C’est un vrai casse-tête pour les écuries de pointe (Ferrari, Mercedes, Red Bull), une bénédiction pour les autres : cette année les budgets plafonnés sont rendus plus stricts encore, avec un plafond à 140 millions de dollars (135 l’an prochain). Le but est bien sûr de resserrer la compétition pour favoriser le spectacle et l’équité sur la grille.
Nico Hülkenberg, qui a toujours évolué dans des équipes de milieu de grille, peut être déçu : il regardera cette nouvelle F1 sur le banc de touche d’Aston Martin F1. Mais il salue bien sûr cette initiative.
« Au cours des dix dernières années, les courses de Formule 1 ont souvent été caractérisées par l’ennui et des résultats prévisibles pour les téléspectateurs. Les grandes équipes ont dépensé des sommes toujours plus importantes pour faire avancer le processus de développement à grande échelle. Les petites équipes n’ont pas été en mesure de suivre le rythme, d’où l’apparition logique d’une grande différence de performances. »
« Pour contrer ce phénomène, un plafond budgétaire a été élaboré au cours d’un vaste processus qui est en vigueur depuis 2021 et limite les coûts de chaque équipe à 145 millions de dollars. L’objectif était d’avoir une plus grande égalité des chances pour tous et donc une compétition plus serrée, plus de batailles et, bien sûr, plus de divertissement. Il sera intéressant de voir à quel point les équipes seront proches les unes des autres à partir de cette année. »
Les budgets plafonnés ont une autre influence que salue Nico Hülkenberg sur son LinkedIn : les équipes sont désormais bien plus rentables. La F1 n’est plus un puits sans fond !
« Le plafonnement du budget a également une influence décisive sur l’aspect commercial de la Formule 1. Dans le passé, il était presque impensable et pas vraiment pertinent qu’une équipe soit rentable. Les marques et les constructeurs considéraient volontiers le budget comme une "dépense de marketing". Avec la mise en place du plafond, il y a maintenant une chance réaliste pour certaines équipes d’opérer de manière "saine" et rentable, ce qui sera très intéressant pour les investisseurs et les partenaires. Il est important d’ajouter que toute nouvelle équipe doit payer une sorte de droit d’entrée de 200 millions de dollars. Un fait qui aura certainement un effet très positif sur la valeur des dix équipes actuelles. »
La F1 et l’écologie : un bon point pour Nico Hülkenberg
Des marges de manœuvres pourront être aussi déployées vers les investissements notamment vers l’unité de puissance (non comprise dans les budgets plafonnés), afin de rendre la F1 plus verte.
Sur les efforts de Liberty Media pour rendre le sport plus vert, Nico Hülkenberg note d’abord qu’il s’agit tant d’un impératif industriel, que d’une exigence du grand public.
« La Formule 1 et ses décideurs savent pertinemment qu’ils ne rendent pas le monde plus propre. Cependant, ils ont compris qu’ils devaient s’adapter à l’époque actuelle et travaillent évidemment à une série de courses aussi durables que possible. Pour les fans potentiels, la question de la durabilité et de l’environnement joue un rôle de plus en plus important, et les sponsors potentiels accordent également une plus grande attention à ce facteur lorsqu’ils s’engagent. »
« L’une des nombreuses mesures prévues est l’introduction, à partir de la saison 2026, d’unités de puissance qui n’utiliseront pas d’essence conventionnelle mais du carburant synthétique. En attendant, le biocarburant E10 est de plus en plus utilisé. En outre, la partie électrique des unités devient de plus en plus efficace au fil des ans. »
Les promoteurs de Grands Prix s’y mettent aussi et Nico Hülkenberg met en avant un exemple de bonne pratique qui fera plaisir à Max Verstappen...
« L’année dernière, les organisateurs du Grand Prix de Zandvoort ont bien montré l’exemple. Le week-end de la course, les spectateurs n’étaient tout simplement pas autorisés à se déplacer en voiture et arrivaient sur le circuit à vélo ou en train. »
In fine la F1 permet ainsi de contrer la concurrence de la Formule E qui apparaît en plein déclin...
« En somme, ce n’est certainement pas une coïncidence si un constructeur comme Mercedes se retire de la Formule E, censée être durable, pour se concentrer pleinement sur la F1, et si Volkswagen, avec ses marques sportives Audi et Porsche, étudie également de manière intensive une participation à partir de 2026. »
Mais ne peut-on pas regretter tout de même le bruit des anciens moteurs atmosphériques ?
« Pour nous, pilotes, les V10 ou V8 hurlants d’hier étaient juste un peu plus excitants et le son était tout simplement légendaire - mais je suis sûr que les décideurs ont tiré les bons leviers en termes de durabilité et continueront à le faire sans nuire à la valeur de divertissement de la série de courses. »