu être dûment finalisé et c’est finalement le Grand Prix de Belgique, un temps menacé, qui a été prolongé.

Cet échec pour Kyalami décevra certainement les voix du paddock qui pensent (à raison) que pour être un véritable championnat du monde, la F1 devrait courir sur tous les continents (ce qui n’est plus le cas en Afrique depuis 1993 donc) ; et la nouvelle constitue d’ailleurs un échec aussi pour Liberty Media et Stefano Domenicali, qui n’ont jamais caché vouloir partir à la conquête de l’Afrique, marché qui reste encore largement à explorer.

Parmi les déçus figurera en premier lieu Lewis Hamilton : le pilote Mercedes a toujours été un fervent supporter du retour de la F1 à Kyalami. « Celui que je veux vraiment voir, c’est l’Afrique du Sud. C’est le prochain Grand Prix que je veux entendre annoncer. Eh bien, nous sommes à peu près sur tous les autres continents, alors pourquoi pas. En fin de compte, mes ancêtres sont de là-bas, donc c’est important pour moi personnellement, et c’est important pour le sport d’y aller » confiait-il ainsi récemment » confiait-il ainsi récemment.

La vraie-fausse excuse de la Russie ?

La F1 n’a pas justifié clairement et officiellement les raisons de l’échec du projet de Kyalami : mais en interne, on arguerait que les renforcements des liens militaires entre Afrique du Sud et Russie justifieraient un tel choix.

Faut-il se satisfaire de cette explication ? A vrai dire pas vraiment, pour deux explications.

La première : l’Afrique du Sud n’est pas le seul pays au monde à garder des relations plutôt fortes avec la Russie.

L’Arabie saoudite, les Émirats Arabes unis, l’Azerbaïdjan, la Hongrie, gardent tous, à des degrés divers, des liens économiques, militaires ou culturels avec la Russie, sans que cela ne menace leur position au calendrier F1 à l’heure actuelle.

La deuxième : l’Afrique du Sud a très probablement échoué à revenir au calendrier non pas en raison d’explications géopolitiques, mais économiques et sociales.

L’Afrique du Sud traverse en effet actuellement une grave crise sociale (32,7 % de la population est au chômage selon les derniers chiffres) et énergétique : les coupures de courant sont très, très nombreuses, entravent la vie du pays, au point que l’état de catastrophe nationale (comme au temps du Covid) ait été déclenché par le gouvernement. Sans compter sur les scandales et soupçons de corruption, fréquents dans le pays, et qui poseraient aussi quelques inquiétudes pour le financement public du projet de Grand Prix…

Un pilote sud-africain relatait ainsi récemment son scepticisme sur ce projet de Grand Prix : « Pourquoi cette obsession ? Nous [l’Afrique du Sud] sommes bien trop pauvres ; voyez la dévastation à cause des inondations, les délestages et les coupures de courant, etc. »

Un projet irréaliste économiquement dès le départ ?

Dans ce contexte, il aurait été bien difficile pour le gouvernement ANC de justifier les lourds investissements nécessaires pour mettre en place le projet de Grand Prix.

Car le circuit de Kyalami n’a pour le moment que le grade 2 de la FIA ; les tribunes ne comptent que 20 000 places ; les stands, les garages sont à refaire ; et il faudrait encore régler une addition sans doute allégée, mais tout de même salée à la FOM et Liberty Media. Bref, l’Afrique du Sud a sûrement d’autres priorités à l’heure actuelle.

Et si ce financement eût été possible avec l’aide de quelque sponsor, on se doute que l’opinion publique aurait eu du mal à avaler l’engloutissement de millions dans un projet considéré comme non-indispensable.

En somme, le projet de Grand Prix en Afrique du Sud était comme destiné à l’échec ; et on peut même regretter que la FOM ou les promoteurs de la course n’aient pas su être lucides plus tôt, pour éviter de faire naître des espérances irréalistes en la matière.

Pour l’Afrique, la piste d’un Grand Prix en Tanzanie, qui a émergé récemment (voir notre article) semble plus prometteuse et plus solide à l’heure actuelle, et qui plus est dans un environnement plus stable.

Une autre piste pourrait être de se tourner vers le circuit international Moulay El Hassan – un circuit urbain temporaire dans les rues de Marrakech, où la Formule E a couru, et dans un pays au contexte social et économique certes problématique, mais surmontable.

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