Le projet de Super League en football a déclenché une vive controverse, et provoqué une rupture entre les clubs concernés et leurs supporters. Même s’il restera sans doute mort-né, ce projet est intéressant en ce qu’il révèle les évolutions du sport – autant de tentations qui ne sont pas nées avec le projet d’Agnelli et de Pérez, les présidents de la Juventus de Turin et du Real Madrid, et qui ne disparaîtront pas de sitôt en football comme ailleurs.
En clair, il s’agirait de maximiser les profits des grandes structures, en créant des ligues d’élite, fermées, qui garantiraient un maximum de revenus télévisuels, tout en évitant de les partager aux « petits » clubs.
Si on appliquait ce projet en F1, cela signifierait que Ferrari, Mercedes, Red Bull par exemple, créeraient ensemble une « Super F1 » pour se partager les revenus de la FOM. En 2009, le projet de la Formula One Teams’ Association (FOTA) y ressemblait d’ailleurs fort !
Mais à l’époque les équipes affichaient surtout leur volonté de contrôler les coûts. Un problème aujourd’hui sous contrôle avec l’introduction des budgets plafonnés.
C’est ce qui rend aujourd’hui Stefano Domenicali, le patron de la FOM, confiant : la F1 n’aura pas à craindre l’apparition d’une série concurrente… comme il l’a confié pour un entretien à la chaîne italienne Sky TG24.
« En Formule 1, nous avons déjà connu deux fois une situation où il y avait un risque de fracture, pour essayer d’avoir un autre championnat qui rapporterait plus de résultats et de revenus. »
« La Formule 1 commence maintenant avec l’approche inverse [vouloir rassembler plutôt que de risquer de diviser]. Nous essayons de contrôler les coûts. Ce n’est pas une coïncidence si cette année est la première année du plafonnement du budget, qui donne une autre dimension de viabilité financière aux équipes. »
« Le monde du football, si je puis dire, doit s’attaquer à cette même question et de manière assez rapide. Il est important d’équilibrer les différents intérêts. »
Si la F1 pouvait être attaquée, ne serait-ce pas aussi pour sa manière de refuser l’introduction de l’électrique dans la discipline, pour privilégier l’hybride ? Honda a déjà quitté le sport pour se concentrer sur l’électrique. Mais là encore Stefano Domenicali reste sûr de la direction prise.
« Nous serons une formule hybride. Nous aurons des carburants éco-durables. Il y a déjà beaucoup d’activités de ce type qui traversent la société, et cela donne à la F1 l’opportunité d’être un protagoniste important dans ces nouvelles initiatives. »
L’autre grand projet de Stefano Domenicali à la tête de FOM est de tout faire pour favoriser la diversification du sport. Verrons-nous ainsi bientôt une femme en F1 ? Les efforts du sport sont-ils suffisants en la matière ?
« La Formule 1 est l’une de ces plateformes sportives qui donne aux hommes et aux femmes la possibilité de courir dans le même championnat. Il n’y a aucun élément qui bloque la participation des femmes. »
« Le monde de l’automobile est principalement masculin, mais je constate qu’il y a aussi le désir de la part du monde féminin d’être un protagoniste. »
« À court terme, avoir une femme pilote titulaire en F1, je pense que c’est difficile, car pour devenir pilote de F1, il faut passer par un important processus de développement. Du point de vue de la diversité, qui est l’une des valeurs sur lesquelles la Formule 1 travaille, ce serait vraiment très bien. »