De 2011 à 2013, la F1 s’est rendue en Inde dans l’objectif de conquérir ce marché forcément porteur à l’avenir – c’est même sur le circuit de Buddh (photo) que Sebastian Vettel remporta son 4e et dernier titre, en 2013.
Cependant, le Grand Prix a rapidement disparu de la circulation (notamment pour des conflits liés aux taxes).
En 2015, Narain Karthikeyan, l’ancien pilote indien de HRT aujourd’hui consultant, estimait que la F1 ne reviendrait « jamais » en Inde. « Les promoteurs de la F1 n’ont de toute façon pas l’air très intéressés. Le gouvernement doit montrer de l’intérêt à l’égard de la F1, autrement rien ne sera possible. » déclarait-il alors (voir notre article).
A l’heure où la F1 entend conquérir de nouveaux marchés, la question d’un retour en Inde doit cependant et forcément se poser aujourd’hui.
Cependant contre toute attente, c’est Mohammed Ben Sulayem, le président de la FIA, et non Stefano Domenicali, le président de la FOM, qui semble le plus en pointe sur le sujet.
C’est ainsi que Mohammed Ben Sulayem était dans le public au premier E-Prix à Hyderabad (4e manche de la saison 2022-2023 de Formule E). Dans une agglomération de tout de même 10 millions d’habitants…
Mohammed Ben Sulayem a donc assisté à la victoire de Jean-Eric Vergne depuis les tribunes mais surtout, concernant la F1, s’est exprimé, dans la presse indienne, sur un possible retour de l’Inde au calendrier. Qu’en a-t-il dit alors ?
« Dans mon manifeste, j’avais mentionné l’importance de l’Inde. Non pas parce que je suis ici, non pas parce que je suis le président de la FIA... »
« Mais parce que l’Inde et la Chine ont toutes deux des grands constructeurs automobiles, les deux ont les chiffres qu’il faut [sic]. Nous n’avons pas encore gratté la surface. Je le pense vraiment quand je dis cela. Nous parlons de 2,8 milliards de personnes dans ces deux pays et nous avons moins de 8000 licences de sport auto. »
Mohammed Ben Sulayem a cependant conscience qu’un retour en Inde ne sera pas chose facile dans l’immédiat.
« Nous devons nous développer, mais comment le faire ? Il n’y a pas de taille unique qui convienne à tous. L’Inde est différente, nous devons donc écouter les gens ici. Nous devons donner du pouvoir à l’ASN [Autorité sportive nationale] pour nous assurer de faire ce qu’il faut. »
La question est aussi de savoir sur quel circuit un retour serait possible. Forcément, le Buddh International Circuit, où a roulé la F1 entre 2011 et 2013 est en pole position. D’autant plus que le circuit connait toujours une bonne activité, avec une épreuve de MotoGP qui aura lieu fin septembre (le premier en Inde).
L’hypothèse de faire rouler la F1 à Hyderabad n’est pas non plus exclue. Mais ce n’est pas l’essentiel pour Mohammed Ben Sulayem : l’essentiel, c’est de croître dans le pays-continent !
« Ce sont des circuits dont nous pensons qu’ils aideront à construire une culture du sport automobile, qu’ils rendront ce sport plus attrayant, et plus qu’attrayant, qu’ils le rendront abordable. »
« J’insiste pour qu’il y ait plus d’événements en Inde et pour que les véhicules [des séries de la FIA] soient abordables, ce que nous avons déjà traité lors de l’assemblée générale de la FIA. Nous avons une nouvelle identité pour le karting et les voitures de cross. »
« L’opportunité est là et je dois briser ces barrières pour que cela se produise. La FIA est pour tous les membres. »
La FIA ne veut plus d’un ‘one-shot’ en Inde
Mais si la F1 doit revenir en Inde, Mohammed Ben Sulayem veut que ce soit pour durer, cette fois-ci.
« Nous voulons rester et laisser une trace. Cela fait longtemps [que l’Inde n’a pas accueilli d’événement international], mais c’est quelque chose dont nous nous réjouissons. »
« Nous ne voulons pas que les événements viennent et repartent, mais nous voulons qu’ils viennent, restent et laissent une trace. »
« C’est pourquoi il est très important de planifier dans le sport automobile, car il ne faut pas que les investissements consacrés à la course soient gaspillés. L’infrastructure doit être utilisée par les Indiens. »
« Vous avez eu la Formule 1, vous avez eu des pilotes indiens de F1 - deux au total - et maintenant [la Formule E]. Mais qu’est-ce que cela montre ? Cela montre que l’autre défi est de maintenir la F1 en Inde. »
Quand la FIA fait le job de la FOM ?
De telles déclarations de Mohammed Ben Sulayem sont tout de même étonnantes et risquent de relancer les tensions avec la FOM.
Car normalement, la gestion du calendrier, l’expansion dans de nouveaux pays, les relations avec les promoteurs, relèvent des compétences de la FOM et de Stefano Domenicali, non de la FIA et de Mohammed Ben Sulayem. Celui-ci était censé aussi se mettre plus en retrait des affaires courantes de la F1 : reste à savoir si cependant cette interview dans la presse indienne n’a pas été réalisée il y a des semaines... !