La FIA n’a pas pris beaucoup de temps à réagir à sa récente modification du Code Sportif International, introduite quelque peu en catimini (et durant la trêve des confiseurs).
Cette modification avait un but : interdire les prises de position politiques de la part des pilotes de F1, comme l’ont fait Sebastian Vettel ou Lewis Hamilton à de multiples reprises depuis 2020 (nous l’évoquions plus en longueur ici).
Mais pour la FIA, cette modification serait presque une affaire procédurale : tenant à relativiser la portée de ce changement, la Fédération, via un porte-parole, a expliqué qu’elle se bornait à adapter ses directives à celles du Comité Olympique International (qui a, en 2013, reconnu la FIA).
« Le Code Sportif International a été mis à jour pour s’aligner sur la neutralité politique du sport en tant que principe éthique fondamental et universel du Mouvement olympique, consacré par le Code d’éthique du Comité international olympique (CIO), ainsi que sur le principe d’universalité énoncé à l’article 1.2. »
« [Le CIO] requiert le respect du principe d’universalité et de neutralité politique du Mouvement olympique. »
Notons aussi que la règle 50.2 de la charte olympique, n’autorise « aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». Son texte d’application relative à la participation aux Jeux, stipule pour sa part que « sauf autorisation de la commission exécutive du CIO, aucun concurrent, entraîneur ou officiel qui participe aux Jeux olympiques ne peut permettre que sa personne, son nom, sa photo ou ses performances sportives soient utilisés à des fins publicitaires pendant les Jeux. »
Ces textes n’avaient pas empêché par exemple le CIO de créer la première équipe olympique de réfugiés pour les JO de Rio, en 2016 : s’agissait-il là d’une prise de position politique ou simplement du respect des droits humains ? Les frontières entre les deux sont parfois floues...
En tout état de cause, il semble bien que la FIA se réfugie derrière l’argument olympique – sans véritablement assumer la portée du changement appliqué au Code Sportif International.
Reste à savoir comment concilier cet impératif de respecter la Charte Olympique, avec les statuts de la FIA eux-mêmes.
Ceux-ci soulignent que la Fédération « doit promouvoir la protection des droits de l’homme et de la dignité humaine, et s’abstenir de manifester toute discrimination fondée sur la race, la couleur de peau, le sexe, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique ou sociale, la langue, la religion, les opinions philosophiques ou politiques, la situation familiale ou le handicap dans le cadre de ses activités et de prendre toute mesure à cet égard. »
Un pilote pourrait ainsi toujours lancer une action pour les droits humains, en assurant respecter les statuts de la FIA… Mais changer ce paragraphe dans les statuts de la Fédération serait forcément un geste symbolique fort malvenu !