La course au Qatar continue de faire réagir, voire rugir, le paddock F1. Les conditions chaudes, extrêmes, ont testé les limites physiques des pilotes.
Très en colère (voir notre article) contre les anciens pilotes qui critiquaient le peu de résistance des pilotes actuels, George Russell, par ailleurs président du GPDA, a pointé notamment un problème : la chaleur extrême générée par les systèmes électroniques dans le cockpit.
« Tout le monde peut dire ce qu’il veut, mais les F1 des années 90 et 80 n’avaient pas tous les boîtiers électriques autour du cockpit, chauffant le cockpit, et elles n’avaient pas de système de direction assistée qui fonctionnait avec 50 - 60 degrés de chaleur rayonnante » a lancé ainsi le pilote Mercedes.
Que peut donc faire la F1 pour répondre à ce problème de chaleur extrême, pour éviter qu’il ne se reproduise ? Notamment sur les cockpits ? Devrait-on réduire l’électronique, trouver au moins des solutions pour réduire les émissions de chaleur ?
Mike Krack, le patron d’Aston Martin F1, a été le premier interrogé sur ces sujets à Austin.
« Le sujet est le sujet de la semaine. Je pense que la GPDA et la FIA sont en train d’échanger et nous devons voir ce qui se passera dans les semaines à venir. Il est vrai que dans d’autres catégories, vous avez des dispositifs différents. En IndyCar, vous avez un refroidissement du casque et des autres types de refroidissement actif, ce que nous n’avons pas. »
« Il s’agit donc d’un sujet sur lequel nous devrons nous asseoir dans les semaines à venir avec toutes les parties concernées, pour parvenir à une bonne conclusion. Je pense qu’il n’est dans l’intérêt de personne de continuer ainsi. Les pilotes doivent être plus à l’aise si nous voulons qu’ils extraient tout de la voiture ; et nous devrions travailler ensemble pour y parvenir. »
Zak Brown est d’accord avec Mike Krack : il faut que la F1 trouve une solution après ce qu’il s’est passé à Loisail.
« Oui, les équipes et les pilotes auront une grande capacité à avoir des points de vue différents sur différents sujets, mais je pense que lorsqu’il s’agit de sécurité, tout le monde est aligné - et donc vous aurez toutes les personnes intelligentes dans la pièce ensemble pour trouver une solution. Tout le monde reconnaît que ce n’était pas une bonne situation, donc nous ferons travailler toutes les bonnes personnes ensemble pour trouver la meilleure solution - et je suis très confiant que cela se produira. »
Toto Wolff est lui aussi d’accord pour modifier le règlement technique autour du cockpit, mais est conscient aussi des limites et des contraintes à respecter avant toute modification en profondeur du règlement.
« Oui, je suis d’accord avec ce qui a été dit. Pour moi, c’est la situation la plus extrême que j’ai vue jusqu’à présent en termes d’absorption de chaleur. Et il y a quelques irréductibles hardcore qui diraient "eh bien, voici pourquoi il faut beaucoup travailler" et dans une certaine mesure, c’est vrai. Il faut être capable de s’entraîner pour ces situations extrêmes, mais cette fois-ci, c’était peut-être un peu trop. Et la plupart des pilotes ont dit à l’unanimité que nous ne pouvions pas faire ça. »
« Et nous pouvons trouver une solution avec la FIA et les pilotes pour refroidir un peu plus le cockpit… sans percer de gros trous dans les cockpits ! Cela soulèverait à nouveau la question de savoir ce qu’il faut changer et comment cela affecte le règlement technique. Je pense que ce n’est pas quelque chose que nous voulons ouvrir, mais dans tous les cas, il faut respecter la position du pilote et ce n’était pas agréable à regarder. »
Steiner appelle la F1 à ne pas se précipiter
Comme solution pratique, Günther Steiner, plus pragmatique, évoque lui un déplacement du Qatar à plus tard dans l’année. Ce qui sera d’ailleurs fait l’an prochain. Contrairement à ses homologues, il estime qu’il ne faut pas que la F1 surréagisse à cet épisode thermique.
« Je suis d’accord avec tout ce qui a été dit et pour prendre le bon côté des choses, il n’est pas prévu, l’année prochaine, d’avoir le Qatar à cette période. Le risque que nous ayons une situation similaire est assez faible. Et maintenant que nous le savons, nous ne devrions pas réagir de manière excessive pour trouver des solutions techniques ; Toto parle de faire de grands trous dans le cockpit ou d’installer de grands dispositifs dans la voiture… pour une situation qui s’est produite une fois en 100 ans ici. »
« Alors vous savez, nous devons rester terre à terre et voir s’il y a un risque ou non, ou si nous pouvons éviter cette situation en ajustant le calendrier, ce qui est, je pense, la façon la plus simple de le faire. »