La FIA a-t-elle assez de moyens humains, financiers et techniques pour contrôler l’application du règlement financier en F1 ?
La question est légitime quand on connait l’extrême complexité des dossiers. Chaque équipe compte pour commencer un millier d’employés.
De plus la plupart, comme Red Bull, Aston Martin F1, McLaren ou Mercedes ont même des départements « technologies » annexes à la F1, mais il faut également contrôler que les dépenses induites dans ces départements ne sont pas des dépenses F1 masquées (ce sujet est d’ailleurs au centre de nombreuses inquiétudes).
Il faut aussi non seulement étudier les documents financiers des équipes (près de 200 pages pour chacune) mais encore aller sur place, contrôler sur pièces ce qu’il en est. Enfin au vu de la complexité des pièces de la F1, du nombre de fournisseurs, etc., on imagine le casse-tête absolu que cela représente !
Federico Lodi, Directeur du règlement financier pour les catégories monoplaces à la FIA (F1 et Formule E), est en charge de cette supervision pour l’institution sise Place de la Concorde à Paris.
On imagine que sous ses ordres, afin de superviser de tels labyrinthes financiers, Lodi aurait à sa disposition quelques dizaines au moins d’auditeurs.
Mais ce n’est pas le cas : il existe une claire disproportion de moyens entre les départements financiers des équipes et ceux de la FIA.
Car si Lodi promet que la FIA a renforcé ses ressources humaines récemment… il ne compterait que 10 employés à plein temps dédiés à cette tâche. Soit un par équipe. Est-ce assez ?
« Il est clair que les parties prenantes et les actionnaires [la FOM] ont intérêt à ce que les choses se fassent rapidement. En tant que FIA, nous comprenons ces exigences, c’est pourquoi nous avons renforcé le département, et nous avons maintenant 10 employés à temps plein qui travaillent sur la réglementation financière de la Formule 1. Il s’agit d’une augmentation significative par rapport à l’année dernière, où ils n’étaient que quatre. »
En avril dernier ainsi, Stefano Domenicali appelait la FIA à renforcer les moyens dévolus au contrôle des budgets plafonnés (voir notre article). On comprend peut-être désormais pourquoi…
Lodi semble conscient d’une disproportion des moyens entre FIA et équipes ; et d’ailleurs parfois les départements financiers des équipes ont d’autres chats à fouetter.
« Nous parlons d’organisations comptant 1000 employés, menant des activités d’ingénierie, des activités de fabrication, avec des branches commerciales et de course. C’est quelque chose de compliqué à mener. »
« Il est clair qu’il est difficile de s’engager sur un calendrier rigide, car de nombreuses variables doivent être prises en compte. Nous devons également tenir compte du fait que nous effectuons l’examen avec le soutien de l’équipe et que, bien entendu, le département financier de l’équipe est également occupé à gérer ses activités ; il peut également avoir un engagement de reporting envers ses actionnaires, par exemple. Ainsi, bien que nous devions travailler aussi rapidement que possible, le plus important pour nous est de ne pas compromettre la solidité du processus. »
La FIA a du mal à recruter plus d’auditeurs
4 ou 10 auditeurs à temps plein : cela semble très peu. Mais pourquoi donc la FIA ne recrute-t-elle pas plus ?
Lodi se heurte en réalité à un vrai problème de ressources humaines.
« C’est extrêmement compliqué. Tous les membres de notre service sont d’anciens auditeurs. Ce n’est pas un problème, le vivier d’auditeurs est assez large. Le défi consiste à trouver quelqu’un ayant une formation dans le sport, puis une formation en sport automobile et enfin une connaissance de la Formule 1, parce qu’elle est spécifique. »
« Nous avons eu du mal au début, nous avons donc décidé d’adopter une autre approche et nous les formons en interne aux spécificités de la F1. »