L’ancien directeur juridique d’Alpine F1, Pierre Chauty, a fortement dénoncé le management de l’équipe française, dénonçant ses actions comme ses inactions.
Chauty prend la plume sur son compte LinkedIn pour donner quelques éclairages sur les problèmes remontant clairement au PDG du groupe Luca de Meo et l’ancien PDG d’Alpine, Laurent Rossi.
"Je suis profondément découragé et en colère par la récente décision d’Alpine de se séparer des moteurs Renault F1 et de se tourner vers Mercedes. En tant qu’ancien employé, ce résultat me frappe particulièrement fortement."
"Cette situation est le résultat direct du leadership désastreux de Luca de Meo, PDG du groupe Renault. L’incapacité de De Meo à reconnaître et à corriger les erreurs commises par Laurent Rossi pendant plus de deux ans et demi est inexcusable. Le manque de reconnaissance de ses propres échecs par De Meo et son manque de jugement dans la nomination de Rossi ont considérablement porté préjudice à Alpine et à l’ensemble du groupe Renault. De plus, De Meo n’a même pas eu le courage d’annoncer lui-même la fin de la production des moteurs F1, ce qui reflète sa lâcheté et son évitement de responsabilité."
"En parlant de lâcheté, le mandat de Laurent Rossi en tant que PDG d’Alpine est un autre exemple de mauvais leadership et de manque total d’humanité. Il a licencié de nombreux employés pour des raisons purement politiques, ciblant ceux qu’il jugeait trop proches de la direction précédente, sans même avoir la décence de leur parler en personne, laissant le sale boulot aux RH (et, évidemment, sans aucune considération pour les services concernés). Le mépris de Rossi pour les politiques de conformité interne et ses normes éthiques misérables ont encore aggravé la situation. Ses décisions ont entraîné une perte importante de talents et d’expérience, conduisant la marque et l’équipe de F1 dans la situation difficile qu’elles connaissent actuellement."
"Alain Prost a publiquement dénoncé l’incompétence et l’arrogance de Rossi, soulignant comment son leadership a perturbé la progression de l’équipe. Les critiques d’Alain trouvent un écho chez beaucoup d’entre nous qui avons été témoins de première main des troubles internes. J’apprécie ses efforts pour mettre ces problèmes en lumière, car il était la seule personne ayant suffisamment de légitimité et de notoriété pour attirer l’attention (sans parler de la liberté légale de le faire…)."
"Au cours de mes derniers mois chez Alpine, j’ai moi-même soulevé de nombreuses préoccupations éthiques et remis en question la direction que nous prenions. J’ai même envisagé d’aller voir les médias, mais à l’époque, personne ne semblait s’en soucier. Avec le recul, je regrette de ne pas avoir pris des mesures plus décisives, qui auraient pu attirer davantage l’attention sur la mauvaise gestion et peut-être éviter certains de ces faux pas, même si je suis assez cynique pour croire que personne ne s’en serait vraiment soucié et que le seul effet positif aurait été sur mon ego."
"Au-delà des considérations personnelles, le partenariat entre Alpine et Mercedes peut apporter des avantages techniques, mais les conséquences humaines sont désastreuses. La perte de personnel qualifié et expérimenté est un revers dont Alpine et potentiellement le Groupe Renault ne se remettront pas, et l’impact sur les plus de 500 employés de Viry-Châtillon, y compris de nombreux sous-traitants qui seront licenciés presque immédiatement sans aucun filet de sécurité, est déchirant."