La F2 est-elle encore la meilleure école pour la F1 ? On pourrait presqu’en douter puisque les résultats, cette année, d’Ollie Bearman ou d’Andrea Kimi Antonelli ont moins compté que leur potentiel aperçu en essais privés par exemple.
Les performances des équipes sont aussi très disparates et inégales : par exemple l’équipe Prema, celle de Bearman et d’Antonelli justement, est curieusement perdue cette année. Et c’est sans compter les multiples problèmes de fiabilité...
La F2 prépare-t-elle donc bien à la F1 ? Bearman, qui sera titulaire chez Haas F1 en remplacement de Kevin Magnussen, ce week-end à Bakou, est un des mieux placés pour y répondre…
« C’est la catégorie la plus proche de la F1, mais je pense que rien ne peut vraiment vous préparer à la F1. L’investissement et le temps consacrés à la production d’une F1, qui est développée tout au long de l’année et optimisée par un grand nombre de personnes, est vraiment différent du pilotage d’une F2. Donc bien que la F2 soit la plus proche possible de la F1, il y a toujours un grand pas à franchir une fois que l’on arrive en F1. »
Quel est le plus grand écart en termes de pilotage notamment ?
« Pour moi, c’est simplement le niveau d’appui aérodynamique de la F1. Une F1 vous permet de faire beaucoup plus de choses. La façon de conduire la voiture est un peu différente. Je l’assimilerais davantage à la F3. Le style de pilotage en F3 est très similaire à celui de la F1. Et oui, vous pouvez jouer avec les limites un peu plus en F1. C’est plus une question de confiance, que vous obteniez le temps au tour ou non. Ce n’est pas seulement une question de connaître suffisamment la voiture, c’est une question de savoir si vous êtes. »
Colapinto estime qu’une F2 est encore loin d’une F1…
Franco Colapinto sera aussi titulaire ce week-end, dans la Williams F1, et lui aussi a pu goûter aux joies de la F2 cette année. Alors, est-ce un bon championnat pour se préparer au grand bain ?
« Oui, je pense que c’est le championnat qui se rapproche le plus de la Formule 1, mais rien n’est vraiment comparable. Tout d’un coup, lorsque j’ai effectué mon premier test, j’ai ouvert une pièce et il y avait 30 ingénieurs. Il y en avait un qui vérifiait l’aileron, un autre qui vérifiait l’embrayage. Un pour chaque petite chose. C’est un niveau d’investissement et de technologie complètement différent. Il faut s’y habituer. »
« Et je pense que c’est ce que les académies comme Williams, ou d’autres peut-être, mais surtout Williams, font si bien pour nous préparer en tant que pilotes. Ils investissent beaucoup de temps dans notre préparation. Cela s’est vu lorsque j’ai pris place dans la voiture et que j’ai été performant tout de suite, sans avoir fait un kilomètre. »
« Une Formule 2 est très agréable à conduire, mais je pense qu’elle est encore loin de la F1. En F1, tout est maximisé. Tout est au mieux. Vous conduisez la voiture et vous n’avez aucun problème. En F2, vous allez voir l’ingénieur, vous pouvez vous plaindre de chaque partie du virage si vous le souhaitez. Mais c’est pour cela qu’ils ont tant de travail à faire. En F1, tout est proche de la perfection. Ils ont beaucoup d’outils pour maximiser la voiture que vous avez, et c’est juste une voiture incroyable à conduire. C’est la plus rapide du monde et c’est quelque chose que vous n’avez jamais connu auparavant. »
Guanyu Zhou est également passé par la F2, quoiqu’avec l’ancienne génération de voitures.
« Sur l’ancienne spécification, en fait, ce n’était pas une différence massive à basse vitesse » confie le pilote Stake.
« Oui, la F2 par rapport à la F1, c’est un monde complètement différent, parce qu’évidemment vous communiquez avec deux des ingénieurs seulement en F2, et ils vous aident pour tout, les départs, les réglages d’équilibre, et il y a tellement de limites… seulement certaines choses que vous pouvez faire. »
« Mais en F1, vous pouvez changer chaque pièce de la voiture et essayer d’en tirer profit. Je pense donc que c’est un grand pas en avant par rapport à la F2. »
Guanyu Zhou aurait-il d’ailleurs des conseils à donner à Oliver Bearman ou Franco Colapinto, même s’il est en réalité très peu performant cette année ?
« Honnêtement, il faut juste profiter du week-end. Il faut juste profiter de toutes les courses, comme je l’ai fait lors de ma première saison. Les circonstances sont différentes, mais je pense que tous les pilotes, surtout en F2, veulent vraiment saisir cette chance et c’est la plateforme parfaite pour eux de briller et d’avoir un bel avenir. Alors, oui, je leur souhaite le meilleur, mais sans aller trop vite et en restant derrière moi ! »