2 points : c’est tout ce qui sépare Carlos Sainz de Charles Leclerc au classement pour le moment. Ce si faible écart n’était peut-être pas attendu, tant Charles Leclerc avait écrasé Sebastian Vettel l’an dernier et posé sa patte sur la Scuderia.
Et pourtant depuis quelques courses, discrètement mais très solidement, Carlos Sainz fait son trou chez Ferrari. C’est lui qui était là, à Monaco, pour rattraper le coup après la bévue de Charles Leclerc en Q3 et ainsi assurer une 2e place remarquable sur le Rocher (il est d’ailleurs le seul pilote Ferrari ayant terminé sur le podium jusqu’à présent). Encore lui qui, lors des deux courses en Autriche, a dominé un Charles Leclerc notamment trop agressif et impatient (pour le premier Grand Prix en Styrie).
En bref, depuis Monaco, Carlos Sainz a marqué presque deux fois plus de points (40 contre 22) que Charles Leclerc : il est donc l’homme en forme de la Scuderia, le dimanche. Comme un symbole, d’ailleurs, des consignes d’équipe chez Ferrari ont profité à Carlos Sainz en Autriche (qui était sur une stratégie différente), Charles Leclerc le laissant passer sans discuter.
« 6e, 5e, ça commence à être un peu plus le Carlos que je veux être chez Ferrari et nous commençons à exécuter les courses de la façon dont nous voulons les exécuter » se réjouissait-il ainsi après l’Autriche.
Et le samedi ? Sainz progresse aussi. Il s’est ainsi payé le luxe de dominer Charles Leclerc au Red Bull Ring – alors que le Monégasque est un prodige des qualifications (record de poles en 2019).
Le Carlos Sainz très solide que l’on connaissait chez McLaren et qui, pour rappel, avait battu un Lando Norris si excellent cette année, est au rendez-vous. Du reste est-ce si étonnant ? Il faut se souvenir que chez Toro Rosso, Carlos Sainz n’était pas très loin en performance pure de Max Verstappen. Et quand on voit où est Max aujourd’hui…
Le champion de l’adaptation
Cette performance de Carlos Sainz est d’autant plus remarquable que l’Espagnol fait partie des pilotes ayant changé d’équipe cette année. Sebastian Vettel, Fernando Alonso, Sergio Pérez, tous ont connu un long temps d’adaptation dans leur nouvelle monoplace. Daniel Ricciardo n’a d’ailleurs, lui, toujours pas trouvé la clef.
Des pilotes transférés, Carlos Sainz est sûrement celui qui s’est le plus vite adapté à sa nouvelle monture. A quoi est dû ce talent d’adaptation ?
Tout d’abord, comme Carlos Sainz le rappelle, la carrière heurtée du pilote, amené à changer d’équipe tous les deux ans voire en cours d’année (passage de Toro Rosso à Renault), lui a permis de développer un certain talent d’adaptabilité : « Oui, au début, quand je suis passé de Toro Rosso à Renault, j’ai pensé ’bien, ok, ces deux voitures sont complètement différentes, mais peut-être que c’est un cas isolé’, mais ensuite, en passant de Renault à McLaren, c’était à nouveau des voitures complètement différentes, et ensuite de McLaren à Ferrari, c’était à nouveau complètement différent. Donc ça m’ouvre un peu les yeux de voir à quel point tout est différent entre ces quatre équipes, pour réaliser à quel point vous devez vous adapter de cette façon. Je suppose que j’ai un peu d’expérience avec le fait d’avoir été dans quatre équipes différentes en cinq ou six ans, ce qui m’a évidemment donné cette conscience, cet état d’esprit ; mais je dirais que c’est plus une question de détails. »
Il y a aussi un grand dévouement, une grande attention au travail – à l’image peut-être de Fernando Alonso chez Alpine. Carlos Sainz a ainsi déménagé tout près de Maranello et est très assidu à l’usine… notamment pour « espionner » les trucs et astuces de son coéquipier Charles Leclerc qui connaît si bien la maison : « Je passe juste du temps à l’usine, comme vous le savez tous, et j’essaie de comprendre chaque détail de la voiture, comment la conduire. Pour voir aussi pourquoi Charles est si rapide en qualifications ; et j’essaie de comprendre ce qu’il fait pour être si rapide, j’essaie d’apprendre de ça. »
En somme l’adaptation rapide de Carlos Sainz n’a rien d’étonnant : talent pur, capacité d’adaptation, dévouement au travail, voici la recette du succès. Mattia Binotto, qui comptait faire de Carlos Sainz un « lieutenant » de Charles Leclerc, aura-t-il bientôt des migraines ?