Présent pour la dernière fois à titre officiel en 2004 avec Jaguar Racing, Ford reviendra en F1 en 2026 avec Red Bull Racing. L’histoire du constructeur américain en catégorie reine remonte à la fin des années 60, et elle est parsemée de plus ou moins bons moments.
Du partenariat avec Cosworth jusqu’à une présence officielle en tant que constructeur, l’ovale bleu a passé de nombreuses décennies en F1, ponctuées par 176 victoires, 13 titres pilotes et dix titres constructeurs.
Ford finança un des meilleurs moteurs de l’Histoire
En 1967, fort de ses succès au Mans, Ford décida de financer un moteur qu’il fit construire par Cosworth en F1. Naquit ainsi le fameux bloc DFV, qui fit les beaux jours de Cosworth et des équipes qu’il fournissait pendant près de deux décennies.
En effet, le DFV fut utilisé entre 1967 et 1984 en F1, remportant à lui seul 155 des 176 victoires de Ford en catégorie reine. Ce V8 à 90 degrés eut une longue carrière qui permit à Ford d’appliquer son badge sur toutes ses victoires, y compris aux Etats-Unis, où le DFV et ses variants rencontrèrent également le succès.
A partir de 1986, Ford et Cosworth développèrent un moteur turbo qui ne rencontra pas le succès escompté. Par la suite, Cosworth développa une toute nouvelle génération de V8 nommée HBA, qui équipa les Benetton dès 1989, puis Jordan en 1991, avec un certain nombre de victoires.
Le retour des succès dans les années 90
De nombreux succès vinrent en 1992 puis 1993 avec Michael Schumacher (photo ci-dessus) et Ayrton Senna, respectivement chez Benetton et McLaren. Mais c’est en 1994, en développant l’EC Zetec-R, que Ford et Cosworth retrouvèrent le chemin des titres mondiaux.
Cette année-là, le "petit" V8 résista en effet au V10 Renault et Michael Schumacher fut champion. Malheureusement, Benetton rallia les rangs de Renault et le tout nouveau V10 de la marque fut utilisé par Sauber, qui n’en tira pas toute la quintessence, en plus d’en subir la fragilité.
Après cela, Ford s’allia à Stewart Grand Prix (photo principale de l’article), l’équipe fondée par Jackie et Paul Stewart. Nouveau partenaire privilégié du constructeur américain, la petite structure fit quelques coups d’éclat dès sa première saison en 1997.
Une des évolutions de ce bloc, le CR-1, affichait un poids réduit, et il permit à Ford et Cosworth de remporter une nouvelle course, le Grand Prix d’Europe 1999, avec Stewart. Un succès qui décida les patrons de la firme à se lancer en Formule 1 en rachetant l’écurie écossaise pour en faire Jaguar Racing.
La déception de l’engagement de Jaguar
Malheureusement, l’aventure tourna au fiasco, car cet engagement se fit en dépit de tout bon sens. Les moyens déployés par Ford se tournèrent essentiellement vers le marketing, et non vers une gestion logique de l’équipe qui, l’année précédente, était pourtant une des plus grandes forces du plateau derrière les équipes de pointe.
Ford voulait que Jaguar gagne en popularité et c’est donc la firme anglaise qui montra ses couleurs en F1. Pour trouver la bonne teinte, Ford acheta une F3000 et fit plus de dix séances de tests de couleur pour trouver un vert qui soit à la fois photogénique et perceptible en vidéo.
Une débauche de moyens qui se vit aussi par la communication autour du projet, et des grands noms embauchés pour représenter la marque, comme l’ex-pilote Ferrari Eddie Irvine. Paul Stewart en garda la tête initialement, avant d’être remplacé par Bobby Rahal puis Niki Lauda.
Mais ces grands noms n’eurent aucun effet positif puisque l’équipe n’avait aucun leadership réel. Malgré quelques performances fulgurantes en course (deux podiums pour Eddie Irvine) et en qualifications (4 top 3 pour Mark Webber), l’équipe ne fit pas mieux que septième au classement des constructeurs.
Neuvième en 2000, huitième en 2001, elle enchaîna trois septièmes positions entre 2002 et 2004, ce qui mena Ford à abandonner le projet en novembre 2004. D’autant qu’en parallèle, Jordan avait réussi à gagner une course en 2003 avec le même bloc propulseur.
Pour la photo de fin d’année 2004, Jaguar Racing s’afficha avec un panneau "à vendre", ce qui attira l’œil de Dietrich Mateschitz. Quelques semaines plus tard, l’affaire était entendue et l’équipe devint Red Bull Racing.