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La F1 est-elle devenue ‘trop politique’ aujourd’hui ?

Blash compare la F1 des années 60 à celle d’aujourd’hui

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Herbie Blash a traversé les décennies en F1 : d’abord comme mécanicien auprès de Colin Chapman chez Lotus, puis en tant que team manager chez Brabham, aux côtes de Bernie Ecclestone ; et enfin, comme directeur de course de la FIA jusqu’en 2016.

En 2022, Blash est cependant sorti de sa retraite pour guider Niels Wittich (l’actuel directeur de course de la FIA). Il est aujourd’hui conseiller principal permanent de la direction de course.

Pour le podcast "Beyond the Grid", Blash s’est longuement livré sur sa (très riche) carrière en F1 et dans le sport automobile. En commençant par le début : qu’est-ce qui peut expliquer son exceptionnelle longévité dans le sport (plus de 50 ans désormais), dans l’univers pourtant éreintant et cruel de la F1 ?

« C’est une pure passion. Quand je regarde en arrière et que je me demande pourquoi je me suis intéressé à la course automobile, je me souviens que lorsque j’étais à l’école primaire, à l’âge de huit ans, nous avions ces films une fois par trimestre. Et il s’agissait de vieux films montrant Tazio Nuvolari, etc. J’étais très excité et j’ai commencé à lire sur le sujet, et c’est là qu’est née ma passion. »

Mais Blash a-t-il toujours été passionné par la mécanique, l’ingénierie, les coulisses, ou bien voulait-il plutôt piloter les bolides qu’il admirait ?

« Non, évidemment je voulais être pilote. Je me souviens aussi qu’il y avait une petite entreprise de fabrication de karts basée à Leatherhead. J’avais l’habitude d’y aller et de regarder par-dessus la clôture, la bouche grande ouverte, en espérant qu’un jour je pourrais m’asseoir dans un kart et j’ai eu cette opportunité, je pense quand j’avais une dizaine d’années. »

« Je voulais être pilote, mais je n’en ai malheureusement jamais eu les moyens financiers. Pour être honnête, je sais que je n’aurais pas été assez bon. J’ai essayé, mais sans succès. »

Les premiers souvenirs de Blash avec la F1 remontent aux années 60 et à l’ère Chapman-Lotus. Mais un pilote, Jim Clark, allait surtout être celui qui ferait scintiller les yeux de Blash.

« Évidemment, je n’étais pas chez Lotus à l’époque où Jimmy (Clark) pilotait, mais je me souviens d’être allé avec Rob Walker [et l’équipe privée Rob Walker Racing Team) à certaines courses, en particulier les courses britanniques, et d’avoir vu Jim Clark et la Lotus Cortina, par exemple. Et pour moi, il est toujours mon héros. Après l’avoir vu, rien ne m’arrêterait vers la F1. »

« Le fait que Jim ait dans autant formules différentes, ce qui impliquait l’utilisation de pneus différents, de réglages différents… Prenez la Formule 1, la Formule 2, les voitures de sport, la NASCAR, ce type a gagné partout. Quand j’étais chez Lotus [années 70], les gens parlaient encore de Jim Clark [après son décès en 1968]. Tout tournait autour de Jim Clark. Lotus était comme un rêve devenu réalité pour moi. »

Une F1 trop politique aujourd’hui ?

Blash est donc un de ces rares monuments de la F1, qui a connu l’ère pré-Bernie Ecclestone, celle où la F1 n’était pas la réussite commerciale d’aujourd’hui.

Entre la F1 de 2023 et la F1 des années 60 et 70, vers où irait la préférence de Blash ?

« Je suis toujours de très près la F1. Même si je ne vais pas à toutes les courses, je suis toutes les séances, toutes les qualifications, je lis des articles tous les jours. »

« Mais le bon vieux temps était beaucoup plus amusant. La politique n’existait pas en tant que telle. Les équipes étaient très petites. Tout le monde se connaissait et c’était vraiment une famille. »

« Dans les années 1970, par exemple, toute l’équipe, toute la Formule 1, y compris les pilotes, se retrouvait dans le même avion. C’était donc très petit. Aujourd’hui, deux équipes équivalent peut-être à ce qu’était le paddock de la Formule 1 à l’époque. »

Comment Blash juge-t-il aussi le bilan et l’action de Liberty Media ? Les Américains sont allés encore plus fort que Bernie Ecclestone, en faisant entrer la F1 dans une nouvelle ère : celle des réseaux sociaux, de Netflix, des USA...

« Il ne faut pas oublier qu’à l’époque de Bernie, nous n’avions pas les médias sociaux, qui ont évidemment beaucoup changé la situation. »

« Stefano [Domenicali], je le connais depuis qu’il avait 14 ou 15 ans, lorsqu’il était mon gardien de parking à Imola. Cela montre à quel point Stefano est passionné, il a été impliqué depuis son adolescence jusqu’à la position qu’il occupe actuellement, il fait du bon travail et cela montre que Liberty est l’avenir. »

La F1, un sport désormais très sûr

La F1 a fait de grands progrès sur le plan commercial certes, mais aussi sur le plan de la sécurité. Blash, qui a connu par exemple la perte de Rindt chez Lotus, se félicite de l’excellence sécuritaire atteinte aujourd’hui en F1.

« Je connais pas mal de pilotes de motos et je suis les course sprint sur l’île de Man. L’année dernière, il y a eu six accidents mortels et il y a un pilote actuel, Michael Dunlop, dont l’oncle, le père et le frère ont malheureusement tous perdu la vie, et il court toujours. »

« Vous l’écoutez parler, il dit ne rien craindre. ‘Si cela arrive, cela arrive. Je vais mourir en faisant ce que j’aime’. La Formule 1, heureusement, c’est un sport très, très, très sûr et j’espère qu’il n’y aura plus jamais d’accident mortel. »

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